Entraîné par Philippe Lucas, chrono historique sur 800m: qui est Ahmed Jaouadi, le Tunisien de 20 ans sacré aux Mondiaux de natation?

Il est sorti de l’eau avec un immense sourire, à l’image de sa performance stratosphérique. Ahmed Jaouadi a marqué les esprits en raflant le titre sur 800m nage libre, ce mercredi, aux Mondiaux de natation de Singapour. Auteur d’une course spectaculaire, le jeune Tunisien a fait parler sa puissance, sa vitesse et son endurance pour décrocher son premier sacre d’envergure en grand bassin. Sans jamais faiblir, avec un dernier 50m bouclé en 27’’22, qui a laissé sur place les Allemands Sven Schwarz (7’39’’96) et Lukas Maertens (7’40’’19), recordman d’Europe du 400m.
De quoi permettre à Ahmed Jaouadi de signer le troisième chrono de l’histoire sur 800m en 7’36’’88, derrière ceux du Chinois Li Zhang (7’32’’12) et de son compatriote Oussama Mellouli en 2009 (7’35’’27). Mieux qu’un autre Tunisien dont il partage le prénom: Ahmed Hafnaoui (22 ans), titré en 2023 à Fukuoka (7’37’’00). Jaouadi a d’ailleurs dédié sa victoire du jour au champion olympique 2021 du 400m nage libre, suspendu vingt-et-un mois par l’Unité d’intégrité des sports aquatiques en avril dernier pour avoir commis trois manquements aux obligations de localisation.
"Philippe Lucas a su comment me gérer"
Le néo-champion du monde du 800m, qui avait dominé les séries vendredi en signant le meilleur temps (7’41’’58), a également remercié Philippe Lucas, l’ancien coach emblématique de Laure Manaudou, avec qui il s’entraîne à Martigues depuis l’automne 2023. Peu après son triomphe, Ahmed Jaouadi est d’ailleurs tombé dans les bras de son mentor français. "Il y a eu beaucoup de travail, des bons et des mauvais moments avec Philippe", a-t-il confié sur France 3. "Il a su comment me gérer, me parler et me mettre sur la bonne voie. Je ne suis pas un nageur facile à gérer. Ce titre, c’est grâce à lui (…) Pendant la course, j’ai essayé de gérer ça, 50m par 50m, voir ce que les autres allaient faire. Et puis personne ne voulait passer devant, je me suis dit que c’était là ou jamais… Ça fait plaisir."
Après avoir débuté à l’Avenir sportif de La Marsa, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Tunis, Ahmed Jaouadi a rallié la France afin de poursuivre ses études et développer sa carrière de nageur. D’abord à Grenoble, avant de s’installer à Martigues. "C’est un garçon que j’ai récupéré il y a deux ans et qui avait un niveau national", explique Philippe Lucas sur RMC. "Je l’avais vu nager plusieurs fois en compétition. Il avait un talent, c’était un beau nageur. Je l’ai contacté et il a pris la décision de venir s’entraîner avec moi."
"Il n’est pas facile, mais c’est un travailleur"
Après avoir disputé ses premiers Mondiaux en grand bassin en février 2024 à Doha, l’espoir tunisien a brillé quelques mois plus tard aux championnats de France de Chartres en s’imposant sur 400m, 800m et 1.500m. Il a ensuite disputé ses premiers Jeux olympiques à Paris en terminant notamment quatrième du 800m. En fin d’année, Jaouadi a décroché son premier titre de champion du monde en petit bassin sur 1.500m à Budapest, en récupérant aussi le bronze sur 800m. Avec une pointe de déception.
"Le 800m, je l’ai raté de peu. J’aurais pu faire mieux, mais ça viendra et je travaillerai pour", avait-il alors lâché. "Il sera encore plus fort dans un avenir très proche", avait appuyé Philippe Lucas. Sept mois plus tard, l’athlète maghrébin est sur le toit de la planète. Avec un horizon qui s'annonce radieux. "Aujourd’hui, il gagne en faisant une très belle performance. Comme tous les champions, il n’est pas facile, mais c’est un travailleur et un grand compétiteur", salue son coach français. En attendant un doublé tonitruant dimanche en finale du 1.500m?