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Piétri, dessine-moi une médaille

Loïc Piétri

Loïc Piétri - -

Aussi sauvage sur le tapis que calme en dehors, Loïc Piétri (-81kg) va disputer ses deuxièmes Championnats du monde, ce jeudi à Paris. A 20 ans seulement, l’Azuréen cultive aussi une passion secrète pour le dessin. Découverte.

A voir son visage de démon lorsqu’il combat et la hargne qu’il dégage, on pourrait croire que Loïc Piétri est un émissaire du diable chargé de vous expédier en enfer. L’adrénaline de la compétition le nourrit. Avant chaque tournoi, il vous répète qu’il y va « pour tout casser ». Mais en dehors de cette parenthèse, le Niçois est parfaitement poli, tranquille, calme. Mais quand le feu monte en lui, il se réfugie dans le dessin. « Avant une compet’, raconte-t-il, je prends une feuille et je dessine. Ca peut faire baisser la pression. Quand je m’embête aussi ». L’an passé, pour ses premiers Mondiaux à Tokyo, il avait failli réussir le hold-up parfait. Après avoir étourdi le numéro 4 mondial, il avait échoué de très peu en huitièmes de finale face à un Japonais, futur médaillé de bronze.

S’il reste un outsider de luxe, sa capacité à se transcender lorsque la patrie l’attend peut l’emmener haut. Il essaye aussi de dépasser son père, Marcel, vice-champion d’Europe en 1986. Loïc n’a pour l’instant qu’un titre mondial junior et une médaille d’argent européenne par équipes. Dans son petit carnet qu’il garde précieusement dans sa sacoche, Piétri ne dessine pas le judo. Il croque un peu tout, sans style particulier. Il s’intéresse à l’histoire, sans plus en dire. L’autre jour, dans le métro, il a dessiné les pieds et les chaussures de ses voisins. Mais n’y voyez pas là un désir fétichiste ! C’est avec la BD Titeuf qu’il a vraiment débuté. L’un de ses derniers dessins montre un garde du Palais de Buckingham qui se force à garder son flegme alors que les émeutes font rage autour de lui. Et chez lui, il se consacre aux œuvres plus importantes.

Formation à distance

Pas trop de caricatures, non plus, même s’il admet que pour punir ses amis, il se permet de les croquer, comme son entraîneur à l’Olympic Judo Nice. « Cette passion vient de ma jeunesse, je dessinais avec mon cousin, raconte-t-il. Mais je cherche encore mon style. » Piétri, qui connait les Astérix par cœur, a commencé une formation à distance mais a été obligé de la mettre entre parenthèses, pour passer son Brevet d’Etat. Il apprend « tous les styles », pour ensuite choisir le sien.

« Si je n’avais pas fait de judo, j’aurais probablement choisi cette voie. Mais je n’ai aucun regret. Le judo reste ma passion numéro 1. C’est bien que le dessin reste aussi un loisir. » En attendant, cette passion lui est bien utile. Et très pratique. Il a recréé sur papier son appartement en vue d’une d’un futur réaménagement. Il n’a pas ajouté la médaille dans le décor. Peut-être la touchera-t-il ce jeudi ? Si tel était le cas, celle-ci n’aurait aucun risque de disparaître sous un coup de gomme.