Riner : « J’ai encore envie de médailles ! »

Teddy Riner - -
Teddy, qu’avez-vous fait depuis votre reprise de l’entraînement ?
Je reviens du Japon. Ça fait un mois et demi que j’ai repris et j’avais besoin d’accentuer un peu le niveau. En France, on était un peu en période creuse. Donc je suis allé au Japon pour trouver un peu plus de lourds, un peu plus de diversité technique. Et c’est ce que j’ai trouvé. C’était la véritable reprise et ça m’a permis de me remettre dans le bain, de me resituer techniquement et d’être un peu à l’écart de toute l’effervescence que je peux subir en France.
Vous étiez dans votre élément…
Le Japon, c’est un pays que j’aime beaucoup. Et la façon dont les Japonais s’entrainent, ça me convient très bien. Ça m’a fait plaisir de revenir sur la scène japonaise. Et ça m’a permis d’évoluer, de me situer et de savoir ce qu’il me reste à bosser pour arriver fin prêt pour le tournoi de Paris (9-10 février). Ce sera ma première compétition après les Jeux Olympiques. Ça va me permettre de reprendre la compétition et de savoir quoi travailler pour les championnats du monde au Brésil (27 août-1er septembre). Et après ça, on est reparti : c’est le chemin de la guerre.
Êtes-vous encore loin de votre poids de forme ?
J’ai perdu du poids. Je dois revenir le 7 janvier avec un poids précis. Et pour l’instant, je suis en bonne voie (rires). Je suis bien loin des 150 kg, je suis redevenu un athlète. J’avais une vingtaine de kilos à perdre. Ça part de l’alimentation. Il fallait reprendre une hygiène de vie et se remettre dans le bain. Mais c’est une habitude que j’ai depuis cadet. Ça revient très vite. Quand on a plusieurs entraînements intensifs par semaine, les kilos se perdent tout seuls.
Après cinq titres mondiaux et un titre olympique, avez-vous encore envie de vous battre ?
J’ai envie, j’ai envie de gagner encore des médailles. Je ne suis pas encore satisfait de ce que j’ai fait. Tant qu’il y a cette envie de progresser, de s’amuser, de gagner encore des médailles… Je n’ai que 23 ans, je peux continuer encore. J’ai les jambes pour le faire.
Mais quel est l’objectif, maintenant que vous avez tout gagné ? Rejoindre Hitoshi Saito et David Douillet avec un deuxième sacre olympique ?
L’objectif, c’est de se faire plaisir. Après 5, il y a 6. Et après 1, il y a 2 ! On verra. J’ai faim, j’ai encore envie de mettre des beaux ippons en compétition. Saito ou Douillet, ce sont d’autres chemins. Ce sont deux grands champions, c’est vrai, mais je ne me base pas sur eux pour faire ma carrière. Ce sont des pères de mon sport, mais je n’essaye pas de rivaliser avec eux. Chacun fait son chemin. Et moi, je fais mon chemin.
Vous aviez affiché un objectif après les JO 2008 : rester invaincu sur une olympiade. Est-ce que c’est ce genre d’objectif qui vous fait avancer ?
C’était un petit rêve, un petit objectif. Rester invaincu pendant quatre ans, c’était l’objectif que je m’étais fixé et ça a failli marcher. Je n’ai eu qu’une seule défaite (en finale des championnats du monde 2010 face au Japonais Daiki Kamikawa). Ça m’a servi de leçon, ça m’a permis d’avancer et d’aller chercher plusieurs médailles mondiales, un titre olympique. Donc oui, c’était un mal pour un bien. Même si c’était sur une décision arbitrale un peu litigieuse, ça m’a permis d’être l’homme que je suis au niveau du judo.
Comment gérez-vous cette notoriété si particulière d’un champion olympique ?
Le retour que j’ai, ce que je vois des gens, de tous les fans de judo et de sport, c’est qu’ils sont derrière moi. Ils m’ont soutenu et ils me soutiennent encore. L’année 2012 est finie et on me parle déjà de 2016. Mais chaque chose en son temps, on va faire les choses bien, les unes après les autres, et puis on se dirigera vers 2016 tranquillement. Cette année 2012, ça reste quelque chose que j’ai du mal à décrire. C’était tellement beau, c’était grand. Et des moments comme ça, on veut en vivre tout le temps. Mais c’est tous les quatre ans et c’est ça qui fait que l’enjeu est aussi énorme. Je suis donc pressé d’être à Rio pour revivre des moments comme ça.
Comment cela se traduit-il avec le public ?
Par les échanges que j’ai avec le public, dans la rue, à l’entrainement au quotidien ou même quand je suis à l’étranger. Quand des gens de toutes origines viennent me voir et me demandent des photos, je suis assez surpris. Il y a la France, mais aussi Dubaï, le Mexique, Miami…
Même au Japon ?
Au Japon, avant, ils courraient sur moi pour combattre. Mais maintenant, c’est pire : ils veulent tout le temps me prendre. Mais je ne peux pas en prendre trois à la fois !
Comment allez-vous fêter Noël ?
Je vais partir à la montagne, en famille. Une petite mise au vert. Ça va permettre à tout le monde de se retrouver.
Le titre de l'encadré ici
Décosse a aussi les crocs |||
Lucie Décosse a également repris l’entraînement il y a quelques semaines. Invitée de RMC Sport ce lundi, la Guyanaise s’est vite remise de ses émotions de Londres et de son titre pour se tourner, déjà, vers l’avenir proche. Et si elle reconnait prendre conscience de sa performance « parce qu’on (lui) pose des questions, qu’on (lui) demande (son) avis à chaque fois », elle avoue aussi « ne pas (se) lever en pensant à (son) titre olympique ». Pour 2013, la Française ne manque pas d’ambition. « Pour moi, les objectifs, c’est le tournoi de Paris et les championnats du monde de Rio, explique-t-elle. La reprise de l’entrainement n’a pas été facile. Ça n’est jamais facile. Mais ça va aller. » Les derniers efforts avant, selon toute vraisemblance, de prendre sa retraite à l’issue de la saison.