Natation (Coupe du monde d'eau libre): à Funchal, Marc-Antoine Olivier veut continuer à rêver des JO

Il a passé un été à ronger son frein. Marc-Antoine Olivier a été suspendu début juin jusqu'au 31 août dernier par la fédération française de natation suite à plusieurs avertissements pour un comportement non approprié vis à vis du staff de l'équipe de France. Le médaillé de bronze des Jeux de Rio sur le 10km a dû faire une croix sur les Mondiaux de Fukuoka où les trois premiers pouvaient décrocher leur ticket pour les Jeux de Paris. Le Nordiste qui s'entraîne désormais en Italie a fait son retour en équipe de France.
Il s'alignera ce samedi sur l'étape de coupe du monde de Funchal, qui sert de qualification pour les Français aux Mondiaux de Doha début février et, par ricochet, qui est déjà une étape décisive pour la qualification olympique (10km hommes à 10h, 10km femmes à 13h). Les deux premiers français au Portugal décrocheront leur ticket pour les mondiaux de Doha où il faudra terminer dans les treize premiers (hors trois nageurs déjà qualifiés) pour gagner le droit de nager dans la Seine en août prochain. Marc-Antoine Olivier ne veut plus s'attarder sur cet épisode désormais "clos" et ne veut pas encore se projeter sur Paris... Il faut avant cela se qualifier. Et c'est par le Portugal ce samedi que ça passe.
Marc-Antoine, comment est-ce que vous ressortez de cette suspension qui vous a notamment privé des Mondiaux de Fukuoka... Et d'une première opportunité de qualification olympique?
Marc-Antoine Olivier : C'était dur parce que ça fait peut-être depuis 2012 que je suis en équipe de France, donc regarder cet été les équipes de France qui en plus n'ont pas performé, c'était compliqué. Notre discipline a besoin de résultats pour se faire connaître du grand public et d’être plus médiatisée. Il faut des résultats et malheureusement ça n'a pas été le cas cet été. Déjà de ne pas y participer et en plus de voir les résultats, c'est doublement compliqué. Mais on a eu une bonne discussion avec la fédération fin août et on est repartis. J'ai pu faire le regroupement avec l'équipe de France de natation course. On a visité le village olympique, on a eu cette chance de se mettre un peu dans l'atmosphère olympique pour cette année vraiment importante où il faut d'abord viser la qualification pour les Jeux et après aller chercher des médailles. Aller chercher la plus belle des couleurs.
Qu'est-ce que vous retenez de cette période, et qu'est-ce que ça peut vous apporter aussi pour la suite?
Ça m'a permis de faire une remise en question sur moi-même. D'un point de vue sportif, j'ai trouvé ça plus inutile qu'autre chose parce que je pense que j'aurais pu faire d'autres compétitions. Mais c'était la décision de la fédération, je l'ai acceptée. On a clos cet épisode-là et maintenant on est sur les Jeux olympiques et sa préparation
Comment s'est passé le retour?
Le tout c'était de me remettre à la compétition et de me remettre dans le rythme. J'ai commencé en septembre par l'EDF Aqua Challenge à Paris que je fais chaque année. C'était déjà un plaisir de retrouver la compétition, de retrouver les gens. Ils étaient vraiment contents de me revoir et ça m'a fait plaisir. Ça m'a permis aussi de retrouver un peu le goût de la compétition et de la victoire. J'ai eu quatre mois, on ne va pas dire d'arrêt parce que j'ai fait mon travail de mon côté, mais sans compétition. Ce n'est pas évident de performer à nouveau de suite. J'ai ensuite disputé et gagné une coupe d'Europe à Barcelone. Je n'étais pas surpris parce que je sais qu'en eau libre, j'ai plus de facilité qu'en bassin, mais j'étais content que ça marche toujours aussi bien au niveau international. J'ai aussi disputé les championnats du monde militaire. Et l'objectif principal c'est Funchal.
Vous allez devoir terminer dans les deux premiers français de l'étape de coupe du monde de Funchal, il y a un côté couperet... Vous aviez déjà vécu ça en Martinique avant les Mondiaux de Fukuoka où là ce n'était qu'entre Français...
Pour moi c'est pareil. C'est une course et il faut aller chercher la victoire. Quand on a la victoire, on a la qualification. Et puis pour moi en coupe du monde ce sera plus simple, je serai moins observé, je pourrai plus faire ce que j'ai l'habitude de faire en Coupe du monde. Adopter la tactique que je veux. Je trouve que c'est mieux que de faire ça entre Français et faire une course à vide. De le refaire en coupe du monde je trouve ça très intéressant.
On aborde comment ce genre d'événement ? Comme une course de coupe du monde classique? Ou est-ce qu’il y a en fond la peur de dire au revoir dès maintenant aux JO?
C'est une qualification donc ça reste important. Après je ne pense pas que je vais faire vraiment une préparation optimale parce que la saison est longue et si je me prépare vraiment pour ça, je vais perdre vraiment trop de temps, surtout que j'en ai perdu un peu cet été.
Comment ça s'est passé en Italie maintenant pour vous?
Très bien! Je pense que si j'avais été encore en France cet été ça aurait été compliqué pour m'entraîner. L'Italie m'a vraiment couvé tout l'été pour que je puisse continuer à m'entraîner et ne pas perdre trop de temps à ne rien faire. Vraiment je les remercie parce que je suis quand même un concurrent des Italiens. Mais on a compris depuis pas mal d'années que si on n'a pas du niveau à l'entraînement, on ne peut pas élever le niveau de l'entraînement et donc le niveau en compétition. Donc il faut à chaque fois aller chercher des nageurs un peu partout dans le monde pour qu'il y ait une grosse émulation à l'entraînement et qu'ensuite ça performe en compétition.
Le test event dans la Seine cet été a finalement été annulé. Vous n'avez pas tout raté cet été finalement...
J'ai vu les premières images de mon groupe en Italie qui était sur place, on en a pas mal parlé. Et puis après le retour de la fédé quand j'ai réintégré le groupe. Ca va être une course très compliquée avec beaucoup de courant. Je pense qu'il va falloir faire étape par étape. Première étape, c'est Funchal, après c'est Doha. Et s'il y a les deux qualifications, là on se concentrera vraiment sur les Jeux. On ne peut pas se permettre de se focaliser directement sur les Jeux alors qu'il y a d'autres étapes avant. Même s'il faut l'avoir dans un coin de la tête, c'est une longue saison et il faut vraiment ne louper aucune étape.
Pour la discipline aussi, ce sera important que vous arriviez tous à performer à Paris...
Oui c'est un tout. Déjà on est sur un lieu qui est incroyable. J'ai pu faire le parcours sur un bateau. J'imagine en nageant que ça va être extraordinaire, que ça va faire de très belles images. Et puis on est une discipline qui est médiatisée lors des Jeux donc il va falloir performer. Et puis un peu redorer notre image. Pour une nation comme la France, faire des résultats comme cet été c'était compliqué à voir. Mais je pense qu'il y a eu une remise en question d'un peu tout le monde et tout le monde est maintenant focus sur la performance pour aller chercher les médailles aux JO.