Décosse : « J'ai toutes les cartes en main »

Lucie Décosse - -
Lucie Décosse, vous venez d'avoir 30 ans (le 6 août). Ça compte ?
Oui. A 30 ans, on a déjà une carrière derrière soi. Mais ça fait déjà quelques années que je me sens plus vieille.
Ces Mondiaux à Paris sont-ils différents des autres ?
Peu d’athlètes ont la chance de disputer un Mondial à domicile durant leur carrière. On a envie que ce soit une belle fête. J’ai envie que cela reste l’un de mes meilleurs souvenirs. C’est plutôt ça qui change et qui met la pression.
Vous êtes la meilleure au monde dans votre catégorie. Avez-vous peur de vous prendre les pieds dans le tatami ?
Je n’ai pas vraiment l’appréhension de rater. Je sais ce que c’est de gagner un Championnat du monde, comme je sais ce que c’est de perdre au deuxième tour. J’ai toutes les cartes en main. Je suis la numéro 1 de la catégorie. Je m’entraîne pour être la plus forte. Quand je monte sur le tapis, c’est pour essayer de gagner. J’ai fait des erreurs qui m’ont coûté des médailles et maintenant, je n’ai plus envie de laisser de médailles aux autres. Avec l’expérience, c’est plus facile de monter et de ne plus me poser de questions.
Plusieurs de vos plus grandes adversaires cherchent à détruire votre judo, c'est ça ?
Aujourd’hui, les filles qui me gênent sont celles qui ne font pas de judo et m’empêchent de développer le mien. Quand je les rencontre, j’ai tendance à péter un câble et à m’éparpiller un petit peu. Comme j’ai tendance à vouloir faire tomber, je peux me faire pénaliser si je n’y arrive pas. Après, quand j’ai des pénalités de retard j’ai du mal à remonter. Tous les jours je travaille en me disant que le judo ce n’est pas seulement faire tomber sur de belles techniques, c’est aussi gagner.
Avez-vous l'impression que les instances veulent vous voir perdre car vous êtes trop au-dessus du lot ?
Je ne pense pas qu’on en ait marre de moi. Je propose un judo assez construit et des choses intéressantes. Certains arbitres ont envie de donner leur chance à ceux qui sont moins forts. Quand les arbitres sentent sur une journée que je suis moins bien que d’habitude, ils me pénalisent et favorisent l’autre fille. C’est dur.
Pourquoi vous entraînez-vous avec des garçons ?
C’est surtout parce que parfois, les filles sont un peu moins fortes. Du coup, j’ai tendance à en faire moins, moi aussi. Je n’en donne pas assez. Avec les garçons, je tombe pas mal. Chuter de temps en temps, ça remet les idées au clair. Ca fait des années que je suis à l’Insep et avec le coach, on n’a pas envie de tomber dans la routine. Comme il ne me reste plus beaucoup d’années, il faut rester au top. Je suis presque tout là-haut, il reste encore une marche à gravir (l’or olympique, Ndlr). Je ne veux pas lâcher ça.