
Mondiaux : quand l’argent se change en or

Le relais 4x100 4 nages - -
Ils allaient savourer l’argent, que Fabien Gilot s’était échiné à arracher aux Australiens. Déjà tout heureux de titiller les Américains. Mais ils n’auront jamais eu le temps de toucher ce métal. Car c’est de l’or qui sera finalement placé autour de leurs cous, grâce à la disqualification du relais US. « On voit les Etats-Unis disqualifiés, on se dit ‘‘On est champions du monde, ce n’est pas possible !’’, raconte Jérémy Stravius. Les Américains ont fait une erreur, ils l’ont payée cher. On se réjouit quand même d’une disqualification. Ce n’est peut-être pas joli, mais c’est le jeu. » Pas de place pour un autre sentiment que la joie sur la plus haute marche du podium, pour l’Amiénois, Fabien Gilot donc, mais aussi Giacomo Perez Dortona et Camille Lacourt, sacré quelques instants plus tôt sur 50m dos et de nouveau au sommet du monde après ce sacre inédit et inattendu en finale du relais 4x100 4 nages.
« On savait qu’il y avait un podium à jouer, confie Gilot. Je leur avais dit 30 minutes avant la course que je la sentais bien. Mais gagner, c’est une énorme surprise. » Une surprise qui s’est produite sur une décision de course, alors que l’argent avait été longtemps contesté par le relais australien. « Quand j’ai passé le relais à Jérémy (Stravius), on était encore à la bagarre, explique Perez Dortona, qui s’est battu comme un lion pour coller aux basques du champion du monde Christian Sprenger. Quand j’ai vu que je l’accrochais dans les derniers mètres, je me suis dit : ‘‘c’est bon, tu es dans le vrai, ne panique pas, reste comme ça’’. Finalement, on a eu une double joie. Deux médailles pour le prix d’une ! » (Rires)
Barnier : « On a pris des risques »
Les efforts communs ont fini par payer. Décuplés par le doublé or-argent réalisé par les dossistes sur 50m une heure et demie plus tôt. « Bien sûr que le doublé de Camille et Jérémy a dynamité l’après-midi, insiste Gilot. Je savais qu’ils seraient surmotivés. Tout le monde a vraiment bien bossé ce soir (dimanche). Il n’y a pas un nageur qui n’a pas performé. Aujourd’hui, si on veut gagner un titre comme ça, les quatre doivent être en grande forme. » « Ils ont nagé comme ils doivent le faire, en sortant du contexte des championnats du monde, analyse l’entraîneur de l’équipe de France Romain Barnier. Ils ont fait leur course entre potes. L’esprit du relais 4x100 m NL a régné dans ce 4x100 4 nages. Notre savoir-faire des relais, l’assurance des prises… Ils ont tous maitrisé comme s’ils étaient dans une compétition sans enjeu. »
Au point de les voir gagnant ? « Oui, sans prétention, j’espérais qu’on finisse fort, affirme Barnier. Je nous pensais capable d’être sur le podium. C’est pour ça qu’on a eu une discussion sincère, franche, forte avec Lionel (Horter, ndlr) et Michel (Chrétien, ndlr). On a mis notre cœur sur le relais. On est tombé tous les trois d’accord : Jérémy et Camille nagent le matin. On a pris des risques. On s’est dit qu’ils nageraient mieux le 50 en nageant le matin. On s’aperçoit que ceux qui se sont reposés ce matin n’ont pas fait un grand 50 et que ceux qui n’ont pas nagé les séries du relais ont bien moins fait, comme au 4x200 et au 4x100 M NL. Bon, on ne l’a pas réellement gagné, les Américains sont disqualifiés, mais… » Mais l’or est là. Et il est loin d’être volé.
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