Natation: Bonnet, Grousset, Ndoye-Brouard... Ce qu'il faut retenir de la journée de samedi aux championnats de France

Charlotte Bonnet et le dilemme du plaisir
Charlotte Bonnet a amélioré de sept dixièmes son propre record de France du 200m brasse en 2m20s64. Il y avait une émotion particulière en ce 28 octobre, jour où Camille Muffat disparue tragiquement en 2015 aurait dû fêter ses 34 ans. Et aussi un sourire retrouvé après une victoire contrastée sur le 200m nl. Une course qu'elle renageait pour la première fois en compétition depuis sa pause d'une saison avec sa distance fétiche. Des retrouvailles aussi avec les angoisses qui la poursuivent sur ce 200m. "Hier ce n'était pas facile comme journée, raconte la championne d'Europe 2018 du 200m nl. Parce que je reviens sur une course que j'ai eu du mal à laisser de côté. Que j'ai eu du mal à la reprendre aussi. C'est un peu comme une histoire d'amour, c'est compliqué. Et ce n'était ni la manière ni le temps que j'attendais donc c'était une journée difficile. Et je me suis dit qu'aujourd'hui était un autre jour. C'est le 200m brasse c'est une course qui me correspond bien et que j'aime bien. J'avais envie de battre un record de France sur ces championnats donc je suis très contente."
Charlotte Bonnet en quête donc de plaisir pour sa dernière saison de nageuse. Et ce n'est pas encore le cas sur le crawl. "C'est vraiment difficile à expliquer car c'est difficile aussi comme ressenti j'ai du mal à mettre des mots dessus. Aujourd'hui je sais que je ne suis pas à mon meilleur niveau, mais pour le retrouver ça doit passer par du plaisir. Et aujourd'hui sur le 200m nl ce n'est pas le cas. Et je le vois bien quand c'est le cas sur le 200m 4n ou le 200m brasse ça va tout de suite vite et je sais que c'est ça qui pêche aujourd'hui."
Et de sourire face aux journalistes: "Je vais vous perdre ! J'avoue que c'est un peu compliqué de choisir entre de la performance et le plaisir. Ce qui allie plaisir et performance aujourd'hui c'est la brasse et le 4n mais ce n'est pas quelque chose qui va me permettre pour l'instant d'être très performante au niveau international. Mais je préfère aujourd'hui ce côté-là que de retourner sur un 200m nl qui me fait mal au ventre, mais qui peut m'emmener peut-être en finale ou en demi-finale aux Jeux. Donc c'est dur de choisir. Je m'éclate beaucoup sur le 200m 4n, sur le 100m nl, sur le 200m brasse. Il faudra juste choisir sur les championnats de France (en grand bassin)."
La Niçoise qui s'entraîne à Martigues sous les ordres de Philippe Lucas a largement réduit le volume à l'entraînement pour sa dernière saison. "L'année dernière j'étais entre six et sept kilomètres par entraînement, et là je n'ai pas dépassé les cinq kilomètres depuis la reprise. Et ça me convient. Je nage moins, pour être plus fraiche et disponible. Je n'ai plus d'arriver sur les meetings où je suis super loin de mes temps. L'année dernière j'étais vraiment épuisée, je me demandais même si je n'avais pas une mononucléose tellement j'étais fatiguée alors que je n'avais rien. Donc je n'ai plus envie de retourner là-dedans et Philippe l'a très bien compris."
Grousset gagne encore, mais pas tout...
Au lendemain de sa victoire sur le 50m nl d'un centième face à Florent Manaudou, Maxime Grousset a ajouté le 50m papillon (22s34, record personnel) à son tableau de chasse sur ces championnats de France en petit bassin à Angers. Une quatrième médaille d'or après le 100m 4n, le 100m papillon (record de France) et le 50m nl. Mais pas un sans-faute puisque quelques minutes plus tard il a pris la deuxième place du 200m nl (1mn42s41) derrière son compagnon d'entraînement à l'INSEP Roman Fuchs (1mn42s16c), au bout de l'effort! "Là ça va mieux je vois encore un peu trouble mais ça va, lâchait le Calédonien après la descente du podium. J’ai failli tomber, je suis allé au bout. Je voulais absolument gagner et mon but était de partir très vite. Je suis content de passer en 48" aux 100 m alors que je ne suis pas au maximum de ma forme et que j’ai enchaîné pas mal de course. Je suis quand même content de cette belle confrontation avec Roman qui, apparemment, est venu me chercher et a serré ma ligne d’eau tout au long de la course (sourire). C’est aussi ça la course, il avait sa stratégie et j’avais la mienne et il m’a tenu. Bravo à lui !"
Roman Fuchs savourait lui son premier titre national sur le 200m et sa qualification pour les championnats d'Europe. "Max a fait beaucoup de courses et reste très puissant sur le petit bain, donc il ne faut pas quand même se reposer sur ses lauriers aux Europe s’il le fait. Son record est en 1’41 et c’est le prochain objectif. Max est un sprinteur donc je me suis accroché sur le premier 100 m pour ne pas me faire distancer. C’est mon collègue, je le connais assez bien et quand je vois qu’il en chie (sic.) aux 150 m, je sens que c’est bon pour la suite et je donne tout pour le battre. C’est une grande satisfaction car je n’ai jamais été champion de France sur 200 m nage libre alors que c’est ma spécialité (rires), donc j’espère que c’est le premier de la liste et que ça durera jusqu’aux Jeux." Maxime Grousset livrera ses dernières forces ce dimanche sur le 100m nl.
Ndoye-Brouard à la chasse aux records... de Haute-Savoie
Deuxième du 200m dos et du 100m dos derrière Mewen Tomac jeudi et vendredi, Yohann Ndoye-Brouard avait une journée "creuse" à occuper ce samedi à Angers. Le champion d'Europe du 200m dos en a profité pour s'aligner sur un incongru 400m 4n. Le nageur de l'Insep a pris la troisième place derrière le spécialiste Emilien Mattenet (4m08s12, qualification pour les championnats d'Europe) et le Suisse Jérémy Desplanches (4m09s82). Mais en 4m09s96, Yohann Ndoye-Brouard a réussi ce qu'il était venu chercher en s'alignant sur cette distance : le record de Haute-Savoie!
"J'essaie de battre un peu tous les records de Haute-Savoie qu'il y a en petit bassin, explique le nageur originaire et licencié au club d'Annecy. En grand bassin c'est plus compliqué. C'était une journée où je n'ai pas trop de course importante pour moi, où je n'ai pas trop de chance podium, ni de ni de record, etc... J'avais envie de faire le 400m 4n donc on s'est dit "allez, chiche !" avec mon coach et on l'a bien fait. Je l'avais déjà nagé en grand bassin aux championnats de France à Chartres (en 2021) quand Léon (Marchand) avait nagé 4m09s, j'avais fait quatrième j'avais loupé le podium pour quelques centièmes."
Un record de Haute-Savoie qu'il a chipé à son coéquipier des Dauphins d'Annecy Léo Gruart, 5e de la finale. "J'essaie d'aller le titiller un peu, j'aime bien jouer... Et le chrono est vraiment pas mal", souligne Ndoye-Brouard au moment où Maxime Grousset passe derrière lui et glisse un "c'est bien mec!". Une meilleure marque départementale améliorée de près de quatre secondes. Si Ndoye-Brouard avoue "ne pas savoir" précisément combien il lui en manque, on a fait les comptes. Il a battu son 12e record de Haute-Savoie à Angers ce samedi, sur 18 records individuels possibles.