Bernard : « Ça risque d’être sanglant »

Alain Bernard - -
Alain, était-ce important pour vous de faire un dernier meeting avant les championnats de France ?
Oui et non. Quand Denis (Auguin, son entraîneur, ndlr) m’a proposé de venir il y a quelques semaines, je n’étais pas très bien à l’entraînement. J’étais fatigué, j’avais les bras lourds. J’ai eu une grosse période assez difficile en janvier-février. Je n’avais pas envie de venir ici. Avec la forme qui est revenue petit à petit, il a bien fait de m’inscrire. On est dans une bonne dynamique avec quelques autres nageurs d’Antibes.
Vous avez été battu par Yannick Agnel à Nice sur 100 m. Aviez-vous envie de replonger rapidement ?
J’ai été battu, c’est une chose. Mais c’est plus dans la manière. J’étais assez bien jusqu’aux 80-90 m et j’ai explosé complètement à la fin. C’est pour que ça que Yannick passe devant. Avec plus de fraîcheur, je ne pense pas que Yannick serait passé. Mais il m’a battu, il a été plus fort que moi. Là, c’est pour essayer de peaufiner les réglages. J’ai quelques jours de fraîcheur en plus.
Sentez-vous une certaine pression ?
Oui, avec l’excitation. Il y a l’appréhension de vouloir bien faire. On ne sait pas trop si ça va marcher. Il y a toujours cette part d’incertitude. Mais c’est aussi ce qui fait la beauté de notre sport. Il y a des hauts et des bas. Ça fait un an et demi, deux ans, que j’ai du mal à m’exprimer sur 100 m. Là, je sens que je retrouve petit à petit mon vrai niveau. Des fois, il y a des flashs sur les championnats de France. Ça arrive vite. On n’a pas chômé depuis septembre. On y est.
« Toutes les bonnes choses ont une fin »
Pensez-vous plus à Dunkerque ou à Londres ?
Dunkerque, pour moi, c’est le passage obligé. Il va falloir être aussi en forme à Dunkerque qu’à Londres. Pour aller à Londres, il faut être en forme à Dunkerque. On ne peut pas y couper. Je sens que j’ai un peu moins de marge qu’il y a quatre ans, c’est clair. Mais ils ont deux bras et deux jambes, comme moi. Si je suis en pleine capacité de m’exprimer, il n’y a pas de raisons que ça se passe mal. Mais chacun veut sa place. Ça risque d’être sanglant.
Votre carrière souffrirait-elle d’une non-qualification pour les JO ?
J’ai réussi à faire des choses dans ma carrière que je n’aurais jamais pu penser faire quand j’étais petit. Je prends vraiment cette année comme du bonus. Il y a toujours l’envie de bien faire. Ça met quelques cailloux dans l’engrenage. A ce niveau-là, ça se paye cher. Mais je prends tout ce qu’il y a à prendre. J’y vais sans retenue. Je donne le meilleur de moi-même. Si les autres sont meilleurs que moi mais que j’ai tout donné, je n’aurais aucun regret.
Réfléchissez-vous à votre après-carrière ?
Je suis conscient qu’il y a une vie à côté. Je suis en train de préparer ma reconversion, petit à petit. J’ai plusieurs pistes. J’ai envie de faire un métier qui me plaise. Pourquoi ne pas utiliser mon image pour des œuvres caritatives ? Et vraiment m’investir à fond là-dedans. J’ai eu la chance d’avoir une certaine notoriété. On me demande de faire des choses mais je dis non à contrecœur parce qu’il y a les entraînements, la compétition. C’est ce qui occupe la majeure partie de mon temps. Toutes les bonnes choses ont une fin. Je pense que j’en ai bien profité.