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Le "jeu serrure", un bien ou un mal?

Antoine Vannini, consultant poker RMC.

Antoine Vannini, consultant poker RMC. - -

Comme chaque lundi un professionnel de l'antenne soigne votre poker. Cette semaine, le consultant de l'émission "Docteur Poker" Antoine Vannini aborde une question technique: Le jeu serré est-il une bonne chose au poker?

Avant de directement nommer la maladie, attardons-nous sur les symptômes.

Les symptômes

Dans les débuts de notre apprentissage du poker, on souligne l'importance stratégique de la sélection des mains de départ, et on minimise l'importance du bluff. Cela est tout à fait vrai aux plus petites limites, dans lesquelles toute mise est payée par tout et n'importe quoi, ce qui s'explique par le faible enjeu.

Du coup, tous les joueurs effectuent une réévaluation de leurs mains jouées, et resserrent considérablement leur jeu, tout en se montrant agressif et non-plus passif. Cette phase de notre progression est vitale, et marque souvent la transformation du simple hobby en une vraie discipline dans laquelle nos avantages stratégiques peuvent nous rapporter sur le long-terme.

Seulement, ce bouleversement n'est pas sans conséquences indésirables pour le joueur et son approche du poker. Et c'est là que se déclare notre mal, quand le joueur confond jeu serré-agressif avec jouer la serrure.

Les symptômes de la maladie sont toujours les mêmes et beaucoup s'y reconnaîtront.

Quels sont les risques du jeu serré?

La principale gêne de notre virus de serrure pour le bien-être de notre poker, c'est qu'il altère notre vision du jeu. On finit par oublier que le poker est un jeu de prise de risques mathématiques, et on finit par croire qu'il s'agit simplement d'avoir la meilleure main pour miser et gagner.

Si on part à tapis couvert 5 fois dans un tournoi avec les as en mains contre une paire inférieure, modélisation grossière mais pourtant proche de la réalité d'un tournoi de serrure, cela revient à jouer cinq 80/20 d'affilée pour notre survie, soit 32% de chances seulement.

La stratégie d'inexploitabilité ne signifie pas la prise de risque nulle. Sans risque, on ne peut pas gagner au poker.

Comment remédier au problème?

Pour votre traitement, vous prendrez une dose quotidienne de tournois avec une structure agressive, qui maximise la rentabilité du vol de blinds ou de la prise de risques, au dépens d'une stratégie de pure survie.

Et vous en profiterez pour ré-évaluer les enjeux de vos parties, pour être certain qu'il n'y a pas de composante financière dans l'excès de prudence qui caractérise notre jeu.

Enfin, vous reprendrez le concept du bluff à sa définition. Il s'agit de compléter la faiblesse de notre main ou combinaison avec les chances de faire coucher une main meilleure que la notre et ainsi récupérer l'argent du pot. Il ne faut pas voir le bluff comme un jet d'argent par la fenêtre, mais bien comme une décision financièrement rentable et mathématique.

JS