L’incroyable victoire d’un Français à Pékin

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Cela pourrait s’appeler « Les tribulations d’un Français en Chine ». Dans le rôle du héros, pas de ‘Bebel’ mais un joueur de poker nommé Sélim Oulmekki, originaire de Poitiers et installé dans l’empire du milieu depuis six ans. Sa meilleure perf’ sur une table ? Une quatrième place en 2011 à Las Vegas lors d’un event WSOP à 1500 dollars de buy-in pour un gain de 251 000 dollars. Tout frais vainqueur d’une étape du Red Bull Poker Tour à Pékin, Sélim a engrangé un peu moins (90 000 euros). Mais il a vécu une sacrée histoire qu’il a racontée sur le site Club Poker.
Les jeux d’argents interdits en Chine
Les jeux d’argent sont interdits en Chine. Mais que le gambling y est presque une religion. Alors pour joueur au poker, les organisateurs locaux ont toujours des idées. « Le nombre de joueurs a explosé grâce à l'apparition de clubs de poker où sont organisés principalement des sit'n'go. On s'y inscrit avec de l'argent mais la dotation prend la forme de points échangeables, le plus souvent contre des produits Apple, raconte Sélim. D'ailleurs, si je devais faire une estimation, je dirais qu'un Chinois qui joue au poker a aujourd'hui en moyenne 2,5 iPhones. » Un système D auquel n’échappe pas le Red Bull Poker Tour, sponsorisé par la célèbre marque au taureau, mais organisé par une petite entreprise.
Un buy-in réglé en… sacs cadeaux
L’exotisme commence dès l’inscription. Pour participer à l’étape de Pékin, Sélim a ainsi acheté six sacs cadeaux remplis de produits Red Bull, chacun d’une valeur de 150 euros, comme les 837 autres participants. Le Français décrypte le système : « L’achat des sacs donne lieu à l'attribution par l'organisation d'un ticket permettant de participer à un tournoi. Présenté comme purement divertissant, celui-ci met en jeu une dotation fixée à quatre millions de yuans (environ 600 000 €) indépendamment du nombre de participants. Mais le prize pool n'est presque jamais dévoilé clairement. » Autour de Sélim : « 90 % de Chinois, quelques Taïwanais, Hongkongais et autres Asiatiques des environs. Et puis trois mecs comme moi qui n'avaient pas franchement une tronche d'Asiat… »
… Et des gains payés en bons voyages
Sur telles bases, le tournoi fut folklo mais réglo. Surtout en table où finale où Selim dut supporter la pression de son adversaire… et de 20 de ses camarades qui appelaient les cartes à chaque coup. Résistant, il finira par l’emporter. Restait à se faire payer. « J'avais dès le début du tournoi interrogé l'un des officiels pour savoir s'ils payaient les joueurs en cash. Il m'avait alors donné une réponse très évasive qui m'avait presque fait craindre d'être payé en canettes de Red Bull, sourit Sélim. Les 600 000 yuans de la première place ont pris la forme de bons d'agence de voyage. Ces bons peuvent théoriquement être utilisés pour jouer les globe-trotters, mais ils peuvent surtout être retirés en liquide moyennant le prélèvement d'une taxe de 10 % qui à mes yeux reste très raisonnable. Le gain réel est donc de 540 000 yuans, soit environ 90 000 €. » Une somme agrémentée de tickets pour deux autres tournois à Tianjin et Pékin. Avec sans doute à la clef encore un paquet de bonnes histoires à raconter.