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Judo - Buchard/Mkheidze: avant les JO, des Mondiaux bons à prendre

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Les champions d’Europe et médaillés olympiques sont à Abou Dhabi en candidats crédibles à un premier sacre planétaire ce dimanche. Tous les deux ont les yeux rivés sur Paris 2024. Ce championnat du monde est un peu plus qu’un gros entraînement.

Ne pas se tromper d’objectif. Quand tout le monde vous parle de Jeux olympiques à la maison, il faut avouer que ces Mondiaux tombent comme un cheveu sur la soupe à deux mois du rendez-vous d’une vie. Dans une saison classique, ce serait le climax de l’année pour Amandine Buchard et Luka Mkheidze. Tous les deux ont livré des performances de grande qualité et bien rempli leur armoire à médailles avec notamment un titre européen en novembre à Montpellier.

Ce Mondial n’était pas obligatoire dans l’agenda des judokas français. La quasi-totalité du groupe masculin olympique, et quatre filles sur sept qui seront aux JO, se rendent aux portes du désert. Hormis les Russes et les Japonais, les grandes nations envoient de fières équipes à la Mubadala Arena. Dans la course effrénée aux points et au meilleur classement possible avant Paris, un championnat avec 2.000 points au vainqueur est un rendez-vous quasi immanquable. C’est le bon moyen de garnir un palmarès et de se lancer vers l’été. Derrière, il y a deux mois pour récupérer et se relancer. Un choix d’opportunité pour Amandine Buchard et Luka Mkheidze, candidats crédibles à une Marseillaise à Abou Dhabi.

Sur la route d’Amandine Buchard il n’y aura pas la Japonaise Uta Abe, l’ultra-favorite des JO. Elle n’a montré son judogi qu’une fois en 2024: à Antalya, où elle a livré une prestation intimidante. La judoka du PSG répète qu’elle prête attention à tout le monde. Pas de fixette sur la championne olympique des moins de 52 kilos. Elles ne s’affronteront pas avant les JO, tant pis: "Les absentes ont toujours tort, appuie-t-elle. Je ne cherche pas à savoir ce que fera telle ou telle concurrente, je suis dans mon projet. C’était une bonne opportunité dans ma préparation, un bon entraînement. J’y vais pour gagner, prendre des repères, avoir un retour sur ce que j’ai travaillé, voir ma forme physique et celle de mes futures adversaires".

Mkheidze: "J’y vais pour prendre des infos"

Luka Mkheidze pourra peut-être s’étalonner face à Ryuju Nagayama. Le tout petit nippon de 1m56 fait aussi le pari de la discrétion à l’image de l’équipe japonaise, plutôt que l’enchaînement des tournois, lorsque les JO approchent: "Si j’ai l’occasion, il faut aller le chercher pour le faire douter, dire je suis là je suis présent. Après, il devra me craindre. Il est petit, mais la taille ne me pose pas vraiment un problème. Il est fort à la garde comme tous les Japonais. Normalement, les Japonais ne contrent pas beaucoup mais lui il fait ça en plus, il a ce côté pays de l’Est qui le rend redoutable".

Luka Mkheidze lors du Grand Slam de Paris, le 2 février 2024.
Luka Mkheidze lors du Grand Slam de Paris, le 2 février 2024. © EMMANUEL DUNAND / AFP

Hormis le Russe Ramazan Abdulaev, c’est tout le top 8 mondial qui se rend dans les Emirats arabes unis pour ce mondial façon JO en miniatures. Buchard et Mkheidze seront tête de série aux Jeux olympiques. Ce championnat du monde peut améliorer leur sort en leur faisant gagner quelques places. Elle est troisième et lui quatrième. Pas leur genre de se perdre en calcul sachant que la tête de série 1 affrontera la numéro 8 en quart de finale aux JO, la 2 la 7, la 3 la 6 et la 4 la 5.

Au sortir de ce rendez-vous d’Abu Dhabi, on ne sera pas loin de dessiner les tableaux de Paris 2024: "Je ne vais rien calculer. Je m’engage pour gagner", répond Buchard. Ne comptez pas sur eux pour garder quelques cartouches. Les deux Français n’ont pas encore leur portrait dans le dojo de l’Insep, honneur réservé aux champions du monde ou olympique. Membre de l’équipe de France senior depuis plus de 10 ans, la moins de 52kg répète souvent qu’elle aimerait avoir sa tête avec celle des copains. "C’est une obsession mais mon obsession c’est d’être championne olympique avant tout. Si je fais championne du monde ça n’empiètera pas sur mon envie d’être championne olympique".

"Je n’ai pas de médaille en championnat du monde, répond Mkheidze. J’y vais pour prendre des infos, décrocher la médaille. Je ne me mets pas plus de pression avec les points, je sais que je suis dans les huit à Paris". Un succès ferait gonfler l’étiquette de favori dans leur dos aux Jeux olympiques. Abou Dhabi, un grand bain avant l’océan.

Morgan Maury