Championnats d’Europe de judo: Ngayap-Hambou-Mathieu, le duel des 90 kilos à la loupe

Maxime-Gaël Ngayap-Hambou le 2 février 2025 à Paris - Sandra Ruhaut/Icon Sport
Le style de combat
Reconnaissable au premier coup d’œil. Maxime-Gaël Ngayap-Hambou c’est l’agression permanente avec ses bras à rallonge qui viennent envahir l’adversaire avant qu’il ne place ses grands fauchages extérieurs ou en tournant le dos. Depuis sa médaille olympique, il essaye de camoufler ses attaques. "On peut toujours être plus agressif décrypte-t-il. Il faut que je travaille mes techniques. Les adversaires m’ont regardé et depuis la reprise on travaille sur différentes pistes." Un peu plus petit et trapu, Alexis Mathieu est adepte des mouvements d’épaule de grande amplitude comme des fauchages. Une palette un peu plus large forgée grâce à ses parents dont sa mère Alice Dubois, ancienne championne d’Europe : "Ce qui m’a porté préjudice c’est de trop vouloir chercher le ippon, racontait-il après sa 2e place à Tbilissi. Là j’ai voulu prendre les opportunités quand elles se sont présentées. J’ai aussi voulu déclencher."

Mentalité
Ngayap-Hambou, comme son grand ami Joan-Benjamin Gaba, est issu de la génération Forces Spéciales, cette génération 2001-2002 appelée à un grand avenir. Il s’appuie sur un mantra, la "mentalité Tony", un pressing sans relâche, un art du combat où il est hors de question de laisser un pouce à son adversaire. Comme Gaba, il peut résister lors de matches à rallonge, toujours porté par cette soif de finir par venir à bout de son adversaire. Finir tôt un combat est aussi une qualité importante dans un championnat où les tours sont de plus en plus rapprochés dans le temps. "Les adversaires me voient avec un autre regard, je ne fais pas attention à ça. Je reste concentré sur mes objectifs. Je vois les mecs devant moi et je travaille pour aller les chercher" lance le judoka asniérois. Alexis Mathieu est du genre esthète mais il progresse sur cette gestion de combat. A Tbilissi, il a été capable de gérer un yuko ou un waza-ari d’avance. Le Néo-Calédonien a remarqué qu’il avait un coup de mou après les quarts de finale. Il a analysé cette faille et a ajouté une dose de travail cardio ainsi qu’un travail sur l’alimentation.

Les enjeux
"MG" débarque à Podgorica fort de sa médaille de bronze olympique. Mais il n’a pas encore été médaillé sur un autre grand championnat. Il n’est sorti qu’au tournoi de Paris où il a déclaré forfait après sa demi-finale, victime d’une commotion et d’une blessure à une épaule. Il est déjà pré-sélectionné pour les prochains championnats du monde. Une médaille serait l’occasion de gonfler un peu sa confiance et de surfer sur la vague olympique. Alexis Mathieu, son concurrent, avec qui la concurrence est saine, a terminé 7e des deux dernières éditions des championnats d’Europe. Il sort d’un bronze à Paris et d’un argent à Tbilissi. Il vient pour accrocher sa première médaille et transférer sa bonne forme des tournois dans un grand championnat. Il vise aussi une sélection aux Mondiaux. Tous les deux sont placés dans le même quart de tableau avec deux premiers tours à leur mesure. S’ils remportent leurs deux premiers défis, ils seront opposés en quart. L’un continuera son chemin vers l’or et l’autre sera renvoyé dans le tableau de repêchage.