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Judo : à deux mois des JO, quelles sont les stars étrangères à suivre pendant les Mondiaux

Lukas Krpalek lors des Jeux Olympiques de Tokyo, le 30 juillet 2021

Lukas Krpalek lors des Jeux Olympiques de Tokyo, le 30 juillet 2021 - Icon Sport

Les Championnats du monde de judo débutent ce dimanche à Abou Dhabi. Ces Mondiaux placés deux mois avant les Jeux olympiques ont attiré du beau monde. Les Japonais et les Russes n’ont pas envoyé leur équipe olympique mais il y a quelques phénomènes à surveiller qui pourraient briller à la fois à Abou Dhabi et à Paris cet été.

-60kg : Ryuju Nagayama (Japon), petit et costaud

Le judoka de l’île neigeuse d’Hokkaido s’est enfin débarrassé de son "ancien", Naohisa Takato, champion olympique et quadruple champion du monde. En le battant en demi-finale du tournoi de Tokyo 2023, le garçon de 28 ans pour seulement 1m56 a enfin obtenu son tour pour le grand manège olympique. "Seulement" double médaillé de bronze mondial, Nagayama patientait dans l’ombre de son aîné. Libre, il peut exprimer son plein potentiel, sa vitesse de rotation démente et surtout sa qualité d’appui qui lui permet des renversements de situations fou, notamment en contre, ce qui est rare pour un Japonais. Ce Mondial est sa seule sortie de l’année avant de le retrouver le 27 août aux JO face à Luka Mkheidze notamment. A Abou Dhabi, on verra si c’est bien lui le taulier des super-légers. Sept des 8 meilleurs mondiaux sont présents.

-73kg : Hidayat Heydarov (Azerbaïdjan) le feu follet

Comme Nagayama lui aussi a tué le père. En l’occurrence, Rustam Orujov, vice-champion olympique 2016, est parti à la retraite. Le pays bordé par la mer Caspienne a été revigoré par l’arrivée aux manettes du "Colonel" allemand Richard Trautmann. L’équipe masculine a gagné en qualité et en densité. Son leader le moins bien classé est le poids lourds Kokauri (16e mondial). Heydarov, sa coupe de cheveux de hipster, son judo infatigable. C’est lui le taulier des moins de 73 kilos. Il est sur une série folle : victoire aux deux derniers championnats d’Europe, aux deux derniers tournois de Bakou et au Grand Chelem de Tokyo. L’Azerbaïdjan attend un titre mondial depuis 2013 (Elkhan Mammadov en moins de 100 kg) et un titre olympique depuis 2008 (Elnur Mammadli en moins de 73kg). S'il l’emporte aux JO le 29 juillet, il a déclaré au magazine L’Esprit du Judo qu’il voudrait changer sa date d’anniversaire du 27 au 29 juillet.

-57kg : Christa Deguchi et Jessica Klimkait (Canada) inséparables et infatigables

Le Canada est la meilleure nation des moins de 57 kilos avec ces deux jeunes femmes que tout oppose. Le style japonais de Christa Deguchi, dont la mère est nipponne, à celui parfait pour l’arbitrage actuel, découpé en courtes séquences de Jessica Klimkait. Charisme souriant pour la brune Deguchi, yeux tueurs pour Klimkait la blonde. Le Canada a monté un système de points pour essayer de les départager. Quand l’une n’est pas là, c’est l’autre qui gagne. Un mano à mano terrible qui ne semble pas les fatiguer. Pour l’instant avantage à Christa Deguchi mais ce championnat du monde pourrait renverser sa mainmise. Avant Tokyo 2020, elle avait les cartes en main avant de s’effondrer sur la dernière marche, laissant Klimkait filer vers la sélection olympique et une médaille de bronze. Bis repetita ?

-63kg : Laura Fazliu (Kosovo) la menace

On avait découvert la jeune femme à la coupe garçonne à Paris courant 2021. Elle était tout juste médaillée européenne et mondiale junior. Avec le judogi floqué Galatasaray, elle avait été l’inattendue leader pour la quête du titre européen par équipe de club. Plutôt longue pour la catégorie, Fazliu, 23 ans, est aussi un concentré de muscles. La base de judo qui lui permet de lancer notamment un assez pur uchi-mata (mouvement de jambe). Pour l’instant troisième mondiale, elle a la particularité d’avoir un bilan immaculé contre Clarisse Agbégnénou. La Kosovarde mène 2-0 face à la sextuple championne du monde. Il y a eu le tournoi de Tel-Aviv en 2023 qui marquait le retour à la compétition de la Française après la grossesse et le quart de finale de l’Euro à Montpellier. Plusieurs fois le frisson était monté dans la salle sur son uchi-mata avant qu’elle ne s’impose en prolongation. Sa courbe est plutôt descendue depuis l’automne alors que celle de la Française est montée. Ce serait un affrontement très intéressant avant les JO.

+100kg : Lukas Krpalek (République tchèque) pour la légende

L’albatros de Prague a-t-il enfin choisi la catégorie où on le verra aux JO ? On peut le penser. Longtemps qualifiable en moins de 100 kilos et chez les lourds, il a reculé au classement olympique des mi-lourds et pointe à la 43e place (non qualifiable). En plus de 100 kilos, il est toujours 13e et s’aligne sur ce championnat du monde. On peut penser que ce galop émirati signe sa participation aux JO chez les mastodontes, épreuve dont il est le tenant du titre. Déjà détenteur de tous les titres européens, mondiaux et olympiques dans les deux catégories, il pourrait bien contrarier les plans de Teddy Riner d’égaler le Japonais Tadahiro Nomura avec le 3e or olympique individuel. Imaginez une finale entre les deux au Palais Ephémère avec cet enjeu ! Succulent. Spécialiste des grands moments, il est toujours aussi efficace à 33 ans sur ses retournements au sol de boa constrictor.

Morgan Maury