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Mondiaux : Gilot, de soleil collectif à astre solitaire ?

Fabien Gilot

Fabien Gilot - -

Souvent sur le podium en relais, Fabien Gilot ne compte à son palmarès qu’une seule médaille internationale individuelle en grand bassin. Qualifié pour la finale du 100 m nage libre des Mondiaux de Barcelone, ce jeudi (18h34), le Marseillais espère enfin briller en solo sur la scène planétaire.

Un aller-retour gravé dans la mémoire collective du sport français. Dimanche soir, Fabien Gilot prend le troisième relais d’une équipe de France en retard en finale du 4x100 m NL. Cent mètres plus tard, le chrono claque : 46’’90, cinquième temps lancé de l’histoire hors combinaisons, et un Stravius mis sur les rails d’une légendaire médaille d’or mondiale. Joli symbole. Car Gilot versant collectif, c’est le taulier. Le patron. Un côté « les copains d’abord » qui lui a permis d’engranger… 11 médailles en relais (dont un titre européen, un mondial et un olympique) entre 2003 et 2013. Un soleil collectif, quoi. Mais pas un astre solitaire.

Sur la même période ? Une seule breloque individuelle en grand bassin, le bronze européen sur 50 m en 2010. Pas à la hauteur de son potentiel. Et ce constat régulier : rage au ventre en relais, timidité en solo. Fort dans la tête d’un côté, friable mentalement de l’autre. « Ce n’est pas que c’est plus dur de me transcender quand je suis tout seul, juge le Français. Mais mon envie de bien faire me fait parfois nager trop précipitamment. » Le garçon a aussi joué de malchance. Non sélectionné sur 100 m aux « Europe » de Budapest, en 2010, pour avoir manqué les minima des séries lors de son sacre national. Blessé à la jambe à l’été 2010. Blessé à l’épaule et opéré de l’appendicite à l'automne dernier pour quatre mois loin des bassins où son cerveau a gambergé. «J’ai pris conscience que j’aimais cette vie, raconte l’intéressé, que je voulais encore y goûter pendant quelques années. »

« Il faudra aller encore plus vite »

Alors Fabien est revenu, motivé. Et malgré une préparation imparfaite, la récompense mondiale individuelle pourrait enfin surgir à 29 ans. Troisième aux « France » sur 100 m mais sélectionné à Barcelone en raison de la défection de Yannick Agnel, Gilot a surfé sur sa performance du relais relais pour entrer en finale. Un temps moyen le matin, 49’’07 lors des séries, mais bien plus convaincant l’après-midi avec une meilleure performance française de la saison en 48’’21. « C’est ce que j’avais prévu : monter le niveau de tour en tour, se satisfait le Français. En partant un peu moins vite sur le premier 50 m et en profitant de la bagarre du milieu, ça devrait être intéressant en finale. On verra si ça donnera un podium. Ce sera très serré et il faudra aller encore plus vite. »

Sixième temps des demi-finales, celui dont le record perso date de 2009 et l’époque des combinaisons (47’’73) va pouvoir se mêler à la bagarre des « purs cent ». Même s’il faudra être très fort pour monter sur la boîte au milieu des Adrian, Magnussen et autres Morozov. Cinquième des Mondiaux 2011 à Shanghai, Gilot peut faire mieux cette année. Et récompenser ainsi sept ans de travail avec Romain Barnier à Marseille. « Ça fait tellement d’années que je suis là, à la bagarre… J’ai décroché de belles médailles en individuel en petit bassin, rappelle-t-il. Mais en grand bassin, il me manquait ce petit détail technique que tu cherches pendant tant d’années, la complexité d’être puissant et relâché en même temps. C’est en train de venir et il y a une belle carte à jouer en finale. » Son sourire en coin à l’idée de cette perspective ne trompe pas. Gilot a faim. De métal.

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Alexandre Herbinet avec Camille Gelpi et à Barcelone