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L'épilogue rêvé

Teddy Riner

Teddy Riner - -

Les Championnats du monde de judo se sont terminés en apothéose, avec deux nouveaux titres mondiaux décrochés par les équipes de France masculine et féminine. Une fin de rêve avec un scénario incroyable.

Jeudi, allumage. Vendredi, émotion. Samedi, fusion. Dimanche, explosion. C'est la comptine de ces Mondiaux de judo. L'épreuve par équipes, chargée d'emmener ces Championnats du monde dans des sphères d'émotion inconnues, n'a pas raté son objectif. C'est la France la jolie coupable, avec quelques gars et quelques filles qui ont terrassé la nation reine japonaise. Si les quelques émissaires du CIO, qui étaient présents à Bercy, n'ont pas été impressionnés par cette épreuve par équipes que la Fédération internationale de judo souhaite voir intégrer dans le programme des JO, c'est qu'ils n'aiment ni le suspense ni les émotions !

Pourtant, ce dimanche, c’était plus fort que les larmes d'Audrey Tcheuméo (-78kg), plus bruyant que le 5e titre de Teddy Riner samedi, et… plus haletant que Jack Bauer. Mais les livres d'histoire du judo n'auront pas une ligne pour Matthieu Bataille. Pourtant, ce garçon au mental d'airain, qui a remplacé Riner lors des trois premiers tours, a donné la victoire aux Français contre la Russie et le Japon. Que dire alors de Dimitri Dragin ? Numéro 4 français des moins de 66 kilos, il n'était même pas remplaçant pour la compétition individuelle. Le Polonais, le Russe, le Japonais champion du monde et le Brésilien vice-champion du monde, se sont électrocutés contre lui. Teddy Riner, lui, toujours en délicatesse avec son annulaire droit, n'est sorti qu'en finale pour écrire le point final de l'histoire face aux Brésiliens (3-2).

Des ondes positives

Ces garçons sont une vraie bande, un gang qui, même s'il n'a pas été très bon en individuel (1 titre et le bronze d'Ugo Legrand), a été exceptionnel de courage et d'abnégation toute la journée: « C'est une sacrée ambiance dans l'équipe. C'est le résultat d'une bonne cohésion », a expliqué Dragin. De leur côté, les filles ont marché sur leur tableau comme les légions de César. La petite surprise, c'est que Décosse et ses coéquipières ont plié les Japonaises (4-1) pour hisser la France au sommet du tableau des médailles (voir encadré). « On n'en a pas rêvé, mais on savait que c'était possible. On est devant, c'est comme ça », lâche Décosse. Le XV de France, présent dans les tribunes, était venu chercher des ondes positives avant de partir en Nouvelle-Zélande. Il a vu la France qui gagne.

Le titre de l'encadré ici

Un bilan en trompe-l'oeil|||

En remportant l'or lors des épreuves par équipes, la France passe le Japon au classement des médailles de ces Mondiaux (6 médailles d'or contre 5 pour les Nippons). Du jamais-vu, mais ce classement est en trompe-l'oeil car sans les résultats de ce dimanche, le Japon avait collecté 15 médailles (5 titres) contre seulement 5 (4 titres) pour la France. Ce bilan reste flatteur, mais ne doit donc pas occulter la faiblesse de l'équipe de France masculine en individuel derrière l'or de Teddy Riner et le bronze d'Ugo Legrand (-73kg). L'an passé à Tokyo, les garçons avaient pris 5 médailles dont 2 pour Riner. Cette année, ils sont passés à côté. Beaucoup ont manqué d'agressivité, d'autres ont loupé une occasion unique. A la maison, ils auraient pu gagner au loto, mais ils ont comme jeté leur billet à la poubelle. Il manque une ou deux médailles individuelles. En revanche, les filles ont confirmé qu'elles étaient les seules à pouvoir jouer dans la même cour que les Japonaises, mais on s'aperçoit que seules celles qui sont déjà dans le top 4 mondial sont sur un podium : Emane, Décosse et Tcheuméo. En tout cas, ces Mondiaux ont révélé qu'il y avait un décalage entre les Français. Mais à onze mois des JO de Londres, ce fossé peut encore être comblé.