Manaudou : l’éclipse qui dure

Manaudou est revenue des championnats d'Europe en petit bassin avec une seule médaille de bronze sur 100 m dos. - -
Les affiches s’étalaient dans les couloirs du métro parisien. La belle Laure vantait les mérites d’une célèbre marque de prêt-à-porter. Elle faisait partie des sportifs préférés des Français, enchaînait les émissions de télé… C’était hier et ça n’est plus. Fer de lance de la natation française depuis ses performances réalisées à Athènes en 2004, Laure Manaudou n’est plus, désormais, que l’ombre d’elle-même. D’abord perturbée par des problèmes d’ordre privé, la jeune femme s’est ensuite séparée de son entraîneur emblématique, Philippe Lucas pour s’envoler vers Italie. Et se perdre dans la Botte. Le résultat ? Une désillusion et des larmes…
Quelques mois plus tard, Laure Manaudou quitte la piscine olympique chinoise abattue. Revenue en France juste avant les JO, elle avait cherché sérénité et réconfort. Trop tard pour espérer se frotter aux meilleures. Aujourd’hui, l’intéressée refuse de tomber dans le catastrophisme. « Je m’approche de mon meilleur temps. Il reste beaucoup de choses à faire. Ça prouve que je peux encore m’améliorer », voulait-elle rassurer après sa médaille de bronze sur 100 m dos lors des championnats d’Europe de Rijeka. Un changement d’état d’esprit. « Je suis moins stressée. Je prends plus de plaisir qu’avant. Je me dis que ce n’est qu’un sport. Tout le monde peut gagner. Tout le monde peut perdre. J’ai été des deux côtés. Désormais, mon but est de remonter le plus vite possible. J’espère y arriver. »
« Les gens ne m’attendent pas forcément »
Pour atteindre ses nouveaux objectifs, Laure Manaudou change ses habitudes. Et se raccroche à tout ce qui peut la faire progresser. Notamment la bonne tenue de la natation masculine française. Boostée par la réussite d’Alain Bernard hier et celle d’Amaury Leveaux aujourd’hui, elle veut remonter la pente. « Je me dis que j’étais la dernière aux Jeux. Les gens ne m’attendent pas forcément même si je suis encore là. Ils pensent que d’autres sont devant moi et peuvent me battre. Et ce n’est pas faux. » C’est même de plus en plus vrai. Et alors qu’on pensait l’ex-reine déchue sur le chemin de la rédemption, elle a été éliminée, dimanche, en série du 200 m dos. Un couac à nuancer cependant. Battue par Alexandra Putra et Alexiane Castel, médaillées d’or et d’argent, elle n’a dû en effet son éviction qu’à la règle des quotas qui interdit les nations d’aligner plus de deux nageurs en demi-finales. Peu importe les règlements, Laure Manaudou n’était que la troisième des Françaises. Déçue de ne pas avoir pu défendre ses chances, elle a quitté la piscine de Rijeka tête basse et muette.