EXCLU RMC Sport - Agnel : « Je rejoins Horter à Mulhouse »

Yannick Agnel - -
Yannick, quelle est votre décision concernant votre avenir ?
Ma décision est de revenir en France et de m’entrainer la saison prochaine à Mulhouse, avec Lionel Horter (qui a démissionné lundi de son poste de DTN, ndlr).
Vous hésitiez encore la semaine dernière. Avez-vous décidé ça ces dernières heures ?
Non, j’ai dû murir le truc un petit peu puisque j’ai parlé plusieurs fois avec Bob (Bowman) ces dernières semaines et Lionel (Horter) ces derniers jours. C’était très réfléchi. Je me sens super bien aux Etats-Unis, c’est une aventure humaine formidable mais la méthode ne me convient pas et les résultats s’en suivent. Est-ce que, par fierté, je dois prendre le risque de continuer et que les Jeux Olympiques ne se passent pas au mieux dans 18 mois ? Ou est-ce que je reviens en France dans quelque chose qui me convient mieux sur le plan sportif ? Mon choix a été fait.
Qu’êtes-vous allé chercher là-bas ?
J’étais allé chercher autre chose. Les Américains m’ont donné une autre vision du sport. Si Bob Bowman n’avait pas été là il y a un an et demi (au moment de sa séparation avec Fabrice Pellerin, ndlr), je serais en train de regarder le sport à la télé. Il m’a donné une autre vision, un autre état d’esprit. C’est un truc que je garderai en moi et une aventure que je n’oublierai jamais.
« Cette méthode ne fonctionne pas »
Quand vous êtes-vous rendu compte que ça ne marchait pas ?
Quand une préparation ne fonctionne pas, on se dit qu’on peut rectifier le tir. Au bout de deux ou trois mois, on peut commencer à se poser des questions. Je ne suis pas le seul à me rendre compte que c’était assez compliqué pour moi au niveau technique. Je ne critique pas la méthode mais elle n’est pas adéquate pour moi. Et à un moment donné, il faut prendre des décisions. J’ai 18 mois avant les JO, il faut que je sois pragmatique. Je n’ai plus qu’à retrouver ma technique, ma nage. Tout le travail que j’ai fait va forcément payer. Je ne suis pas inquiet.
Bob Bowman a-t-il été surpris ou déçu de votre choix ?
Non, il pense aussi que c’est la bonne décision. Il me soutient et a été très classe. C’est un grand monsieur. C’est pour ça que je suis à la fois soulagé et déçu de partir parce que c’est un vraiment un mec bien. Il n’y absolument rien de personnel. J’adore tous les mecs (du groupe) de Baltimore, il y avait une super atmosphère.
Le travail va-t-il changer fondamentalement avec Lionel Horter ou allez-vous faire un mix avec ce que vous avez appris aux Etats-Unis ?
Je pense que c’est à mi-chemin entre ce que je faisais avant en France et ce que j’ai fait l’année dernière aux Etats-Unis. Refaire toutes les fondations, ce serait trop compliqué. Je pense que c’est dans la continuité. Lionel a un pedigree. On se connait depuis très longtemps et on s’entend extrêmement bien. On en avait discuté, lui à titre de DTN. Comme il a démissionné, on a regardé les options envisageables. Je pense que Mulhouse est la solution la plus adaptée aujourd’hui.
« Pas une girouette »
Connaissez-vous Mulhouse ?
Un petit peu. Ce n’est pas la ville la plus sexy du monde, mais Baltimore non plus. Je suis quelqu’un de vachement sensible et je lis parfois des tweets qui disent : « Le mec se plante », « il n’a pas de mental », « il se la pète en partant aux Etats-Unis ». Les gens ne se rendent pas compte que je suis champion olympique et du monde et que, si j’avais voulu me la couler douce, je ne serais pas parti à Baltimore pour m’entraîner plus, ou aujourd’hui à Mulhouse. J’aurais choisi un endroit plus exotique.
Avez-vous des doutes avant d’entamer ce cycle qui va vous emmener jusqu’aux Jeux de Rio ?
Non, pas vraiment. Si je change une troisième fois en peu de temps, ce n’est pas parce que je suis une girouette. Il y a une méthode qui ne fonctionne pas et je suis pragmatique. Je suis assez serein parce que je sais que je vais dans la bonne direction.