Henique, au nom des siens

Mélanie Hénique savoure sa médaille de bronze mondiale sur 50 m papillon. - -
Elle l’a répété six fois. Comme pour s’en persuader. « C’est énorme… » Oui, Mélanie, le mot n’est pas trop fort. A 18 ans, Mélanie Henique s’est offert pour un petit centième, samedi à Shanghai, une médaille de bronze mondiale sur 50 m papillon au bout d’une course de folie synonyme de nouveau record de France (25’’86). Un an après le bronze surprise de Budapest sur la même distance, aux championnats d’Europe, la Picarde confirme à l’échelon supérieur. Un rêve devenu réalité au bout d’une saison difficile où elle a dû concilier préparation sportive et obtention, il y a quelques semaines et au rattrapage, de son baccalauréat section ES. « Je n’y crois pas, lance Mélanie. C’est le plus beau jour de ma vie. Ça n’allait pas super bien à l’échauffement mais je me suis dit : ‘‘tu n’as rien à perdre, vas-y, fonce !’’ »
Une envie de déplacer des montagnes relevée par Michel Chrétien, son entraîneur à Amiens : « Quand j’ai vu sa détermination derrière le plot, je me suis dit que ça allait sûrement le faire. Quand Mélanie a décidé de s’arracher pour faire le meilleur résultat possible, on peut lui faire confiance. » Henique n’a peur de rien. Ni de personne. Pas même de la Néerlandaise Inge Dekker (victorieuse en 25’’71) ou de la Suédoise Therese Alshammar (2e). Le culot de la jeunesse. « Elle n’est pas complexée, confirme Michel Chrétien. Elle est même très forte face à des nageuses d’un plus grand standing qu’elle. Ça la motive. Et en même temps, elle s’en détache, elle sait se centrer sur elle-même. »
Michel Chrétien : « Elle a fait sa crise d'ado avec moi »
Pétillante, rigolote et déterminée, issue d’une famille modeste, Henique tire sa force de son entourage. Ses parents et ce coach, dont elle est si proche. Ainsi que son meilleur ami, un certain Jérémy Stravius, triple médaillé à Shanghai, dont elle a porté le bonnet à chacune de ses courses à Shanghai. Une relation dans l’esprit grand frère-petite sœur. « Je n’allais pas le laisser tout seul avec ses médailles, le Jéjé, s’amuse Mélanie. Son bonnet m’a porté chance. Cette médaille est due au travail effectué toute l’année, pas à ce bonnet, mais ça aide psychologiquement. On se sent mieux. » Et Michel Chrétien d’expliquer : « Mélanie est beaucoup dans l’affectif et ça la rend forte. Elle se donne totalement à partir du moment où elle a confiance. »
Après l’or mondial de Stravius, Henique a pleuré de joie pendant une demi-heure. Après son podium, elle est tombée dans les bras de son entraîneur, la larme à l’œil. Au nom des siens, toujours. « Je pense à ma mère, à mon père. Je dédie aussi cette médaille à mon entraîneur. Il trouve toujours les mots pour me soutenir et me donner l’envie d’avancer. » Un lien très fort raconté par le coach : « Elle a commencé à nager avec moi à 13 ans. Elle a fait sa crise d’ado avec moi… » Avant de devenir sous ses yeux une sacrée graine de championne.
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JO 2012 : Cap sur le 100 mètres papillon !|||
Le 50 mètres « pap » n’étant pas inscrit au programme olympique, Mélanie Henique devra monter sur la distance supérieure si elle veut être du voyage à Londres. « Elle rêve d’aller aux Jeux, indique Michel Chrétien, son entraîneur. L’objectif de l’année prochaine sera donc de passer sur ce 100 m papillon qui est très difficile pour elle, même si elle a progressé. Tous les ans, elle passe un cap sans problème. Ce sera peut-être un peu plus dur pour passer au 100 pap mais je pense qu’on va modifier certaines choses dans sa préparation. Je commence à bien la connaître et j’ai une idée de ce qu’il faudra faire. »
Un programme qui devra s’adapter à une nouvelle réalité médiatique. Avec le duo Stravius-Henique et leur moisson de médailles aux Mondiaux, les journalistes vont pointer un peu plus le bout de leur nez dans le bassin du Amiens Métropole Natation. « On était assez discrets, et ça nous allait bien, mais maintenant on va être plus exposés, souligne Michel Chrétien. Il va falloir trouver les moyens de se protéger, de continuer à bien travailler comme Jérémy et Mélanie savent le faire, en toute simplicité et avec de grands objectifs. »