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Agnel : « Baltimore, ce n’est pas la Côte d’Azur ! »

Yannick Agnel

Yannick Agnel - -

DOCUMENT RMC SPORT. Notre reporter s’est rendu à Baltimore pour y rencontrer Yannick Agnel. Entre deux entraînements, le nageur de 21 ans a longuement évoqué sa nouvelle vie aux Etats-Unis. Un exil qui semble ravir le double champion olympique.

Yannick Agnel, comment allez-vous depuis votre arrivée à Baltimore ?

Ça se passe super bien. C’est dans la continuité du mois que j’ai passé ici cet été. La première fois que j’en ai parlé avec Bob Bowman (son coach, ndlr), je lui ai dit : ‘Baltimore, c’est la ville avec les gangs, complétement bétonnée, avec les cheminées qui fument ?’ Il m’a ri au nez, en me disant que c’était loin d’être le cas. Et effectivement, on est entouré de verdure, on est à la fraîche. C’est super mignon en fait comme endroit.

Avez-vous quelques regrets d'avoir quitté Nice ?

Non, il n’y a absolument pas de regret car c’est une nouvelle aventure. J’avais besoin de quelque chose de totalement différent. La seule chose pour laquelle je pourrais avoir des regrets, c’est de m’être un peu éloigné de mes proches. Même si je reste en contact avec eux quotidiennement, ce n’est pas la même chose que de les avoir près de moi. Peut-être aussi la nourriture française ! (rires).

Est-ce une sorte de passage à l'âge adulte pour vous ?

Il y a peut-être un peu de ça. Il y a un peu de maturation. Ces dernières années, il y a eu pas mal de chemin parcouru. Il y a une expression que j’aime bien : ‘Il ne faut pas être spectateur de sa vie mais en être acteur’. A Nice, j’en étais acteur mais ça ne suffit pas. Je pense qu’il faut en être l’écrivain, le compositeur, parce qu’il y a une satisfaction supplémentaire, l’impression de prendre sa vie en main et de vivre le sport de la manière dont on le conçoit.

Quels sont les changements entre Nice et Baltimore ?

Les palmiers peut-être ! (sourire) Au niveau du temps, j’ai été épargné pour l’instant. Il fait super beau, je suis même bronzé puisqu’on nage en extérieur. Mais j’aurai peut-être un autre discours cet hiver ! (rires) Baltimore, ce n’est pas la Côte d’Azur, mais ce n’est pas non plus les Etats-Unis comme en Californie, où tout est grandiose, démesuré et un peu superficiel. Il y a quand même une authenticité et un côté vieille Angleterre, avec les bâtisses en brique rouge. Ça fait penser à l’Europe. Je trouve ça super cool. Ce qui me surprend par contre, ce sont les horaires des repas ici, notamment le soir, les Américains mangent très tôt. A 19h maximum.

« J'ai même pris un peu l'accent »

Avez-vous réussi à prendre vos marques rapidement ?

Ça a été assez évident. La philosophie américaine me ressemble vachement. Du coup, je n’ai pas eu de problème avec quoi que ce soit. Au contraire, j’étais avide de culture, de curiosité, par rapport aux mœurs et à la culture. Je me suis rapidement fondu dans le truc. J’ai même pris un peu l’accent ! Vraiment, en un mois, je n’ai aucun souci depuis que je suis là. Je nage aussi pour ça, pour ce que ça peut m’apporter à côté en tant qu’être humain.

Vos entraînements ont-ils évolué depuis votre arrivée ?

Il y a beaucoup de ressemblance entre Baltimore et la France à ce sujet. Ça ne change pas. C’est peut-être un peu plus copieux ici malgré tout.

L'ambiance semble vraiment détendue

Oui c’est vrai, c’est assez surprenant les premières fois d’ailleurs. C’est vrai qu’il y a une très bonne ambiance entre nous, une atmosphère super et c’est comme ça deux fois par jour, tous les jours. Nous sommes ici pour nous amuser mais dans le même temps, nous travaillons dur.

Quel est votre relation avec votre entraîneur Bob Bowman ?

C’est une relation simple, comme celle que j’aurais aimé avoir depuis longtemps avec un entraîneur. Ça ne fait que quelques mois que je travaille avec lui, c’est quelqu’un de bien et je suis fier de m’entraîner à ses côtés.

« On se chambre pas mal avec Phelps »

Qu'est-ce qui vous plait le plus dans votre nouvelle vie ?

L’atmosphère et l’état d’esprit qui règnent. On est à la cool, on s’entraîne bien ! Ça et peut-être les roulés à la cannelle, les 'Cinnamon Rolls’ comme ils les appellent, c’est une véritable religion ici. Ce n’est pas du tout diététique mais c’est vraiment très bon !

A Barcelone, lors des Mondiaux en août dernier, vous aviez confié être libéré de quelque chose. De quoi parliez-vous ?

Je parlais de l’ambiance que j’allais trouver en arrivant à Baltimore, et je ne suis pas déçu, ça m’a libéré. La vie est cool ici et je me régale.

Avez-vous encore des contacts avec votre ancien coach, Fabrice Pellerin ?

Non, plus aucun. Nous n’avons pas eu l’occasion de nous revoir ni de nous reparler. La rupture est digérée. Ça fait un petit moment que j’ai oublié tout ça. Je suis focalisé sur l’avenir.

Michael Phelps revient nager de temps en temps à Baltimore, quelle relation avez-vous avec lui ?

C’est l’âme du club donc c’est très bien de le voir, c’est très positif pour le groupe. Lui et moi avons une relation très amicale. On se chambre pas mal également (rires) ! Il n’y a pas un seul athlète du groupe qui ne doit pas être médaillé ou sélectionné pour les JO ici, donc c’est extrêmement dense. Pour autant, il n’y a pas de guerre d’égos et on s’entend tous très bien. Je suis ravi d’évoluer ici, je me considère comme un privilégié.

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Propos recueillis par Julien Richard et à Baltimore