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Les carnets de route japonais de Morgane Ribout

Morgane Ribout, championne du monde 2009, raconte sa semaine japonaise marquée par le séisme de vendredi

Morgane Ribout, championne du monde 2009, raconte sa semaine japonaise marquée par le séisme de vendredi - -

Rentrée lundi en France d’un stage à Tokyo avec l’équipe de France, la championne du monde 2009 (-57kg) raconte, jour après jour, sa semaine japonaise marquée notamment par le séisme qui a frappé le Japon vendredi. Entre sport et film catastrophe.

Dimanche 6 et lundi 7 mars : c’est parti pour trois semaines de stage à l’étranger
Un dernier regard à l'appartement, et c'est parti pour trois semaines loin de chez soi, au Japon et en Mongolie. La compagnie ANA nous surclasse en business, ça c'est une bonne nouvelle ! Toute l'équipe est ravie, avec douze heures à passer aux petits soins. Nous arrivons à Tokyo lundi après-midi. Direction l’hôtel. Tout le monde est fatigué, demain c’est déjà le début de l'entraînement.

Mardi 8 : légumes japonais au petit-déjeuner
Réveil à 6 heures du matin pour la plupart d’entre-nous. Un petit tour au petit déjeuner de l'hôtel, on se jette sur les viennoiseries européennes, mais on ne touche pas aux légumes japonais moins appétissants. A 9 heures, nous commençons par un petit réveil musculaire. A 10h20, on part sur notre lieu d'entraînement pour… y manger. A 15 heures, c'est le top départ de ce stage dans un dojo tout neuf d'une surface d'environ 1000 m2. Le menu de la séance est impressionnant avec 10 randoris (combats ndlr) au sol et autant debout. Ça bastonne ! Ça va être dur…

Mercredi 9 : tests-matches avec les Japonaises
7 heures. Petit déjeuner copieux pour tenir cette journée qui s'annonce dure. Ce matin, tests-matches par équipes, toutes les Japonaises se rencontrent. Nous nous intégrons au programme et complétons notre équipe avec celle des Slovènes pour faire un total de 15 personnes. A midi, celles qui le souhaitent vont à la balnéo, avant de se retrouver au repas. La fatigue et le décalage horaire se font sentir, une sieste s'impose à même le tapis. A 15 heures, c'est reparti pour 3 heures d'entraînement. Ça pique ! Les bobos apparaissent et ce n'est que le début. Nous rentrons vite à l'hôtel. Ketty Mathé et moi prenons un taxi, c'est moins fatiguant que les transports en commun

Jeudi 10 : premières secousses
Le réveil a été impressionnant pour certaines filles. Vers 6h20, de légères secousses se sont fait ressentir, certaines étaient dans leur lit, d'autres sous la douche. Nous ne sommes pas habituées, mais pour les Japonais se sont des choses régulières. On part à l'entraînement en parlant de ce qui nous est arrivé. 20 combats le matin et 2h30 de randoris l'après-midi. Le soir, on se détend. Les entraîneurs ont un repas avec les responsables, alors entre filles, on décide de changer un peu d'air et d'aller au restaurant. Nous choisissons un buffet pas bien loin de l'hôtel mais ça nous permet de souffler et de parler d'autre chose que de judo.

Vendredi 11 : les objets tombent, les murs craquent
Que d'émotions aujourd'hui, avec ce fameux tremblement de terre qui fait pleurer plus d'une fille ! Certaines faisaient une petite sieste dans le dojo en attendant l'entraînement, tout à coup, le tapis se met à bouger. Nous mettons plusieurs secondes à réaliser qu’on est en train de vivre un tremblement de terre. On était d’abord tétanisées en voyant les objets tomber et les murs qui craquaient. D'autres se trouvaient au sous-sol, s'étonnant de voir les lampes qui tombaient et les machines qui bougeaient. Très vite, tout le monde s’est mis à courir vers l'extérieur du bâtiment. Tous les athlètes et les membres du centre ont été dirigés vers un stade de football. L'équipe est choquée. Au bout d’une heure, on commence à rentrer à l'hôtel.

Samedi 12 : cloîtrées à l’hôtel
Réveil difficile après les répliques du séisme toujours présentes pendant la nuit. Rendez-vous avec toute l’équipe pour un entraînement, la moitié des judokas sont déjà partis. Les entraîneurs décident que nous ferons uniquement du sol pour éviter toute blessure due à notre état psychologique et la fatigue qui augmente. Les esprits s’échauffent, on commence à se poser des questions, allons-nous être rapatriées ? Les consignes sont de rester à l’hôtel et de ne pas se disperser. Nous prenons donc un repas à emporter pour manger ensemble à l’intérieur. En attendant un éventuel rendez-vous demain.

Dimanche 13 : camping improvisé à l’aéroport
Après le petit déjeuner, les entraîneurs nous annoncent que nous partirons vers 9h30 à l'aéroport dans l'espoir d'avoir un vol le plus rapidement possible. On sait que la Fédération se mobilise pour nous trouver des places. A l’arrivée à l’aéroport, les nouvelles sont mitigées. On est presque certaines d'avoir un vol, mais pas avant lundi matin.... On prévoit donc des couettes et des duvets pour s'installer le plus confortablement possible, à même le sol. On se prépare à vivre une nuit difficile, l'oreille tendue en quête d’informations. Coup de théâtre vers 19 heures. Des places sont libres pour partir sur le vol de 22 heures. C'est donc une vague de joie qui nous envahit. Vite, vite, vite, on remballe tout, et on retrouve un peu nos sourires. Nous arrivons en France à 4 heures du matin heure locale. C'est un grand soulagement, mais nous pensons toujours à ceux restés sur place.

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