F. Manaudou : « Je préfère 100 fois être champion olympique que battre le record du monde »

Florent Manaudou - AFP
Cette fois, ce sont « les vacances, les vraies », pour Florent Manaudou. Après quelques jours de repos à l’issue des championnats d’Europe, le triple médaillé d’or à Berlin a enchainé les sollicitations avec ses partenaires. « Je vais avoir deux semaines pour souffler un petit peu, ne rien faire, se lever à midi, explique-t-il. Profiter de faire du bateau, du foot avec les potes et un peu de surf sur la côte basque… » Des vacances avant de reprendre l’entraînement le 27 octobre avec l’ensemble de l’équipe de France, qui sera réunie en stage à Biarritz. Florent Manaudou est revenu pour RMC Sport sur une année 2014 où il a failli zapper les championnats d’Europe et s’est projeté sur son avenir : une année 2015 ponctuée par les championnats du monde à Kazan. Avant le sprint final vers les JO de Rio.
Une (trop) longue saison 2013-2014
« Comme beaucoup de nageurs de l’équipe de France, j’ai voulu faire un break. Avec le recul, je pense que c’est parce que c’était une année européenne et on a tous eu le même sentiment : on est entre deux Jeux Olympiques et c’est une année un peu moins motivante pour nous quand il n’y a pas les Américains ni les Australiens. C’est différent. On l’a vu quand on a gagné le relais, ce n’était pas la même saveur. Je pense que l’année prochaine, ce sera mieux. On va tous nager à fond et on n’aura pas de doutes pendant la saison. La saison était longue aussi, on a commencé en septembre-octobre et ça s’est terminé le 25 août. C’était un peu trop long. »
Un premier record du monde en décembre ?
« Je vais faire les championnats du monde en petit bassin à Doha mais je ne vais pas me préparer spécifiquement pour ça. Je ne me pose pas trop la question pour le moment. Je vais voir ce que je fais à Compiègne (du 17 au 19 octobre) pour ma rentrée. Quand j’ai approché le record du monde d’Amaury Leveaux à 1 dixième en décembre dernier (45’’04), je me suis dit que j’avais peut-être fait une course presque parfaite. J’étais en grande forme et j’avais battu tous mes meilleurs temps… Donc on verra les temps, mais ce sera compliqué de s’en approcher. Ce sera un objectif parce que je ne vais pas monter sur le plot en me disant que je veux faire 46’’00. Mais si je me rapproche de mon chrono de l’an dernier, je serai déjà très content. »
De Londres à Rio
« Ça va aller très vite. J’ai l’impression que les Jeux de Londres, c’était hier donc je me dis que Rio c’est dans très peu de temps. Je ne me prends pas la tête. Je vis un peu au jour le jour, j’essaie de prendre un maximum de plaisir à l’entraînement, ce qui n’est pas toujours simple. Mais j’ai la chance d’être sprinteur et donc de moins nager à l’entraînement. »
Nageur pendant combien de temps ?
« Au moins deux ans… Je pense que les Jeux, si je suis bien préparé, ça peut être la meilleure compétition de ma vie, où je peux faire les meilleurs temps. Après, tout dépendra de mes résultats. Si j’arrive à être champion du monde l’été prochain et champion olympique, voire double champion olympique à Rio, j’aurai peut-être envie d’arrêter parce que j’aurai le sentiment du devoir accompli. Après, si je fais deuxième aux Mondiaux et aux JO, ce sera peut être différent. Dans ma tête, j’ai envie de regagner les Jeux. Je pense que 2016, ce serait parfait. J’aurai 26 ans, c’est l’âge parfait.
Après, il y aura peut-être des petits nouveaux, Cesar Cielo, etc… Donc rien n’est fait. Je pense que sur 50m, on peut durer longtemps. Après, il y a un tel niveau d’exigence que je ne sais pas si je vais continuer jusqu’à 30-35 ans. C’est sûr que j’ai les exemples de Fred (Bousquet, 33 ans) et Anthony Ervin (l’Américain de 33 ans, champion olympique du 50m en 2000). Mais Fred n’a jamais gagné de grand titre individuel et ça le motive encore et Anthony, lui, a arrêté pendant près de 10 ans. Moi, c’est différent. J’ai gagné à 21 ans donc ça a un peu faussé la donne et je comprends un peu mieux pourquoi Romain (Barnier son entraîneur, ndlr) me disait qu’il ne fallait pas que je gagne les Jeux en 2012. »
Rester invaincu sur 50m
« Tous les sportifs veulent rester invaincus, mais je préfère par exemple perdre les championnats de France et gagner les championnats du monde. Rester invaincu, c’est bien, mais il vaut mieux gagner des titres importants. Tout le monde me parle aussi du record du monde, mais je préfère 100 fois être champion olympique que battre le record du monde. »
Pour Agnel, un choix compliqué
« Je ne suis pas dans sa tête et Yannick, c’est un garçon que j’adore ! Encore plus depuis qu’il a quitté Nice parce que je le trouve beaucoup plus épanoui. Après, c’est un avis personnel et sur le plan sportif, il était meilleur avec Fabrice (Pellerin) mais sur le plan humain, il est meilleur avec Bob (Bowman) donc c’est compliqué. Bob Bowman est un très bon entraîneur. Après, il est peut-être noyé dans la masse avec le retour de Phelps. Je pense que s’il persiste, ça peut très bien marcher comme ne pas marcher du tout. Il faut voir. »