Qu’est-ce que tu fais pour les vacances ?

Yannick Agnel - -
Devinette. Qu’a fait l’Américaine Melissa Franklin deux jours après son retour des Mondiaux de Shanghai, où la demoiselle de 16 ans avait raflé trois médailles d’or ? Un départ pour une île ? Une soirée pyjama avec ses copines ? Rien de tout ça. Franklin a… remporté son premier titre national sur 100 m dos ! Vous ne rêvez pas. Les championnats US de natation se sont bien déroulés la semaine suivant les Mondiaux. A l’heure où nos nageurs français se prélassaient en vacances, avec une rentrée prévue le 26 août à Val d’Isère pour un stage de reprise réservé aux participants des Mondiaux de Shanghai (plus Laure Manaudou), la plupart de leurs homologues américains replongeaient dans le bain. En compétition ou à l’entraînement.
Une différence d’approche qui ne plaît pas à tout le monde côté tricolore. « Nos nageurs vont cumuler presque un mois de break, ce qui me paraît beaucoup, juge Fabrice Pellerin, l’entraîneur de Yannick Agnel et Camille Muffat à Nice. C’est une particularité française. Les Américains, eux, sont en activité tout l’été. Les Français ont l’habitude de prendre beaucoup de repos. S’agit-il d’une mauvaise habitude ? C’est un arrêt total d’activité. Certains vont pratiquer vaguement le surf ou faire un peu de vélo, mais rien de bien suivi. » Un régime sportif qui a des conséquences. « Quand on alterne les phases de travail et de repos, chaque fois qu’on reprend une activité intense, il y a des risques de blessure et c’est toujours un choc au niveau organique et structurel. Quand je vais revoir mes nageurs à la rentrée, ils auront deux ou trois kilos de plus et il va falloir rebâtir un socle physiologique. Un nageur comme l’Américain Ryan Lochte, qui a brillé à Shanghai, ne breake pas du tout. Là, il est reparti en stage. Il nage les dimanches. Sur une année complète, il s’entraîne deux à trois mois de plus que les Français. Ça mérite de se poser des questions. »
Pellerin : « En France, les installations ferment l’été… »
Surtout quand la chose est liée à l’inactivité du pays en août. « En France, les nageurs s’arrêtent notamment parce que les installations ferment l’été pour des réparations, précise Pellerin. Ce n’est pas que par choix mais par contrainte. » Double champion olympique de canoë, Tony Estanguet, membre de la Dream Team RMC Sport, tient tout de même à apporter un bémol : « C’est important de couper pour se ressourcer, passer un peu de temps en famille, penser à autre chose. C’est salutaire. Quand on revient d’un break, on est boosté, on a plus d’envie, on se sent plus efficace. » On doute que les Etats-Unis, meilleure nation mondiale en natation, soient d’accord avec ces préceptes.