Phelps seul sur le toit de l’Olympe

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Le scenario du record, le légendaire Ian Thorpe l’avait écrit. Il y a quelques jours, le quintuple champion olympique australien déclarait à propos des ambitions de Michael Phelps : « Il est focalisé sur les disciplines dans lesquelles il a un énorme potentiel. Le 200m papillon est sa priorité. Il y aura aussi les courses avec le relais américain. » L’ex-Torpille a presque tapé dans le mille. Bouté hors du podium lors du 400m 4 nages, délesté de sa couronne sur 4x100m par d’effrontés tricolores, Phelps, dernier finisseur du relais US vainqueur du 4x200m nage libre devant Agnel et les Français, s’est révolté après avoir échoué, quelques minutes plus tôt, sur 200m papillon.
Un échec surréaliste puisque le kid de Baltimore, tétanisé par l’acide lactique, s’est effronté à quelques mètres de l’arrivée alors que la victoire lui tendait les bras. Phelps coiffé sur le poteau par le Sud-Africain Le Clos ? La sensation était énorme pour un superhéros touché, mais loin d’être coulé. Car avec 17 médailles déjà au compteur plus deux nouvelles ce mardi soir (or et argent), l’Américain a définitivement quitté le monde des hommes pour s’installer aux côtés des dieux de l’Olympe.
Son statut de meilleur nageur de l’histoire, l’Américain de 27 ans l’avait déjà gagné en 2004 et en 2008, raflant 16 médailles, dont 14 d’or, avec comme chef d’œuvre les 8 médailles d’or de Pékin (2008). Il efface alors le record de 7 titres remportés en une édition par Mark Spitz en 1972. Ne restait plus dans la ligne de mire du phénomène que les 18 médailles de l’ex-gymnaste soviétique Larrissa Latynina, décrochées aux Jeux de 1956, 60 et 64. Avec 19 breloques pour l’instant, car il lui reste encore 3 épreuves à disputer (200m 4 nages, 100m papillon, 4x100m 4 nages), Phelps place la barre à des hauteurs stratosphériques voire inaccessibles pour les générations à venir.
Il voulait s’arrêter après Pékin
Repu de succès, Phelps a failli tout balancer après Pékin. « Depuis 2001, j’ai passé pratiquement chaque jour de ma vie dans l’eau. Après 2008, je n’en pouvais plus. Je n’avais plus de motivation à l’entrainement. Je faisais les choses machinalement », déclarait-il il y a quelques mois. Pour finalement replonger en compagnie de son coach de toujours, Bob Bowman. Pour le plaisir, pas pour les médailles. « Je n’ai jamais parlé du total de médailles, lâchait Phelps la semaine dernière. C’est vous les journalistes qui parlez de record. Je veux juste être Michael Phelps. »
Son exceptionnelle trajectoire sportive, Phelps y pensera plus tard. Pour l’instant, il préfère encourager ses potes sur le réseau social twitter, et profiter pleinement de ses 4e JO : « Je prends beaucoup de plaisir. Ici, je m'amuse beaucoup. J'aime bien être au village ». Il lui reste désormais trois courses pour placer la barre un peu plus haute encore. Et inscrire ainsi son nom dans les annales pour un paquet de décennies supplémentaires. Ou qui sait, pour l’éternité.
Le titre de l'encadré ici
Les 19 médailles de Phelps aux JO|||
200 m libre: 1er (2008), 3e (2004)
100 m papillon: 1er (2004, 2008)
200 m papillon: 1er (2004, 2008), 2e (2012)
200 m quatre nages: 1er (2004, 2008)
400 m quatre nages: 1er (2004, 2008)
Relais 4x100 m libre: 1er (2008), 2e (2012), 3e (2004)
Relais 4x100 m 4 nages: 1er (2008, 2004/ne participe pas à la finale)
Relais 4x200 m libre: 1er (2004, 2008, 2012)
Le titre de l'encadré ici
Le clan Phelps ému aux larmes|||
C’est un véritable clan qui a accompagné la 19e médaille olympique de Michael Phelps, ce mardi dans les tribunes de l’Aquatic Center. Sa maman, comme souvent présente à ses côtés, était entourée de sa sœur et de ses amis d’enfance. Une mère fière et très ému de voir son fils entrer dans la légende. Ce dernier n’a pas manqué de partager ce moment unique en lui transmettant le bouquet du vainqueur, au prix d’un effort légèrement comique puisque l’Américain a dû monter sur une chaise afin de lui transmettre la gerbe de fleurs. « Je suis une maman fière. Et quand je vois mon petit garçon ce soir, je suis juste heureuse, a-t-elle déclaré. Sydney c’était incroyable, j’ai adoré Athènes, Pékin était merveilleux. Londres ? Merci pour ce qu’ils ont fait. C’est un moment merveilleux pour toute notre famille. » Michael, un pote de lycée de Phelps, n’en revenait pas non plus : « Je ne pouvais pas imaginer plus. Venir le supporter ici, c’est incroyable. Je n’ai plus de voix. » Quant à la fin de sa carrière, sa famille n’y pense pas encore. « Je suis très heureuse. Vous n’êtes jamais sure que ça va arriver mais maintenant c’est une réalité, jubile sa sœur. Il a 27 ans, il en aura donc 31 pour les prochains JO… Il a eu une carrière plutôt pleine de succès non ? »