Petit massacre entre amis

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C'est finalement un problème de riches dont se seraient bien passés les nageurs de l'équipe de France. Qualifiés pour les séries du 50 m nage libre ce samedi, Alain Bernard, Fabien Gilot, Amaury Leveaux et Frédérick Bousquet devront non seulement être parmi les seize plus rapides des qualifications, mais surtout parmi les deux plus rapides du clan français. Les règlements interdisent en effet à une nation d'engager plus de deux nageurs de la même nationalité en demi-finales. « Les séries vont être difficiles, analyse Bousquet. On est quatre. Deux seront malheureux alors qu'ils auraient pu prétendre à un podium ou même un titre. C'est quasiment la finale avant l'heure. » « On ne peut pas faire semblant. Il faut tout de suite se donner à fond. C'est peut-être le tour le plus compliqué », reprend Fabien Gilot.
Un air de déjà vu pour les quatre hommes. Rijeka 2009. Championnats d'Europe de petit bassin. Bernard, Gilot, Leveaux et Bousquet (déjà !) sont à la lutte pour une place en demi-finale. Ces trois derniers, remontés comme des « pendules » veulent s'offrir un Bernard en manque de préparation. Mission accomplie puisque Leveaux et Bousquet passent en demi-finale. Bernard (troisième) et Gilot (quatrième) restent à quai. « Il n'y aura pas d'état d'âme. Ça va être la bagarre, promet Bernard. Quand je repense à Rieka, je n'étais passé ni sur 50 m, ni sur 100 m. Il faut se servir de ses déceptions pour aller plus loin. »
Un trouble-fête nommé Leveaux
Rassuré par sa victoire de vendredi sur le 100 m, Bernard sera une fois de plus l'homme à battre. L'élève de Denis Auguin aura sans doute laissé beaucoup d'influx dans la bataille mais ce succès a le mérite de lui donner une confiance, défaillante jusqu'à présent. De leurs côtés, Bousquet, Gilot et Leveaux ont respectivement nagé trois 50 m, deux 100 m et un 100 m. C'est d'ailleurs un Leveaux particulièrement ambitieux qui prendra le départ de sa série. Raillé pour avoir changé d'entraîneurs à deux reprises en moins d'un an, le vice-champion olympique de la distance à Pékin espère faire taire les mauvaises langues. « Je vise le 50 au taquet, lance-t-il plein d'ambition. Je viens ici pour une médaille. Et pour parler correctement, si je peux fermer les bouches de tout le monde… »
Aujourd'hui avec Philippe Lucas, le Parisien a bénéficié des conseils de son entraîneur durant toute la semaine. Les deux hommes ont d'ailleurs longuement discuté toute la semaine. Et c'est un Lucas très concerné et concentré qui a dû canaliser son nageur, particulièrement en forme lors des séances d'entraînement, mais également sur son 100 m du relais (48''59), quatrième performance européenne de la saison. De quoi faire remonter sa côte en flèche auprès des spécialistes. Toujours aussi détendu au bord de la piscine d'entraînement, plaisantant avec ses coéquipiers de l'équipe de France, il se mare quand on lui demande ses ambitions. « Il paraît que je suis de nouveau parmi les favoris… » Pas de doute, Leveaux prépare son coup.