Riner : « Je vais leur faire très mal »

Teddy Riner - -
Teddy Riner, ces championnats se déroulent à Tokyo. Que représente le Japon pour vous ?
Kosei Inoue, ma plus grande idole ! J’ai eu la chance de combattre contre lui avant qu’il n’arrête. Des championnats du monde à Tokyo, c’est un truc je n’ai jamais fait : gagner là où le judo a commencé. Il faudra être bon. Montrer aux Japonais qui on est. Pour ça, il faut se mettre tous les jours dans le rouge.
Si vous gagnez à Tokyo, ce titre aura-t-il une saveur particulière par rapport aux trois précédents ?
C’est la première année qu’il y a deux combattants par pays dans chaque catégorie. C’est donc un championnat qui va être très relevé. Même si je ne suis pas pour cette réforme, il faudra se battre. Ça va être le combat des titans. Le sommet de la montagne, ça reste encore les Jeux olympiques.
Si vous remportez un quatrième titre mondial vous égalerez David Douillet, Shozo Fuji…
C’est quoi le record chez les hommes ?
Quatre !
Vous venez de m’annoncer quelque chose. Il y a un défi à relever au Japon. C’est le moment de passer devant.
Êtes-vous plus fort en 2010 ou en 2009 lorsque vous avez été sacré à Rotterdam ?
Bien sûr ! J’ai fait énormément de progrès. Je m’améliore de jour en jour. Dans une séance, je peux lancer des mouvements instinctivement.
Quel est le meilleur judoka de la planète ?
Je ne sais pas.
Et vous ?
Je me mets comme le mec qui arrive et personne ne sait qu’il arrive. Il arrive en sous-marin (rires).
Est-ce que vous craignez l’opposition japonaise qui combattra à domicile ?
Je ne fais pas attention à ça. S’ils montent contre moi, moi je monte contre eux. Il n’y aura pas de cadeaux à faire. Je vais leur faire mal, je vais leur faire très mal parce que c’est mon beefsteak et que je vais le défendre (il tape du pied par terre).
Vous n’avez plus perdu de combat depuis Pékin. Comment vivez-vous cette période d’invincibilité ?
J’y pense car on m’a fait remarquer en janvier qu’il n’y avait que deux judokas invaincus depuis les Jeux : moi et le Coréen Wang (-73kg). Depuis il a perdu et moi j’ai gagné. Je suis donc le seul judoka invaincu depuis les Jeux mais j’essaye de ne pas y penser car c’est une façon de mettre la pression. C’est vrai que je n’ai pas encore perdu. Mais pourquoi ? Parce que je m’entraîne tous les jours avec la même envie. J’ai la rage de vaincre et il ne faut pas que je m’arrête.
Benoit Campargue, votre entraîneur, répète souvent que le haut-niveau c’est l’inconfort permanent. Que signifie cette phrase pour vous ?
Cela signifie que tous les jours il faut se mettre au travail, que tous les jours il faut se mettre dans le rouge, que tous les jours il faut repousser les limites même si on est fatigué. Il faut toujours en vouloir plus, tout le temps. C’est aussi important d’avoir un coach qui te permette de te dépasser. Parfois je demande des claques à mon entraîneur parce que je suis cuit. Le fait d’avoir mal te pousse à aller plus loin.
Avant chaque compétition que voyez-vous dans le regard de vos adversaires ?
Je vois que certains ont la haine. Que d’autres baissent leur regard, d’autres ne vous regardent pas. Mais ceux qui baissent les yeux ont déjà perdu.