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Rougé : « L’impression d’être au Tournoi de Paris »

Jean-Luc Rougé

Jean-Luc Rougé - -

Sept médailles, deux titres olympiques, une communion totale avec le public français : le président de la Fédération française de judo est ravi du bilan de ses judokas. A tel point qu’à Londres, Jean-Luc Rougé s’est un peu senti comme à… domicile.

Jean-Luc, vous attendiez-vous à ce que tous les favoris attendus décrochent une médaille ?

Pas tout à fait. Aux JO, on a toujours un potentiel énorme et il y a toujours énormément de déchet. Il y a une pression, notamment sur les Français, très importante. Là, pour une fois, on a quasiment pu jouir de tout notre potentiel. Il y a eu des bonnes surprises, des mauvaises aussi mais qui nous ont permis de faire ce que l’on était capable de faire.

Avez-vous ressenti, dès le début de la semaine, que l’équipe de France allait être forte et que vos judokas allaient claquer des médailles ?

Non, mais c’était quand même une ambiance assez particulière. Autant dans un Championnat du monde, on arrive à se lâcher, mais là personne ne prend de risques. Tous les adversaires de Teddy (Riner) l’ont attendu. Il a très bien géré. Lucie (Décosse) a fait de même. La pauvre Gévrise (Emane), elle, a souffert. C’est la pire de ses journées, mais elle a quand même réussi à aller chercher une médaille de bronze. On doit lui tirer notre chapeau.

Ainsi qu’à Lucie Décosse et Teddy Riner, bien évidemment.

Avec Lucie et Teddy, on a deux champions magnifiques, avec deux styles totalement différents. Teddy avait une pression énorme. Il était loin du pétillant judoka qu’on a connu. Il a su gérer tout cela. Il n’a pas pris de risques. Il n’a jamais été mis en danger. Ce qu’il voulait, c’est ramener cette médaille d’or et rien d’autre. Et il l’a fait.

« Teddy sera encore plus énorme »

Quelle est la différence entre le Teddy Riner d’il y a quatre ans et celui de Londres ?

Le Teddy Riner de 2008 a cherché à marquer des ippons. Là, il a cherché à gagner. Ce n’est pas la même chose. Lors des championnats du monde, il a cherché la manière en voulant mettre des ippons à tout le monde. Là, il a dit : « je veux être champion olympique et je ne ferai pas de fautes. » Et il n’a pas fait de fautes.

Comment le classer dans l’histoire du judo maintenant ?

On ne fait pas de classements. On prend les choses comme elles viennent. On ne compare pas les générations. C’est un très grand, il n’a que 23 ans donc en début de carrière. Je pense qu’il sera encore plus énorme.

On a vu dans les tribunes que le judo français était capable aussi de rassembler.

Vu l’ambiance et le public, j’avais l’impression d’être au Tournoi de Paris. Ces JO se terminent par une grande fête française que Teddy a su organiser simplement par sa présence.

L’avenir est rose puisque vos athlètes sont jeunes.

Plus de la moitié seront aux Jeux de Rio. Cette équipe, avec sa moyenne d’âge, a la capacité d’y être. Priscilla Gneto a 20 ans. Il y en a plusieurs qui feront deux Jeux.

Propos recueillis par Rodolphe Massé