Vincent Jay, un gars en or

Le biathlète français est l'une des énormes sensations de ces JO. - -
La salle des fêtes de Saint-Martin-de-Belleville, petit village savoyard de 2500 habitants, va une nouvelle fois vibrer très fort ce soir (22 h, heure française) au moment où vont s’élancer les concurrents de la poursuite du biathlon 12,5 km. Vincent Jay, l’enfant du pays, étrenne son titre olympique du sprint 10 km. Et personne dans la vallée ne veut manquer l’événement.
Audrey Suchet, la présidente de son fan club a soigné tous les détails pour que la fête soit réussie. Même si elle est encore sous le coup de l’émotion de dimanche. « Franchement, je ne m’attendais pas à l’or, assène-t-elle. Le choc n’en a été que plus intense. Ici, il y a eu beaucoup de larmes car Vincent est avant tout quelqu’un de bien. »
Un gars simple, proche de la nature, qui adore sa région et la chasse. Son cousin germain, Benoît Hudry, y voit d’ailleurs ses prédispositions pour le tir. « La chasse lui permet de faire retomber la pression. Mais attention, pas question d’organiser des battues. Nous, on pratique de la vraie chasse de professionnel. » Son dernier trophée ? Un cerf de 170 kilos. « Ce jour-là, glisse Benoît, il m’a vraiment bluffé. On marchait depuis six heures et là, comme à son habitude, il a visé juste. »
Fier comme un paon, Pierrot Lecomte, son premier coach aux Ménuires, avait comme un pressentiment juste avant la course. « Je savais qu’il pouvait le faire. Tout jeune, il avait déjà ce toucher de neige exceptionnel que possèdent les grands champions. C’est évidemment une grande fierté pour moi. Je le considère comme mon fils spirituel. »
A deux doigts de tout plaquer
Pour le jeune militaire de 23 ans, ce triomphe olympique a un goût particulier. En 2008, après des résultats décevants et une 83ème place au classement mondial, Jay Z (son surnom en référence à un rappeur américain) pensait arrêter le biathlon. Simon Jay, son ami d’enfance, se souvient de la lever de bouclier de ses proches. « Ses parents, ses amis et même sa copine Marie-Laure (Brunet, espoir du biathlon féminin engagée à Vancouver, ndlr) ont tout fait pour l’empêcher de ranger définitivement ses spatules. Ça avait été d’ailleurs assez violent. On l’a vraiment ramené à la réalité. Durant sa course victorieuse, il a sûrement dû repenser à cette période difficile. »
Pierrot Lecomte, lui, n’est pas rassasié. « Il peut encore ramener deux médailles. La poursuite est dans ses cordes. Après, il faut connaître son état de fatigue. Mais, il a mes « fameux » pots. Je suis confiant. » Avant chaque course, Vincent Jay ingurgite une petite dose de miel préparé par l’entraîneur qui lui a fait découvrir le biathlon. Décidément, le Savoyard ne fait rien comme les autres.