Judo: Romane Dicko reprend la main

Julia Tolofua face à Romane Dicko en finale du Masters de Budapest, 6 août 2023 - AFP
Une accolade, quelques mots pour rassurer, consoler. Julia Tolofua et Romane Dicko se prennent souvent dans les bras. Quelques secondes plus tôt, l’arbitre géorgien de leur finale s’est tourné pour la troisième fois vers Tolofua pour lui donner une nouvelle pénalité synonyme de disqualification.
La vice-championne du monde 2022 a été attaqué par le bras droit de son amie à chaque séquence de leur finale. Aucune technique lancée si ce n’est cette tactique de harcèlement. C’était la clef pour l’emporter: "C’est comme ça. C’est son judo. On se connait par cœur. Je savais que ça allait se jouer à la garde et aux pénalités. Elle a eu l’ascendant sur ces domaines", concédait Tolofua à la descente du tatami.
A Doha, mi-mai, elle avait fait admirer sa fine technique pour une balèze de 130 kilos. Aujourd’hui, les cartouches ne sont pas sorties du barillet. Elle l’avoue, le stress d’être attendue l’a rattrapée le matin: "Je pense c’était le stress des personnes attendues. Je n’avais pas ce stress auparavant. Ce matin, j’étais beaucoup stressée. C’est comme ça, sur les grands événements on nous attend et il faut montrer le meilleur de nous-même."
Pendant que Dicko ventilait la Néo-Zélandaise Andrews (ippon sur harai-goshi), verrouillait Léa Fontaine (pénalité), puis retournait la Chinoise Xu (immobilisation), Tolofua peinait. Quatre matchs, trois succès aux pénalités et une épaule amochée sur une clef de bras de la mobile Néerlandaise Stevenson. Dicko était remontée après son échec à conserver son titre mondial acquis en 2022 avec son judo puissant. Une petite humiliation que cette défaite contre l’Italienne Tavano au premier tour à Doha. Une championne ne perd pas deux fois de suite. La judoka du PSG se l’est répété.
" J’essaie d’être la Romane des bons jours, celle qui n’était pas là aux Mondiaux"
Elle est revenue dans le giron du préparateur physique fédéral après plusieurs mois avec son cousin Teddy Tamgho. Si elle a retrouvé une partie de ses atouts physiques, elle a surtout montré sa capacité à imposer sa garder, bouger puis attaquer. Un triptyque indispensable pour s’imposer: "Je suis vraiment contente. J’ai vraiment fait du beau judo, j’ai produit ce que je travaille en ce moment. On savait avec Julia que c’était important de montrer que j’étais encore là. J’essaie d’être la Romane des bons jours, celle qui n’était pas là aux Mondiaux. Je savais qu’il ne fallait pas que je passe à côté, pas deux fois d’affilée", a reconnu Dicko, victorieuse là de son troisième Masters en autant de participations.
Akira Sone, la championne olympique en titre, n’était pas là, tout comme la Cubaine Ortiz. Ce Masters semblait promis aux Françaises. Les Bleues ont confirmé leur domination actuelle et vont prolonger leur match à deux pour savoir laquelle sera sélectionnée aux Jeux olympiques. A toi à moi. Tolofua semblait avoir le vent dans le dos depuis son argent mondial et paf, Dicko repasse devant. Les sélectionneurs de l’équipe de France espèrent accoucher d’un nom assez tôt pour laisser de la sérénité dans la préparation. Ce soir, ils ne sont pas beaucoup plus avancés. L’heure n’est pas encore au choix: "Ne rien lâcher répète Dicko. Ça va être une course longue et compliquée. On va se coller avec Julia. Ça sera une course d’un an." "Ça sera pour la meilleure", répond son amie Tolofua. Au moment de se croiser en zone d’interview, les deux balèzes se redonnent une accolade accompagnée de quelques mots gentils de Dicko à sa seconde. Prochain épisode du 3 au 5 novembre aux championnats d’Europe à Montpellier.
Trois autres médaillés aujourd’hui
Les garçons n’ont pas fini fanny grâce à Alexis Mathieu. Le Néo-Calédonien a beaucoup travaillé sa garde et ses efforts ont payé aujour’hui avec une belle médaille de bronze en moins de 90 kilos. Il sort un médaillé olympique, un ex champion du monde et l’Azerbaïdjanais Fatiyev pour grimper sur la boîte derrière les deux monstres géorgiens. Une breloque qui le met dans le top 10 mondial. Les filles repartent avec l’argent de Madeleine Malonga en moins de 78 kilos. Un visage offensif plus vu depuis ses années de domination 2019-2021. L’Israélienne Lanir, championne du monde 2023, est encore trop forte. Sur le podium, Fanny-Estelle Posvite repart avec le bronze. La Limougeaude, qui s’est éloignée du groupe France, voit son travail solitaire récompensé. La France termine deuxième nation de ce Masters avec 8 médailles dont deux titres pour Dicko et Amandine Buchard (-52kg).