Le 100m de tous les dangers ?

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L’entrée des artistes. A l’occasion d’un 100m d’une densité jamais égalée sur des championnats de France, Fabien Gilot devance vendredi William Meynard et Yannick Agnel. Tous les projecteurs se braquent sur le trio vainqueur, mais aussi sur les Bernard, Stravius, Leveaux et Bousquet, tous candidats au titre mais qui se contenteront des places d’honneur. Le sprint français ne s’est jamais aussi bien porté. Mais plutôt que de sombrer dans l’optimisme béat, certains ont déjà tiré le signal d’alarme.
« Ce qu’il se passe va se payer très cher, prédit Fabrice Pellerin, entraîneur de Yannick Agnel. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, plus le 100m va être dense, plus notre natation risque de s’affaiblir. Si on est aveuglé par ce 100m, on va vers la catastrophe à l’approche des Jeux et après les Jeux. Il y a une désertification sur les autres épreuves. Il faudra six à huit ans pour rattraper ça. » Pellerin a pourtant aligné Agnel sur 100m. Un discours contradictoire ? « Yannick agrémente son programme par des moments de plaisir, précise Pellerin. Le 100m NL, c’est la salade dans l’assiette autour de la viande. Ce n’est pas l’objectif le plus important. »
Duboscq : « Bernard est l’homme à abattre »
Ce n’est certainement pas Alain Bernard qui dira le contraire. Le champion olympique se dit « usé » par la tension des championnats de France. « Il est l’homme à abattre à chacune de ses sorties », ajoute Hugues Duboscq en observateur attentif. Le sprinteur que tous rêvent de renverser. Son entraîneur précise. « Ce qui m’inquiète, c’est que certains viennent pour l’attrait du relais, glisse malicieusement Denis Auguin. Les gens se disent qu’on peut faire une médaille et être associé au podium. C’est un peu de l’opportunisme. C’est humain, mais est-ce du très haut niveau ? »
Parmi les autres entraîneurs nationaux, on ne partage pas l’avis de Pellerin. Même si Lionel Horter reconnaît qu’il s’agit de « l’épreuve phare médiatiquement », le patron des entraîneurs ajoute : « L’attrait du 100m dure depuis 20 ans. Alain Bernard draine aujourd’hui dans son sillage des nageurs de niveau mondial. Le 100m se suffit à lui-même en émulation. » Même son de cloche chez le DTN. « On deviendra plus célèbre par le 100m que par le 1500m, mais ce n’est pas sportif, tranche Christian Donzé. Si on n’a que des problèmes à résoudre sur le 100m nage libre, on serait la meilleure nation du monde. Je ne pense pas qu’on n’existe qu’avec le 100m nage libre. » Les Lacourt, Duboscq &Co apprécieront.