Riner : « Teddy, c’est un taquin ! »

Teddy Riner avec Serge Simon - -
Teddy, dans quel état d’esprit êtes-vous à quatre mois des Jeux ?
Quatre mois, c’est long mais très court à la fois. Là, je suis dans le détail et l’amélioration. On n’a pas tout préparé sur quatre ans, mais d’une année sur l’autre. Comme j’étais n°1 mondial, je n’étais pas sous tension, j’étais déjà qualifié. J’ai pu faire un autre programme.
N’êtes-vous pas trop serein, finalement ?
C’est possible mais je ne crois pas. Chaque fois que je monte sur un tapis, j’arrive « nouveau ». J’arrive aux Jeux avec de nouvelles cartes. Au tournoi de Paris, je n’ai pas tout montré. En Asie, non plus (en stage en Mongolie, ndlr). Il y a beaucoup d’adversaires, allemands, ouzbeks, japonais, ça tourne... Chaque fois, je me dis que ce n’est pas joué.
En 2008 à Pékin, vous aviez dû vous contenter de la médaille de bronze…
Ça m’a servi de tremplin mais ce n’était pas un échec. Il y avait quatre médailles (il y a deux médailles de bronze en judo, ndlr), j’en ai pris une. Je me suis remis en question. Beaucoup de gens m’ont dit que si j’avais été champion, j’aurais arrêté le judo. Non ! J’aime le judo. Même après 2012, je continuerai. Quand je suis rentré d’Asie, j’étais lessivé mais après deux, trois jours je n’avais qu’une envie : faire du judo sur mon père (rires). Je veux rentrer à Paris avec quelque chose de bien...
Pourquoi vous faites-vous assister d’un préparateur mental ?
J’ai quitté le cocon familial à 14 ans, pleins de gens te disent va à droite, va à gauche… C’est très dur de gérer le haut niveau. Ma psy m’aide à cadrer tout ce qui m’est arrivé très vite dans la vie. J’étais une pile électrique, on m’a mis au judo pour canaliser mon énergie. J’ai appris à gérer le stress sous toutes ses formes. Je ne connais pas beaucoup de monde qui se fasse aider.
« Ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu de femme porte-drapeau »
Qu’avez-vous découvert en Mongolie le mois dernier, en stage avec l’équipe de France ?
C’était la première fois. On a été super-bien accueilli. On a très bien mangé même si on est arrivé en se demandant si on allait manger de la loutre (rires). On a vu le musée de Gengis Khan. Tu toques à la porte, les gens t’ouvrent et t’offrent l’hospitalité. J’étais avec un combattant mongol, je lui ai dit d’arrêter de manger et de boire, il m’a répondu « C’est comme ça ! » (rires)
On vous a reproché d’être trop exubérant dans vos victoires. Notamment le président de la fédération internationale, Marius Wiser…
C’est par rapport au cadre moral du judo. Quand je gagne, je ne dois pas danser. Mais ça ne se contrôle pas. Quand tu en as bavé avec des heures d’entraînement, tu exploses. Je lui ai expliqué lors d’un rendez-vous. Il faut donner un spectacle au public, comme en NBA. Il y a de la musique entre les combats, c’est bien. J’aime déconner. Teddy, c’est un taquin (sic).
Pourquoi « Teddy » d’ailleurs ? D’où vient ce surnom ?
C’est la faute de mon frère Moïse (rires). Je devais m’appeler Pierre-Marie parce que ma mère s’appelle Marie-Pierre. A la maternité, il est arrivé avec un ourson (Moïse avait 2 ans, ndlr) et il a fait « Teddy, Teddy… » Voilà…, désolé maman !
Vous êtes aussi un fervent supporteur du PSG…
J’ai fait partie de ce club qui était omnisports à l’époque (Paris judo, ndlr). J’aimerais être un attaquant du PSG (rires). J’ai dû faire un choix entre le foot et le judo. Hier on a fait un foot après l’entraînement, il y a eu de très beaux buts, j’en ai mis ! C’est toujours un plaisir de jouer au foot.
Le déménagement du PSG au Stade de France, ça vous plairait ?
Il y a une histoire au Parc des Princes. Les supporteurs… On est là quoi !
« La notoriété ? Il suffit de faire Secret Story… »
Comment vivez-vous la comparaison avec David Douillet ?
Aucun problème. Je l’ai connu tout petit au PSG Judo. Il y avait Frédéric Demontfaucon, Djamel Bouras, Thierry Rey, Cyril Soyer et j’en oublie. On était super content de les voir. Lui et moi, on n’a pas le même parcours, j’ai fait certaines choses plus jeune, mais c’est un grand champion.
Quels sont les critères pour devenir porte-drapeau de l’équipe de France à Londres ?
La notoriété, ce serait trop simple, il suffit de faire Secret Story et tu en as ! Il faut un palmarès parce que ça veut dire que tu as travaillé, tu t’es investi dans ton sport. J’ai dit non parce que je veux me concentrer sur ma journée, le 3 août, et ne pas avoir de regrets. Flessel, Parker, Karabatic ou Fernandez pour le handball le méritent. Mais ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu de femme.
Vous êtes étudiant à Sciences-Politiques. Une manière de préparer votre reconversion ?
Je fais Sciences-Po pour savoir comment gérer les sociétés, les enjeux économiques, apprendre des langues, mais pas pour faire de la politique. J’ai voté en 2007, je vais à nouveau voter mais personnellement, je préfère rester neutre. J’ai été sollicité mais je n’ai pas répondu. Mais j’ai mes convictions.