Reau-Racinet, « phénix » de bronze

Delphine Reau-Racinet - -
Elle descend d’une marche et pourtant, cela ressemble à une belle ascension. Il y a 12 ans, Delphine Reau-Racinet, qui soufflera ses 39 bougies en septembre, était médaillée d’argent de la fosse olympique. Sydney, c’était le sommet, le premier de sa carrière. Pour atteindre le second, ce samedi à Londres, elle a dû descendre très bas et remonter. Médaillée de bronze, après un barrage à trois pour les deux dernières places sur le podium, la Française peut fêter sa « renaissance ». « Je compare toujours les athlètes de haut niveau à des phénix, explique-t-elle. On renait toujours de nos cendres. On a beau être au fond du trou, un jour ou l’autre, on se relève. »
Pour cette contrôleuse financière de profession, salariée de Bouygues Construction, l’après-Sydney a été difficile. Ecartée pour les Jeux d’Athènes en 2004, elle a vu Pékin quatre ans plus tard. Mais n’a pu faire mieux que 13e. « Athènes, ma non-sélection, ça a été un coup dur, confie Delphine Reau-Racinet. Ça a été très violent. Je ne comprenais pas. J’ai accusé le coup. Pékin, je ne l’ai pas forcément bien préparé. J’étais en train de me reconstruire, il faut du temps. Et je travaille en parallèle. » Au retour de Chine, le tir ne parait même plus devoir être sa préoccupation principale. A 34 ans, elle semble prête à tourner la page, à poser le fusil.
« Quasiment la plus vieille » et « myope »
« Je ne devais pas m’engager pour Londres, reconnait la 21e médaillée de l’équipe de France olympique. Après 2008, j’avais dit que j’arrêtais. Mais je suis une compétitrice. J’ai ça dans la peau. » Et elle ne regrettera pas d’avoir prolongé l’aventure. « C’est une belle victoire sur moi-même, une belle reconstruction qui prend fin, analyse la Melunaise. Je visais l’or, je l’avais dit. Mais je suis tombée sur plus forte que moi. Je n’ai aucun regret. Et je suis quasiment la plus vieille ! » L’Italienne Jessica Rossi (or) et la Slovaque Zuzana Stefecekov (argent) ont respectivement 18 et 10 ans de moins qu’elle. Et en leur faveur, certainement, la fougue de la jeunesse…
« Et puis, moi, je suis myope, ajoute la deuxième médaillée française en tir après Céline Goberville. Dès que la luminosité baisse, j’ai des difficultés à voir les plateaux, même si j’ai des verres correcteurs. » En play-off, qui allait décider de l’attribution de l’argent, du bronze et du chocolat, elle a écarté la menace de la Saint-Marinaise Alessandra Perilli. « Je n’avais pas plus de pression que ça, assure Delphine Reau-Racinet. C’est comme les tirs au but. C’est la mort subite. J’étais assez confiante, j’aime bien tirer en dernière. Et en général, je suis pas trop mal. » Douze ans après, elle a encore su viser juste.