RMC Sport

Paris Grand Slam (judo): le réveil de Léa Fontaine

placeholder video
La judoka réunionnaise Léa Fontaine a remporté son premier tournoi de Paris avec autorité après des mois compliqués. Elle peut rêver d’une belle année 2025.

Ce sont peut-être les 10 secondes qui ont changé la face d’une journée. Un coup d’électricité venu de Kilian Le Blouch, entraîneur national, depuis sa chaise directement dans les oreilles de Léa Fontaine. Un méchant "Livre-toi, avance, prends des risques" pour sortir la géante licenciée à Sainte-Geneviève (Essonne) de sa léthargie face à la médaillée olympique, la Sud-Coréenne Kim Hayun, en demi-finale. "Ça m’a fait switcher et je suis allée marquer car j’allais retomber dans mes travers", avoue Léa Fontaine.

Avec deux pénalités contre elle et un body langage inquiétant elle donnait le bâton à l’arbitrage pour l’éliminer. Réveil, un uchi-mata engagé pour mettre Hayun sur la tranche et obtenir un yuko salvateur. Fontaine, double médaillée européenne, peut montrer un judo brillant malgré son gabarit de géante. Elle peut aussi tomber dans une inertie fatale. La réaction au moment juste, ça aussi c'est du judo.

"J’ai pris ce tournoi en mode outsider"

En finale, opposée à une autre Sud-coréenne Lee Hyeonji, elle montre le visage de la gagne. Rapide sur les mots et prompte à lancer un ashi-guruma qui étale l’Asiatique. Blessée, elle ne reprendra pas le combat: "Je reviens de loin. J’ai subi une opération en juin. J’ai beaucoup galéré sur mon retour. C’est un mal pour un bien et si j’en suis là c’est parce que j’ai vécu ça. La traversée du désert est longue mais il y a la lumière au bout et aujourd’hui j’ai été cherché la lumière." Un cœur avec les doigts et un signe vers le ciel en hommage à son grand-père récemment décédée.

Fontaine, capable de perdre d’entrée sur un championnat de France puis de remporter un grand tournoi du circuit mondial quelque semaines plus tard, voilà les deux faces de la géante de Sainte-Gen’. Souvent gênée par le stress et l’obligation de résultat, elle avoue avoir trouvé un certain relâchement devant les 15.000 spectateurs: "L’entrainement efface les doutes, plus tu t’entraines moins tu as de doutes. Aujourd’hui j’étais très bien préparée. J’ai pris ce tournoi en mode outsider car j'étais remplaçante avant le tournoi."

Une outsider aussi en France derrière Julia Tolofua et surtout Romane Dicko. Ce succès lance son olympiade et peut lui promettre de nouvelles sélections en grand championnat à condition de confirmer ce dont elle a conscience: "Ça peut me servir de déclic pense-t-elle. Si aujourd’hui je veux être médaillée mondiale il faut battre ces filles. Attention, il ne faut pas rester là-dessus car les échéances vont arriver vite." A 23 ans, l’étudiante en droit a peut-être trouvé à Bercy la clef de la réussite.

Morgan Maury