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Valentin Messina : « Encore plus envie d'y retourner »

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Magnifique runner up de l’EPT Malte dimanche dernier, battu par Jean Montury lors du premier heads up 100% tricolore de l’histoire à ce niveau, Valentin Messina, alias "valvegAAs" a réalisé le plus gros coup de sa carrière. Il revient sur sa folle semaine.

Valentin, tu as failli ne pas participer à ce tournoi…
Il faut savoir que le circuit live coûte très cher. Entre les inscriptions (5300 euros pour l’EPT Malte NDLR), les frais de déplacement, on peut vite dépenser plus de 100 000 euros sur une saison. Il faut être responsable, miser sur le long terme. Ma philosophie depuis 2-3 ans, c’est de ne participer que si je me suis qualifié. J’avais tenté les qualifs en ligne, mais ça n’a pas marché. Après, c’était à côté (Valentin s’est installé à Malte), il y avait les amis, c’était la première de l’EPT Malte… La frustration est vite montée et j’ai fait une exception. J’ai vendu des parts de stacking à Davidi Kitai et Fabrice Soulier qui m’ont permis de participer au tournoi. Ils ont eu un bon feeling !

Tu as été champion de France en 2010, cette deuxième place sur un tournoi EPT est-elle encore plus forte ?
C’est clairement ma plus belle perf’ à l’heure actuelle. Même si le titre de champion de France était énorme et que j’étais allé au bout, l’EPT, c’est juste le circuit le plus difficile, et le plateau était très relevé à Malte. C’est ma plus perf’, tant en terme de gains (615 000 euros NDLR) que de performance.

Quelles ont été tes sensations au moment de jeter les dernières cartes ?
Ca va peut-être choquer certains, mais juste après, j’ai ressenti une énorme déception, beaucoup de frustration. Il y cette photo qui tourne pas mal sur les réseaux sociaux où l’on me voit effondré sur le tapis et Jean qui me pose le bras sur l’épaule. A ce moment-là, même si je ne m’en veux pas, que je sais que j’ai bien joué, il y a de la déception.

Et quelques jours après ?
J’ai un peu plus digéré. On se rend compte que ça reste une performance exceptionnelle. Ça me donne encore plus l’envie d’y retourner, d’aller au combat. Même s’il reste une petite déception…

Raconte nous comment s’est passé ton tournoi…
D’abord, il faut rappeler que la structure est magnifique. On a 30 000 jetons en main au départ, avec le temps de manœuvrer, d’établir une stratégie, d’être patient. Le premier jour est très dur. Il n’y a pas trop de réussite, pas trop de belles mains, je descends même à 6000 jetons. Mais finalement je remonte à 23 000 jetons en fin de journée. Je suis content. Le Day 2, je démarre très motivé. C’est une journée de folie, je finis avec 250 000 jetons. Le Day 3 se poursuit sur la même lancée. J’ai un bon rush, avec de la réussite, des cartes. Avec 1,3 millions de jetons à la fin, je suis dans le Top 2. Le Day 4 est moins bien. Je n’ai pas de rencontres, pas de bonnes cartes. Je retombe à 900 000. Ça repart le Day 5 et je finis la journée chipleader avec 7 millions de jetons, avant la table finale. Ça m’a permis de manœuvrer de mettre la pression. De 6 jusqu’à 3 joueurs, j’ai joué un très bon poker. Avant le heads up avec Jean Montury, on passe un deal qui nous permet d’être à l’aise. Pendant 30 minutes, je suis devant. Jean n’est pas très bien. Et puis vient le tournant. J’ai paire d’as, lui paire de 4, il touche son brelan. Je me bats derrière, ça dure quand même plus de cinq heures, mais ça finit sur une hauteur as…

Y-a t’il eu un moment particulier pendant le tournoi où tu as senti que tu allais faire une perf’ ?
C’est toujours difficile, car on sait qu’en tournoi, tout peut basculer très vite. Mais à la bulle, je gagne un coup à tapis paire de roi contre As/ 3. Là, je sais que je vais faire une belle perf’, que je vais rentrer dans l’argent. Après, au soir du Day 5, je suis chipleader, et avec mon jeu, je me dis que je dois finir dans le Top 3.

Cette table finale justement, comment s’est passée la ‘nuit d’avant’ ?
J’ai été très sérieux bien sûr, je ne suis pas sorti faire la fête. On a du mal à trouver le sommeil, on est agité. J’ai dû quand même dormir six heures en plusieurs fois. A la table finale, malgré la pression du chipleader, la TV, le fait qu’on voit les cartes, j’étais plutôt cool. J’avais confiance en mon jeu. 

Cette performance va-t-elle changer ton image auprès de tes adversaires ?
J’avais une bonne notoriété en France, cette 2e place va me permettre d’être davantage reconnu au niveau international. La table finale, le duel français pour la première fois à ce niveau, ça a un peu marqué les esprits. J’ai fait une belle prestation. On va davantage me respecter, c’est évident.

Et la suite, repos ou poker ?
Je vais prendre des vacances avec ma compagne ! Après une telle perf’ ça peut être une erreur de rejouer tout de suite. Il peut y avoir des excès de confiance, un manque de concentration. Je vais donc me reposer.

Propos recueillis par S.R