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Judo: Boukli, Cysique, Dicko et Khyar au Kazakhstan... Des points, des défis et des réglages

Shirine Boukli, à Paris le 2 février 2024

Shirine Boukli, à Paris le 2 février 2024 - Abaca / Icon Sport

Une semaine après le tournoi du Tadjikistan, une partie de l’équipe de France olympique est de retour en Asie centrale pour un tournoi qui peut rapporter 1.000 points au vainqueur de chaque catégorie. Quelles stratégies pour les Bleus? Romane Dicko peut croiser sur sa route la championne olympique.

-48kg: Boukli derniers réglages

Shirine Boukli est à l’heure de visser les derniers écrous en compétition. Astana ce vendredi 10 mai puis rideau jusqu’au 27 juillet, date de son entrée en lice aux Jeux olympiques. La judoka du FLAM 91 n’a plus été vue en compétition depuis le tournoi de Paris (1re) début février. Elle a trouvé, dans ce mode de fonctionnement plus en retrait, une vraie clef de sa réussite depuis un an, comme l’atteste sa deuxième place aux Mondiaux 2023. Cette discrétion est rare sur un circuit où les athlètes ont tendance à multiplier les sorties, ligotés par cette fameuse course aux points. Boukli est descendue au classement, 6e, mais dans un mouchoir de poche avec les trois filles devant.

Ce tournoi kazakh est l’occasion de passer pourquoi pas deuxième mondiale en cas de victoire. En face d’elle, des profils très européens avec le Turque Beder, la Russe Giliazova notamment. La Française n’ira pas aux championnats du monde la semaine suivante à Abou Dhabi. Elle perdra 50% des points de sa médaille d’argent de 2023. Ce tournoi peut permettre d’effacer cette future décote. Boukli a acquis une nouvelle stature, redoutable debout comme au sol, elle peut aussi trouver les ultimes pistes de travail avant son rendez-vous olympique.

-57kg: Cysique pour continuer ses emplettes

La vice-championne olympique a fait une très bonne opération au classement olympique avec sa deuxième place à Douchanbé (Tadjikistan), vendredi dernier au terme d’une journée remarquable. Virtuelle troisième, elle a dans le viseur la deuxième place détenue par la Géorgienne Liparteliani à seulement 45 points. Sarah-Léonie Cysique est rentrée en France après le Tadjikistan à cause de l’incertitude à pouvoir bien mener sa descente au poids en Asie centrale, pays où le staff n’avait pas d’informations sur les repas prévus. Elle est repartie mardi soir, direction Astana.

Le programme qui lui est proposé semble plus copieux que la semaine passée. Il y a la Brésilienne Silva, championne olympique 2016, possible rendez-vous en demi-finale. De l’autre côté du tableau, soit la Japonaise Funakubo soit la Canadienne Deguchi, la meilleure du moment. Cysique ne participera pas aux Mondiaux la semaine suivante à Abou Dhabi pour s’éviter l’effet médiatique si proche des JO. Ce tournoi kazakh est l’occasion de mettre suffisamment d’écart avec ses poursuivantes qui seront, elles, aux Mondiaux où il y a davantage de points en jeu. Attention, ce n’est jamais facile d’enchaîner deux tournois.

Sarah-Leonie Cysique
Sarah-Leonie Cysique © Icon Sport

-66kg: Khyar l‘épreuve de rattrapage

Comme Sarah-Léonie Cysique, Walide Khyar était à Douchanbé. Le Parisien n’a pas vécu la même journée que sa coéquipière. Tête de série numéro 1, il a été sorti d’entrée par un jeune Ouzbek. Khyar a toujours en tête une place de tête de série aux Jeux olympiques. La dernière place, la huitième, est à 798 points. Moins qu’une médaille d’or au Kazakhstan (1.000 points) mais davantage qu’une deuxième place (700 points). Encore une fois tête de série numéro 1, le judoka licencié au PSG Judo semble avoir un tableau un peu moins piégeux. Le Canadien Frascadore d’entrée puis probablement l’Azerbaïdjanais Suleymanov, troisième au Portugal cette saison, puis le Serbe Buncic ou le Turc Demirel.

Khyar repartira au charbon dès la semaine suivante avec un voyage à Abou Dhabi pour les championnats du monde. Ce tournoi kazakh pourrait être la bonne impulsion avant le test des Mondiaux, sa dernière sortie avant les JO. Un enchaînement de deux compétitions et même trois en ce qui le concerne est un drôle de challenge. Khyar peut y trouver un sacré paquet de points mais aussi une grosse confiance.

+78kg: défi à venir pour Dicko

C’est le genre de rendez-vous qu’il ne faut pas oublier de cocher dans son agenda. Les Japonais sont rares en compétition malgré la course à la ranking. Akira Sone, la championne olympique et du monde en titre, préfère l’ombre à la lumière. Celle qui représentera le Japon à Paris s’aligne dimanche à Astana. L’occasion est trop belle pour Romane Dicko qui a foncé vers Astana pour son dernier rendez-vous avant les Jeux olympiques. Les deux jeunes femmes ne se sont affrontées que deux fois : aux Mondiaux juniors 2017 et en finale de l’épreuve par équipe aux JO 2020. À chaque fois, la cubique nipponne est sortie victorieuse.

La Parisienne n’est plus la même. Sa stature, son côté intimidant, son judo ont grossi en même temps que son palmarès. Dicko est invaincue depuis plus d’un an. Elle est la numéro 1 au classement, la tête de série n°1 au Kazakhstan et quasi sûre de l’être aussi aux JO malgré son impasse aux Mondiaux. Sone n’est que 22e mondiale et 3e Japonaise du classement. L’affrontement entre les deux est prévu en demi-finale. Un choc forcément riche en informations avant Paris 2024. Si Dicko venait à l’emporter, sûr que son statut de favorite pour l’or olympique s’en trouverait considérablement renforcé. Une défaite lui ôterait peut-être un peu de pression sur ses épaules musclées.

Morgan Maury