Auguin : « Bernard fait le maximum »

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Tactiquement, la finale du 100 m olympique était-elle parfaite ?
Alain a fait ce qu’il fallait faire. On avait un peu étudié les 100m de Sullivan (son principal adversaire). Je lui avais dit que s’il était avec lui aux 75 mètres, il n’y avait pas de raison que ça ne fonctionne pas. Il a parfaitement réussi à contrôler la course. C’est le signe des grands champions, capables de maîtriser leur course et leurs émotions sur des événements aussi tendus.
La déception du 4x100 mètres (la France avait raté la médaille d’or d’un cheveu et Bernard était le dernier relayeur) quelques jours plus tôt aurait pu le toucher…
Après le relais, on a discuté tous les deux pendant une heure et demie. Je le connais bien. Il est souvent beaucoup plus fort dans la réaction que dans l’action. Je savais qu’il s’en remettrait. Nous savions l’un et l’autre qu’il était en pleine forme. Je l’ai plutôt préservé de l’environnement, qui était un peu pessimiste.
A-t-il parfois besoin d’un « père fouettard » ?
Il s’entraîne quatre à six heures par jour selon les périodes, pendant 330 jours pas an. Il y a des moments difficiles, des moments de doute et aussi des moments d’euphorie. Mon rôle, c’est de calmer les déceptions et les euphories. Tous les jours, Alain fait le maximum à l’entraînement. Parfois j’estime que ce n’est pas assez, mais c’est mon rôle.
Alain a-t-il été le moteur du sprint français ?
Ça saute aujourd’hui aux yeux du grand public. Mais finalement, ça fait cinq ou six ans que les sprinteurs français progressent régulièrement. Un coup, c’est l’un. Un coup, c’est l’autre. Cette émulation les empêche de s’endormir sur leurs lauriers. Pour entrer dans le 4x100 français aujourd’hui, il faut être de niveau mondial.