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Lucas : « J’ai besoin d’être bien payé »

Philippe Lucas

Philippe Lucas - -

La fin de sa collaboration avec Federica Pellegrini, Laure Manaudou, l’équipe de France, l’argent. Quand Philippe Lucas parle, ça fait du bruit. Entretien exclusif. Et brut de décoffrage. Du pur Lucas dans le texte…

La fin de votre collaboration avec Federica Pellegrini fait beaucoup parler…

J’ai l’habitude… J’avais un contrat jusqu’au 31 juillet 2011. On a bien travaillé ensemble. J’étais très satisfait de son travail et de son implication. C’est une grande nageuse, facile à entraîner. On ne s’est pas parlé depuis les Mondiaux. Je l’ai appelé une fois, elle ne m’a pas répondu. Mais il n’y a aucun souci.

Quelles sont les raisons de cette séparation ?

Je n’avais pas envie d’aller à Vérone. Et elle n’avait pas envie d’aller à Paris. Si j’avais eu un contrat à long terme, avec des objectifs, j’aurais peut-être réfléchi. Mais ça n’a pas été le cas. La discussion avec la Fédération italienne a été brève.

Pourquoi ne vouliez-vous pas aller à Vérone ?

Paris, c’est mieux pour vous, pour mon image, pour faire des choses le soir à côté de la natation. J’aurais perdu trop d’argent là-bas.

Quitter une telle nageuse à un an des JO ne vous laisse-t-il pas un goût amer ?

Vous savez, elle a peut-être plus à perdre que moi… Elle a encore une grande marge de progression. Elle peut nager beaucoup plus vite. Après, c’est sûr que c’est plus simple d’avoir une nageuse du calibre de Pellegrini pour décrocher un titre.

On vous sent tout de même abattu…

Abattu ? (Rires.) Mais ça ne va pas ou quoi ? Il faut arrêter les conneries… Si j’avais eu envie d’entraîner à Vérone, j’aurais dit oui.

« Manaudou ? C’est du passé »

En avez-vous marre de ces nageuses qui changent d’avis tous les six mois ?

Les Manaudou, les Pellegrini, elles sont comme ça. Il n’y a qu’en France que ça ne bouge pas. J’ai vu de grands nageurs prendre des claques dans la gueule à Shanghai mais ils vont rester avec leur entraîneur. Pellegrini, elle fait double championne du monde mais elle décide de faire autre chose. Ce sont des filles hors normes. C’est pour ça qu’elles gagnent.

Est-ce la même chose pour les Américaines ?

C’est un autre système. Vous êtes entraîneur dans une université donc vous gagnez bien votre vie. Car il faut dire que nous, les entraîneurs de natation, on gagne de la merde. Je ne vais pas aller à Vérone pour gagner deux francs six sous, vous comprenez ? C’est dix fois plus facile d’entraîner aux Etats-Unis qu’en Italie ou en France. Il n’y a pas photo.

Vous dites ne pas gagner d’argent…

J’ai dit : « nous, les entraîneurs de la natation ». Je n’ai pas dit Lucas, d’accord ? Il ne faut pas tout mélanger. Mais, de façon globale, vu l’investissement que ça demande, on gagne de la merde. Moi, j’ai besoin d’avoir un contrat à long terme et d’être bien payé. Sinon, je n’y vais pas.

Peut-on vous imaginer un avenir auprès de l’équipe de France ?

Je ne reviendrai jamais de ma vie en équipe de France. J’ai mes raisons personnelles. Il y a des gens que je n’aime pas et des choses qui se sont passées. Après, bien sûr que j’ai des contacts et que des nations s’intéressent à moi.

Et un retour auprès de Laure…

Ah non, non. C’est une fille que j’aime bien mais Manaudou, c’est du passé. Elle en a marre que je parle d’elle et moi j’en ai marre qu’on parle de moi avec elle. Elle a sa vie aux Etats-Unis, elle travaille avec un grand entraîneur (Brett Hawke, ndlr) et elle va faire de belles choses. Mais elle et moi, c’est terminé.