RMC Sport

Championnats d'Europe de judo: "Avec les tripes", Gaba raconte la conquête de sa médaille de bronze

placeholder video
Joan-Benjamin Gaba a traversé cette journée d’enfer en s’accrochant de toute sa volonté à son rêve de médaille chez les moins de 73 kilos. Hormis le premier combat, il n’a disputé que de combats à rallonge dont un dernier acte de presque 10 minutes pour se parer de son deuxième bronze continental. Un vrai tour de force après sa médaille d’argent olympique.

Joan-Benjamin Gaba, vous avez fait presque trois journées en une ?
Ce n’était pas facile. Dès le premier tour ç’a été compliqué, j’ai eu des adversaires pas faciles. J’ai vite su que la journée allait être difficile. Il a fallu s’accrocher. Ça s’est joué dans la tête tout au long de la journée. Je n’avais pas forcément les sensations. C’est vraiment avec les tripes que je suis allé la chercher celle-là.

Vos combats ont duré plus de 32 minutes en cumulé !
La stat est assez folle. C’était franchement difficile avec ces golden scores qui durent. L’Azerbaïdjanais que je prends en quart de finale (Mammadaliyev), ça s’est joué à rien. J’ai dépensé beaucoup d’énergie sur ce combat et on me rappelle pour la finale de repêchage pas longtemps après. J’étais lessivé mais j’ai quand même réussi à aller chercher cette victoire. Cette médaille fait plaisir et elle me met sur une bonne lancée pour les Mondiaux en juin.

C’est peut-être votre plus grande performance du jour ce repêchage gagné en prolongation contre l’Italien Esposito après la défaite en quart de finale au bout de 10 minutes de combat !
Même moi quand je suis monté je me suis demandé comment j'allais faire. Je n’ai pas eu le temps de récupérer. Je voulais tenir jusqu’au golden score et essayer de le faire tomber. Il a réussi à me faire monter à deux shidos mais je savais qu’il allait faire ça, je n’ai pas paniqué.

En place de trois, vous retrouvez Lasha Shavdatuashvili qui vous a battu il y a un mois à Tbilissi. Et en plus l’arbitre vous annule une première action en golden score.
C’était un combat dur, pareil. Mais l’autre fois c’est moi qui ai craqué. Cette fois je me suis répété ‘tu ne perds pas’. Physiquement, j’ai vu qu’il baissait plus vite que moi. J’ai été patient. C’a été dur de voir mon yuko retiré. J’étais dégoûté. Je me suis vite remis dans le match. Malgré le yuko enlevé, il aurait pu avoir un second souffle. J’ai vu qu’il n’avait plus trop de jus. J’ai enfoncé le clou.

Vous êtes vice-champion olympique et cette médaille elle se gagne avec autant de sueur. Vos médailles de l’an passé ne changent rien ?
Exactement. Les adversaires ont plus envie de me battre. Ils mettent une intensité de dingue comme au 2e tour. C’était un jeune. J’ai vu dans son regard qu’il était très déterminé. J’ai vraiment dû m’accrocher tout au long de cette journée. Le fait que je sois vice-champion olympique ici, ça n’a pas d’importance. Il n’y avait que deux humains sur le tatami.

Vous visiez l’or mais vous obtenez le bronze. On voit que peu de médaillés olympiques arrivent à enchaîner un podium sur cet Euro.
C’est difficile pour beaucoup de gens qui ont fait médaille aux Jeux de reprendre. Je l’ai ressenti. J’ai fait ce qu’il fallait pour arriver en forme ici. Sur mon premier Grand Slam je n’étais pas en forme, sur le deuxième il y avait une amélioration. Aux Europe, je m’étais dit que je serai prêt. Je voulais l’or et je ne l’ai pas eu. Une olympiade dure quatre ans et j’aurai d’autres occasions pour l’obtenir.

Morgan Maury