Décosse : « Tout était parfait »

Lucie Décosse - -
Lucie, cette médaille, c’était votre but ultime ?
Je savais qu’aujourd’hui, c’était la dernière plus grosse journée de ma vie et de ma carrière. Il fallait que j’aille au bout. Après ça, j’avais tout. Mais je ne l’ai pas abordé comme ça. Je me suis dit que c’était une compétition, qu’il fallait que je batte les filles tour après tour. C’est la première fois de toute ma vie que je n’avais pas de stress le matin, pas de stress la veille. Tout était parfait.
C’est ce que disait Larbi Benboudaoud (son entraîneur, ndlr) tout à l’heure : ce matin, il vous a sentie complètement détendue.
Comme j’ai dit aux autres filles, « ça fait des années que tu t’entraînes pour ça. T’y es. Alors lâche-toi ! Et on verra bien ce qui se passera. Peu importe que tu gagnes ou que tu perdes, profite de ta journée parce que ce sont tes derniers Jeux. » Il fallait que ça me marque, que je sois heureuse d’être là. Finalement, ça a marché.
Comme j’ai dit aux autres filles, « ça fait des années que tu t’entraînes pour ça. T’y es. Alors lâche-toi ! Et on verra bien ce qui se passera. Peu importe que tu gagnes ou que tu perdes, profite de ta journée parce que ce sont tes derniers Jeux. » Il fallait que ça me marque, que je sois heureuse d’être là. Finalement, ça a marché.
Je suis fière de moi. Dans ma carrière, j'ai souvent eu des doutes. Plein de fois, je n’étais pas sûr d’être à la hauteur de ce que les gens attendaient de moi. Finalement, avec ce palmarès et avec cette médaille d'or, j'ai réussi à être ce que tout le monde attendait de moi. Je suis contente.
Vous avez eu du mal à réaliser ?
Je n'y croyais pas. Je me disais qu'on était peut-être au Tournoi de Paris. Je voyais plein de gens qui criaient, il y avait plein de Français. Après je me suis dit : « Mais non, c'est les Jeux ! ». Mais non, ça ne pouvait pas être comme ça. J'étais perdue, franchement. Puis voir ma famille… ça m'a fait craquer. On a tous travaillé pour ça. Même si c'est moi qui suis sur le tapis, il y a tant de gens qui me soutiennent depuis le départ, qui ont toujours cru en moi. Ma médaille, c’est pour eux et pour la Guyane. Ils me suivent à fond. J’ai hâte de leur montrer ma médaille.
Le finish a dû être terrible.
C’était dur. J'entendais tout le monde crier. Il fallait rester concentrée. J'entendais le décompte. Je regardais par-dessus l'épaule de mon adversaire. Elle était cuite. Elle avait déjà tout mis pour arriver là.
« Je savais que c’était pour moi »
Y a-t-il eu un moment où vous avez douté ?
Non, jamais. La Coréenne, je la connais par cœur. A partir du moment où elle ne me faisait pas tomber et que je restais agressive, je savais que c’était pour moi.
Il y a quatre ans, dans la même situation, vous étiez triste.
Oui. Mais franchement, je n’y ai pas pensé. Enfin, juste à un petit moment, quand je me suis qualifiée pour la finale. Je me suis dit : « Là, il faut que je gagne, je ne peux pas faire encore deuxième ». Quand j’ai vu que c’était l’Allemande, je me suis dit non là, il faut que je sois bien concentrée, bien agressive. Elle était déjà contente d’être là, elle avait remplacé une autre fille au dernier moment. Elle avait trop d’émotions, il fallait que j’en profite.
Quel est le programme désormais ?
La fête parce que franchement, je le mérite. Après, je vais prendre un peu de vacances et après je vais continuer à fêter ça avec tous les partenaires et tous les gens de l'INSEP qui m'ont beaucoup aidée à progresser. Il y a beaucoup de filles avec qui je me suis entraînée toute la saison et qui m'ont aidée à me rentrer des choses dans la tête.
Au dernier Tournoi de Paris, vous étiez contente. Là, c’est puissance 1000 ?
C’est même puissance 10 000 !