Trampoline: de coéquipiers à rivaux, les trampolinistes français veulent leur place aux JO 2024

L’art du rebond, un exercice périlleux et obligatoire dans la carrière d’un athlète de haut niveau, fait inévitablement de hauts et de bas. Pour eux, c'en est même devenu leur pain quotidien. Les trampolinistes français sont à la fois terre-à-terre et tête en l’air, le tout en l’espace de quelques dixièmes de secondes. Ça plane pour eux. Et pour cause, l’équipe de France masculine de trampoline est devenue championne du monde par équipe en novembre dernier.
"La plus belle médaille de ma carrière pour le moment"
Julian Chartier, Allan Morante, Pierre Gouzou et Morgan Demiro O Domiro ont écrit la plus belle page de leur histoire un jour de novembre à Birmingham. Ce dernier savoure encore : “Un moment incroyable, la plus belle médaille de ma carrière pour le moment. L’émotion était très forte parce qu’on la partage avec tout le monde, alors qu’à la base le trampoline est un sport très individuel." Une réussite pour leur entraîneur et responsable de la préparation olympique, Guillaume Bourgeon : "On a eu le titre de vice-champion du monde l'année d'avant, c’était déjà extraordinaire. On ne croyait pas l’année d’après avoir ce titre-là." Julian Chartier abonde en ce sens : "Ce n'était même pas envisagé gamin, c’est bien plus qu'un rêve ! D’autant que nous l’avons fait lors des Championnats du Monde pré-olympiques, donc on est assuré de garder notre titre pendant au moins deux ans !"

Une seule place pour les JO
Un petit nuage duquel ils sont assez vite redescendus. Le trampoline par équipe n’est pas une discipline olympique, seule l’épreuve individuelle permet de participer aux Jeux olympiques de Paris. De ce fait, les coéquipiers deviennent en quelque sorte rivaux : "On est très amis, tempère Morgan Demiro O Domiro. Il n’y a pas vraiment de concurrence, c’est plus "que le meilleur gagne." C’est un sport où ça se joue au mérite. Il n’y a pas de méchanceté, on se tire tous vers le haut." Julian Chartier résume : “On souhaite bonne chance à tous nos coéquipiers. Maintenant c'est un combat avec nous même sur le trampoline.” La bataille fait actuellement rage et donnera son verdict au mois d’avril, après l’étape de Coupe du Monde en Allemagne à Cottbus (du 22 au 24 mars) et le Championnat d'Europe au Portugal à Guimaraes (du 3 au 7 avril).
Chez les femmes c’est décidé, chez les hommes c’est ouvert
Si chez les femmes, le strapontin semble promis à Léa Labrousse, chez les hommes le suspense est total. Présents dans le top 10 des qualifications olympiques, Pierre Gouzou (3e), Julian Chartier (5) et Allan Morante (6) ont une longueur d’avance dans cette course à la qualification, mais les prochaines performances seront déterminantes. "C'est plus qu'un objectif aujourd'hui, commente Julian Chartier. Je me lève le matin, je pense aux JO." Guillaume Bourgeon se réjouit de cette émulation en équipe de France : “Le circuit de Coupes du Monde comporte cinq phases, sur les quatre premières on a fait quatre finales avec trois garçons différents. La compétition durera jusqu’au mois d’avril quand on choisira le sélectionné olympique et son remplaçant." L’athlète le plus méritant gagnera le droit de représenter son pays cet été.
"Notre objectif est une médaille olympique"
Avec beaucoup d’appelés et peu d’élus, le responsable de la préparation olympique en est conscient : "Ça fera évidemment des malheureux, mais il n’est pas impossible pour eux de participer à Los Angeles dans quatre ans. Les garçons sont encore assez jeunes.” Et talentueux, puisque l’espoir de triompher à Bercy le 2 août prochain est bien présent. “Notre objectif est une médaille olympique, au moins une. Soit chez les garçons, soit chez les filles." Julian Chartier s’y voit déjà : "J'ai fait plusieurs compétitions internationales en France. Participer devant un public qu’on connaît, forcément ça a une saveur en plus. On a le soutien du public, on veut encore mieux représenter la France vu qu’on est chez nous… On est un peu chauvin et on profite de l’expérience à fond avec le public derrière nous." Verdict dans les prochaines semaines pour savoir qui aura ce privilège.