Mondiaux - Popov : « Tous les sports ont besoin d’une star »

EXCLU RMC SPORT. Six fois champion du monde et quatre fois champion olympique, Alexander Popov est présent à Barcelone pour assister aux Mondiaux. Pour RMC Sport, le « Tsar » revient sur son histoire particulière avec la cité catalane et sur la nouvelle donne du sprint mondial.

Alexander Popov, quelle relation entretenez-vous avec Barcelone, où vous avez remporté le 50m et le 100m aux JO de 1992, et où a eu lieu votre résurrection avec trois titres mondiaux en 2003 ?

Vous avez raison, cette ville occupe une place particulière dans ma mémoire et dans mon cœur. Il y a beaucoup de succès associés à cette ville. Je me rappelle des JO en 1992, j’avais seulement 20 ans. Et honnêtement, je ne réalisais pas ce qu’il se passait, ce que je faisais. Mais un an après, j’ai réalisé que je ne serais plus le même. J’ai dû changer beaucoup de choses dans ma vie, dans mon comportement . Tout ce que je faisais et disais était scruté par les gens. Il y a dix ans, en 2003, venir ici à Barcelone était une autre histoire. Je savais que ma carrière était quasiment finie et j’avais prévu de raccrocher après les JO, un an plus tard. C’était mes derniers championnats du monde, je n’avais rien à perdre et j’étais seulement venu pour me faire plaisir. Et j’étais heureux que ça se termine par ces succès. Donc Barcelone, c’est ma ville.

Prenez-vous toujours autant de plaisir à regarder les épreuves de sprint actuellement ?

Tous les sprinteurs sont plus costauds que nous l’étions. Ils font tous plus de 2 mètres, 100 kilos, avec des gros muscles. Mais il n’y a pas que moi qui aime regarder ce genre de sprint, les spectateurs aussi parce qu’il y a du suspense. C’est imprévisible, très dynamique et c’est très rapide ! On n’a même pas le temps de dire "ouf" ! Un 50m en moins de 21’’5, on se dit "ouah, qu’est-ce qui s’est passé ?" Le 100m, c’est un peu différent mais c’est également considéré comme un sprint. Je suis triste de savoir que Florent Manaudou ne fait pas le 100m et qu’il se concentre uniquement sur le 50m. Je pense qu’il sera très bon dans le futur sur 100m.

Justement, Florent Manaudou peut-il devenir l’un des tous meilleurs sur 100m ?

Il doit s’entraîner pour et en nager en compétition. Je ne peux pas vous dire de quoi il est capable aujourd’hui. Il doit vraiment se mettre à s’entraîner pour le 100m et à nager pour le 100m.

A Londres, aviez-vous été impressionné par le 50m de Florent Manaudou ?

Ses capacités physiques sont très bonnes. Il est puissant, très fort sur le départ, ce qui est la clé du succès sur un 50m. Et il est bon pour ça.

En quoi le 50m et le 100m sont-ils si différents ?

L’entraînement est différent pour un 100m, parce que le succès d’un 100m, c’est sur la deuxième longueur, et même les derniers 25m. Quand tout le monde est fatigué, que tout le monde commence à avoir des crampes, c’est la clé de cette distance.

« Des doutes à propos de Morozov et Magnussen »

James Magnussen est-il le favori du 100m de ces Mondiaux ?

D’après ce que j’ai vu sur le relais 4x100m, j’ai des doutes à propos de Morozov et j’ai des doutes à propos de Magnussen. Je ne crois pas que James soit en meilleure forme que l’an dernier (à Londres, alors qu’il était grandissime favori, Magnussen n’avait pas remporté l’or, coiffé par Nathan Adrian, ndlr). Il ne m’a pas vraiment impressionné. Peut-être qu’il va montrer quelque chose de différent en individuel mais sur ce que j’ai vu, non.

Vladimir Morozov a signé la deuxième meilleure performance mondiale de l’année. Il est russe mais il n’aime pas qu’on le compare à vous. Est-il dur pour un nageur russe de succéder à Alexander Popov ?

Mais ils n’ont pas besoin d’être le nouvel Alexander Popov. Ils ont seulement besoin d’être meilleurs ou différents. Morozov et moi, ce sont deux histoires différentes.

Est-ce que la natation a besoin d’avoir de nouveau une immense star, comme l’était Michael Phelps ?

Vous savez, tous les sports ont besoin d’un leader, d’une star. Ces championnats du monde vont apporter l’éclosion de plusieurs personnalités. Missy Franklin peut être celle-là. Nous avons également Ryan Lochte, ne l’oubliez pas, Sun Yang (le Chinois champion du monde du 400m dimanche, ndlr). Il y a Yannick Agnel, Nathan Adrian, donc il y a beaucoup de monde quand même et un beau plateau.

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Propos recueillis par Julien Richard et Camille Gelpi, à Barcelone