Leveaux : «Quand je serai prêt, ça va être la boucherie !»

Amaury Leveaux - -
Amaury Leveaux, comment cela se passe au quotidien avec Philippe Lucas?
C'est bourrin tout le temps. Tu te lèves le matin t'es explosé... Mais tu arrives à l'entraînement il est souriant. Il te dit : « Ah je suis en forme ce matin, qu'est-ce que tu vas prendre dans la gueule ! » Ce sont des petits trucs, mais il te donne le sourire. Parfois, tu n'es pas motivé, et il arrive à te faire faire ce qu'il veut.
Vous sentez que vous progressez à ses côtés ?
Il y a des moments où on est vraiment en phase et je suis super fort dans l'eau. Parfois, je l'envoie chier, c'est très sec, c'est franc. Lui aussi. Et ça clashe. Plusieurs fois, il m'a dit « Dégage ! De toute façon t'es une tringle, t'es une merde ». Mais avec du recul je me dis qu'il fait ça parce qu'il sait que j'ai besoin de repos à ce moment-là. C’est comme un père avec son fils. Si ça ne va pas, il ne va pas me dire le contraire. Il est exigeant sur tout ce qui se passe dans l'eau. En dehors tu fais ce que tu veux. Tu peux sortir si tu veux, mais une fois dans l'eau, si tu ne fais pas le temps qu'il te demande tu dégages... C'est ça qui me plait.
C’est lui qui a façonné Laure Manaudou !
A l’époque, Laure me disait : J'ai fait telle ou telle chose à l'entraînement et je ne la croyais pas ! Et là je me rends compte de ce que c'est avec Philippe. Et je me dis que quand je serai dans le bassin prêt, affuté et rasé, avec l’envie d'en découdre avec les autres, ça va être la boucherie.
Amaury Leveaux, que répondez-vous à ceux qui pensent que vous êtes "perdu" pour la natation, qui disent que vous êtes un "fêtard"?
A Budapest ils ont du se dire c'est bon, il s'éclate à Paris, il fait la fête et il ne s'entraîne pas. Oui je sors, je sais que c'est mal vu de sortir. Mais quoi, Phelps il ne sort pas? A 21h il est au lit? On ne peut pas être dans notre truc tout le temps, la natation, la natation, la natation... Sinon tu pètes un plomb et tu ne tiens pas une saison! Mais il faut arrêter, je ne sors pas tous les week-ends. Ca a du m'arriver 3 ou 4 fois depuis début septembre! La réponse elle est dans l'eau. Mais pour ceux qui ont pu penser ça, la donne a changé. Ils savent que je suis avec Philippe (Lucas). Laure (Manaudou) par exemple a prévenu Fred (Bousquet) sur ce point là. Il me l'a dit à Budapest. Il m'a dit que Laure lui avait répété que j'allais nager avec Philippe. Il a dit que ça allait faire mal.
« Avec Lucas, parfois ça clashe »
Comment vivez-vous la concurrence franco-française ?
Il ne faut pas se voiler la face, ça ne marche pas en relais. Nous tu nous mets sur un terrain de paint-ball, on va tous se tirer dessus, alors que les Américains ils vont se mettre ensemble pour tuer les autres. On n'a pas encore cette culture, on n'y arrive pas et c'est pour ça qu'à chaque fois on se fait battre.
Certains de vos propos sur Yannick Agnel ont été perçus comme de la jalousie. Etes-vous jaloux de sa réussite?
Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Non, je ne suis pas jaloux, pourquoi je serai jaloux d'un titre de champion d'Europe ? Je suis deux fois vice champion Olympique, j'ai eu des médailles mondiales. A la rigueur je pourrai être jaloux d'Alain Bernard. Yannick a fait un truc bien, il est jeune, il a beaucoup de talent.
Que doit-on attendre de vous à Chartres ?
On travaille beaucoup donc je ne serai pas très performant à Chartres. L'objectif est de gagner en 2012 à Londres. Pour les championnats de France à Strasbourg (grand bassin en mars), s’il y a des paris à faire sur Internet, pariez sur moi, il n'y a pas de soucis...