Le jeu post-flop au poker

Antoine Vannini, consultant poker RMC - -
Pas d'envolée lyrique au programme de notre ordonnance cette semaine, mais une bonne tartine de recentrage technique.
Le jeu post-flop, un thème récurrent
Docteur, comment jouer as-roi quand je n'ai pas amélioré après le flop et que je suis hors-position ? Quelle meilleure manière de rentabiliser mes brelans quand j'ai juste payé avec une petite paire en position ? Faut-il continuation-bet, miser à la turn, miser à la river ?
Cette question nous est posé au moins une fois par semaine dans l'émission, nous nous la sommes toute posée, et pour cause, il s'agit d'un pilier stratégique de notre apprentissage du hold'em, le jeu post-flop.
Oui, c'est parti, en dix minutes, nous allons résoudre la question du jeu post-flop, après quoi nous saurons tous jouer à la perfection et pourrons donc s'installer en face de Phil Ivey en heads-up avec confiance.
Dissocier le pré-flop du post-flop
Évidemment, ce ne sera pas le cas, cette chronique ne peut couvrir un sujet aussi vaste avec exhaustivité, en revanche, elle nous laisse assez de temps pour poser les clés de compréhension du jeu post-flop.
Premier danger dans notre approche stratégique, dissocier le jeu préflop du jeu post-flop. « Je suis plutôt à l'aise préflop, mais les problèmes commencent après ». Ce type de réflexion est néfaste pour notre progression, et révèle souvent une faiblesse, un leak en anglais, dans le jeu du joueur, dont le cerveau paresseux cherche encore des excuses pour ne pas travailler.
On l'a déjà vu, le hold'em est une articulation de décisions du préflop au post-flop. Notre stratégie doit donc considérer nos décisions post-flop dès que nous recevons nos cartes.
Il est très facile de visualiser cette idée en réfléchissant en termes d'arborescence de décisions. Effectivement, une décision préflop, aux racines de l'arbre sera forcément moins complexe qu'une décision à la river, qui aura emprunté un chemin unique parmi toute l'arborescence de décisions.
De plus, la taille des pots est évidemment beaucoup plus importante post-flop, et donc les décisions coûtent plus cher, ce qui signifie que les écarts de niveaux entre les joueurs, et donc les erreurs qu'ils commettent, seront plus marqués post-flop.
Comment améliorer son jeu post-flop?
En réalité, chaque décision que nous prenons prend en compte les mêmes paramètres, c'est pourquoi notre stratégie est cohérente jusqu'à l'abattage. En anglais, on appelle cela un pattern, ou une ligne post-flop.
Contre ce profil de joueur, avec ma position, et selon mes cartes, je sais déjà que je vais pouvoir bluffer ou valoriser pour tel montant sur telle texture de flop.
A partir du moment où l'on se retrouve dans le brouillard, à ne pas savoir quoi faire, sur telle carte à la river, telle relance, tel sizing etc..., c'est qu'un engrenage de notre stratégie est mal foutu. Il faut toujours comprendre pourquoi on se retrouve perdu, c'est à dire, à quel moment nous avons pris une décision incohérente.
La profondeur est évidemment centrale dans le jeu post-flop. Aussi, je conseille de surtout jouer en cash-game pour progresser post-flop, afin de disposer toujours de 100 blindes et plus, au contraire du tournoi dans lequel nous naviguons la plupart du temps à moins de 30 blindes, ce qui rend le jeu post-flop quasi-inexistant.