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Bernard : « Ça risque d’être sanglant »

Alain Bernard

Alain Bernard - -

Le Français se testait une dernière fois à Barcelone ce week-end avant les championnats de France de Dunkerque (18-25 mars). Dans le Nord, les places pour les Jeux Olympiques de Londres vaudront très cher.

Alain, était-ce important pour vous de faire un dernier meeting avant les championnats de France ?

Oui et non. Quand Denis (Auguin, son entraîneur, ndlr) m’a proposé de venir il y a quelques semaines, je n’étais pas très bien à l’entraînement. J’étais fatigué, j’avais les bras lourds. J’ai eu une grosse période assez difficile en janvier-février. Je n’avais pas envie de venir ici. Avec la forme qui est revenue petit à petit, il a bien fait de m’inscrire. On est dans une bonne dynamique avec quelques autres nageurs d’Antibes.

Vous avez été battu par Yannick Agnel à Nice sur 100 m. Aviez-vous envie de replonger rapidement ?

J’ai été battu, c’est une chose. Mais c’est plus dans la manière. J’étais assez bien jusqu’aux 80-90 m et j’ai explosé complètement à la fin. C’est pour que ça que Yannick passe devant. Avec plus de fraîcheur, je ne pense pas que Yannick serait passé. Mais il m’a battu, il a été plus fort que moi. Là, c’est pour essayer de peaufiner les réglages. J’ai quelques jours de fraîcheur en plus.

Sentez-vous une certaine pression ?

Oui, avec l’excitation. Il y a l’appréhension de vouloir bien faire. On ne sait pas trop si ça va marcher. Il y a toujours cette part d’incertitude. Mais c’est aussi ce qui fait la beauté de notre sport. Il y a des hauts et des bas. Ça fait un an et demi, deux ans, que j’ai du mal à m’exprimer sur 100 m. Là, je sens que je retrouve petit à petit mon vrai niveau. Des fois, il y a des flashs sur les championnats de France. Ça arrive vite. On n’a pas chômé depuis septembre. On y est.

« Toutes les bonnes choses ont une fin »

Pensez-vous plus à Dunkerque ou à Londres ?

Dunkerque, pour moi, c’est le passage obligé. Il va falloir être aussi en forme à Dunkerque qu’à Londres. Pour aller à Londres, il faut être en forme à Dunkerque. On ne peut pas y couper. Je sens que j’ai un peu moins de marge qu’il y a quatre ans, c’est clair. Mais ils ont deux bras et deux jambes, comme moi. Si je suis en pleine capacité de m’exprimer, il n’y a pas de raisons que ça se passe mal. Mais chacun veut sa place. Ça risque d’être sanglant.

Votre carrière souffrirait-elle d’une non-qualification pour les JO ?

J’ai réussi à faire des choses dans ma carrière que je n’aurais jamais pu penser faire quand j’étais petit. Je prends vraiment cette année comme du bonus. Il y a toujours l’envie de bien faire. Ça met quelques cailloux dans l’engrenage. A ce niveau-là, ça se paye cher. Mais je prends tout ce qu’il y a à prendre. J’y vais sans retenue. Je donne le meilleur de moi-même. Si les autres sont meilleurs que moi mais que j’ai tout donné, je n’aurais aucun regret.

Réfléchissez-vous à votre après-carrière ?

Je suis conscient qu’il y a une vie à côté. Je suis en train de préparer ma reconversion, petit à petit. J’ai plusieurs pistes. J’ai envie de faire un métier qui me plaise. Pourquoi ne pas utiliser mon image pour des œuvres caritatives ? Et vraiment m’investir à fond là-dedans. J’ai eu la chance d’avoir une certaine notoriété. On me demande de faire des choses mais je dis non à contrecœur parce qu’il y a les entraînements, la compétition. C’est ce qui occupe la majeure partie de mon temps. Toutes les bonnes choses ont une fin. Je pense que j’en ai bien profité.

Propos recueillis par Antoine Arlot, à Barcelone