L'éclosion de Larose

Enigmatique pour nombre d'observateurs, David Larose a conquis une superbe médaille d'or au Tournoi de Paris ce samedi en moins de 66 kilos. A 26 ans, l’ancien champion du monde junior a changé de nature pour se donner les moyens de ses ambitions olympiques.

David Larose est un débat sans fin dans le judo français. C'est clair, le judoka est un talent pur, de la race des champions. Mais pourquoi n'a-t-il encore jamais accroché la moindre médaille européenne ou mondiale à 26 ans ? Le mystère touche peut-être à sa fin. Ce samedi, en remportant son premier Tournoi de Paris, il a fait taire (momentanément ?) ses détracteurs. « N'a pas progressé », « trop nonchalant », « fainéant », voilà quelques une des sentences qu'on lui collait depuis son titre de champion du monde junior acquis en 2004, hélas, jamais confirmé en senior.
En sortant de sa finale remportée aux drapeaux contre le Coréen Cho Jun-Ho, Larose souriait : « J'ai mis beaucoup de choses en place depuis septembre dernier. J'ai essayé de faire place nette sur tout ce qu'on me reprochait avant. Je crois qu'aujourd'hui, je n'ai jamais été nonchalant, j'ai toujours essayé d'aller de l'avant et de m'imposer ». Lors de son parcours à Bercy, il a collé au plus près de son texte, avec rigueur, même s'il a été moins spectaculaire qu'à l'accoutumée. Lui, le papillon pressé devenu une fourmi qui gagne ses combats pierre après pierre, comme le prouve sa trajectoire lors de ce Tournoi de Paris.
Surtout, le prodige ne s'est pas agacé. Un net progrès qui s'explique par la fréquentation d'un préparateur mental depuis deux mois : « Il m'a fait entendre des choses que je ne voulais pas entendre. Ces choses sont rentrées au fur et à mesure et je les mets en place tous les jours. Il a fait ressortir ma rigueur. Il fallait que je respecte les consignes dès le début, et que j'évite de m'éparpiller sur les choses qui ne servent à rien. » Pas comme lors des derniers Mondiaux, où il se fait bouffer par un Anglais trop carré.

« Une forte avance »

Cette victoire de prestige, son premier grand succès en senior, le place désormais en tête de liste des postulants tricolores de sa catégorie à la qualification olympique, grâce à sa remontée au 10e rang mondial. « On peut considérer que David a pris une forte avance », avance Jean-Pierre Gibert, entraîneur national. Dimitri Dragin (éliminé au 2e tour), Loïc Korval (1er tour), Pierre Duprat (8e de finale) sont maintenant les chasseurs, et le temps leur est compté car il ne reste plus que 4 tournois avant que les positions soient définitivement arrêtées, fin avril. « J'aime bien être chassé, estime Larose. Ca me force à donner toujours plus car derrière, ils n'ont rien à perdre ».
En 2008, Larose avait vu le billet olympique lui filer sous le nez pendant l'été au profit de Dragin. « Tant mieux si la sélection est compliquée, s'enthousiasme Gibert. Ca ne peut qu'élever le niveau. Là, personne ne va s'endormir. » Pas de place à Londres pour les nonchalants.