Judo : pourquoi les Bleus se rebellent contre leur Fédération

Loïc Piétri - AFP
Le torchon brûle entre les judokas français et leur Fédération. A l’origine du conflit, la nouvelle grille tarifaire de primes et les bourses versées aux internationaux tricolores. Les judokas de l’équipe de France s’estiment notamment lésés sur la répartition des recettes liées aux sponsors sur les kimonos (ils n’ont droit qu’à un seul sponsor personnel). Voilà pourquoi ils ont décidé de faire appel à un avocat pour défendre leurs intérêts. « Il y a un contexte tendu avec la Fédération depuis longtemps, a rappelé sur RMC Loïc Piétri, champion du monde en 2013 dans la catégorie -81 kg. Ils sont fermés à toutes les discussions. Cela fait 3-4 ans que l’équipe de France ne signe plus ses contrats car nos bourses et nos primes diminuent (un total de 275000€ en 2015, soit 10% des recettes totales liées au sponsoring selon Jean-Claude Senaud, DTN du judo français). Mais cela ne change rien. On n’a aucun statut juridique. En résumé, ils s’en fichent. On ne veut plus discuter plus avec eux car il y a eu trop de mensonges. »
Piétri : « On a tous les inconvénients du sport pro, sans les avantages financiers »
Loïc Piétri évoque la promesse non tenue d’un voyage après les championnats du monde par équipes gagnés à Paris en 2011. « On l’avait déjà eu un peu mauvaise, se souvient-il. Cette année, on a prévenu qu’on ne ferait pas les championnats du monde par équipes car il n’y avait plus de primes. » Selon Loïc Piétri, les judokas tricolores ont été comparés aux footballeurs français, qui avaient refusé de descendre du bus à Knysna lors de la Coupe du monde 2010. « Mais on n’a pas les mêmes salaires que les footballeurs, rappelle-t-il. Nos primes servent à payer un loyer d’appartement. Ils avaient dit qu’ils ne baisseraient pas les bourses. On a tous les inconvénients du sport pro, mais pas les avantages financiers. On a quand même des sponsors sur les épaules qui génèrent de l’argent. La Fédération peut trouver un arrangement avec eux. »
Senaud, DTN du judo français : « Les filles ne râlent pas… »
Toujours sur l’antenne de RMC, Jean-Claude Senaud, DTN du judo français, a tenu défendre la position de la Fédération. « Le problème, c’est que nous ne sommes que des sélectionneurs de l’équipe de France. Loïc Piétri a un club et il a un salaire de la part de ce club, des sponsors. Nous, on donne une aide, pas un salaire. Ce qui est bizarre, c’est qu’il y a beaucoup de garçons qui râlent. Les filles ne râlent pas. Peut-être qu’il y a plus de filles qui gagnent… »