Pyeongchang rafle la mise

La délégation coréenne explose de joie après l'annonce des résultats - -
Annecy et Munich ont vite compris qu’en perdant une bataille, ils avaient aussi perdu la guerre. Lorsque Jacques Rogge a annoncé peu avant 16h qu’une ville candidate avait été élue dès le premier tour, Français et Allemands ont affiché la mine des mauvais jours. On a vu le masque tomber sur le visage d’Edgar Grospiron, le président démissionnaire, revenu donner un coup de main en Afrique du Sud au dossier français. Les Européens devaient impérativement aller chercher le second tour pour espérer, par le biais des reports de voix, contrecarrer la razzia asiatique programmée. « Si on passe au second tour, ce sera déjà bien », déclarait la veille, Charles Beigbeder, patron d’Annecy 2018. Las. Malgré les présentations du matin qui avaient donné espoir aux Français, c’est la version des JO hors sols qui a prévalu. Pyeongchang s'est imposée avec 63 voix, devant Munich (25), et Annecy (7). « La neige, la glace, sans nous », pour détourner le slogan imaginé par Jean-Claude Killy.
Alpensia, l’usine olympique conçue pour l’occasion par Samsung, Korean Air, et Hyundai, a balayé les chalets haut-savoyards et les yodels bavarois. Le numéro de vocalise de Willy Rehm, un volontaire de la cause munichoise, sous les yeux bienveillants de Katarina Witt et de Franz Beckenbauer, n’aura rien fait. Pas plus que la présence rafraichissante du champion français des X Games, Kevin Rolland, distribuant « Thank you », « spasiba », et autres remerciements à la centaine de membres du CIO qui s’apprêtaient à prendre part au vote électronique. Décidément, l’Afrique du Sud, déjà terre d’humiliation lors du Mondial 2010, ne réussit pas aux Français. François Fillon sera venu en bon soldat, comme Lionel Jospin en son temps l’avait fait à Moscou pour assister à l’échec, déjà au premier tour, de Paris 2008. Nicolas Sarkozy, resté au chaud à Paris, s’est évité la débâcle de Durban.
Une candidature de Paris pour 2024 ?
Parlant de chiffres, la candidature coréenne, malheureuse en 2010 (Vancouver) et 2014 (Sotchi) a fait mentir l’adage « Jamais deux sans trois ». Les quelques 100 M€ consacrés à la candidature n’auront pas été vains. Pour la troisième fois après Sapporo (1972) et Nagano (1998), l’Asie accueille les Jeux d’hiver. « Si Pyeongchang est choisie, ce ne sera pas un choix sportif », annonçait il y a quelques semaines, la conseillère de l’Elysée Sophie Dion. Après Pékin en 2008, Sotchi en 2014, et le Qatar pour le Mondial 2022, l’heure est aux candidatures du Nouveau Monde, armées d’arguments sonnants et trébuchants, et de marchés prometteurs. Annecy (29 M€) et Munich (60 M€), et le Vieux Continent, peuvent pleurer leurs deniers. Pour l’Allemagne, orpheline des Jeux d’hiver depuis Garmisch en 1936, c’est un coup dur, voir une injustice. Pour la France, c’est un nouveau revers, attendu certes, mais le quatrième après Paris candidate pour 1992 (Barcelone), 2008 (Pékin), et 2012 (Londres), et Lille (non retenue par le CIO pour 2004 qui est revenu à Athènes). « C’est évident que la France restera dans la course pour l’olympisme », affirmait Chantal Jouanno, ces dernières heures à Durban. Paris 2024 ? Une réunion de travail est prévue le 12 juillet au CNOSF. A peine le temps de se remettre du coup reçu sur la tête à Durban.