Agnel, le kid de la Côte

A 17 ans, le Niçois est l'un des plus grands espoirs de la natation tricolore - -
Dans la famille, grand, du Sud de la France et rapide dans l’eau, la France a déjà Alain Bernard. Yannick Agnel, c’est un peu le même modèle, en plus jeune, moins balèze et plus porté sur le demi-fond que sur le sprint. 17 ans et 2,01m pour le Niçois qui a le même goût de l’effort et de la bagarre que son aîné antibois. Son destin s’annonce aussi brillant. A Saint-Raphaël, à l’occasion des championnats de France de natation, il était autant attendu que le champion olympique du 100m nage libre. Agnel offre un profil différent d’une Laure Manaudou, sportive ultra-douée qui a abandonné toute sa jeunesse à l’entraînement pour devenir une championne.
Le Nîmois d’origine est un élève brillant, qui a bien d’autres centres d’intérêt que compter les carreaux au fond du bassin. Il est notamment fan de science-fiction (il adore Dune de Frank Herbert) et de musique classique. L’un de ses faits d’armes est d’avoir chanté l’aigle noir de Barbara en chambre d’appel. « En chambre d’appel, il y a être et paraître. Je suis toujours coolos. On y va en montrant les pecs et en se tapant dessus », avoue-t-il. La tête bien pleine, Agnel qui avoue même lire Freud, prépare actuellement un Bac S. « C’est l’objectif de la saison ! » Alors forcément il met la pédale douce sur l’entraînement. « Je ne veux pas être au repos intellectuellement parlant, je ferai peut- être une école de commerce après. Mais je ne resterai pas inactif. »
« La pression c’est ce qui transforme le charbon en diamant », a-t-il sorti un jour à son entraîneur. Pour l’instant, cette fameuse pression ne l’atteint pas. Toute la semaine, il s’est promené hilare au bord du bassin de Saint-Raphaël et a distillé sa bonne humeur après chaque course en zone mixte. Avec un Alain Bernard qui ne nagera probablement pas plus loin que Londres 2012, la natation masculine française se cherche un nouveau chef de file. A 17 ans Yannick Agnel domine l’Europe dans les catégories jeunes. Et ses premiers coups de bras dans le bassin aux requins des seniors se passent parfaitement. Il s’est qualifié sur les Europe sur 400m nage libre et est passé tout près de la qualification sur 100m. Il s’était fait connaître l’an passé en étant le héraut du slip de bain face à la déferlante polyuréthane et la fameuse Jaked.
Depuis, les nouvelles règles lui ont donné raison. Tout le monde nage sans les secondes peaux en plastique. Et forcément l’oiseau attire les médias autour de lui. « Il doit apprendre à gérer le phénomène médiatique, souligne son entraîneur à Nice, Fabrice Pellerin. Je n’ai pas envie qu’on mette des murs de protection autour de lui. » Demain dimanche, il nagera le 200m nage libre, sa course de prédilection, avec ironie de l’histoire, la possibilité d’être le premier nageur en bermuda à effacer une marque nationale établie avec les combinaisons magiques en polyuréthane. On verra alors si le charbon a commencé à se transformer en diamant.