
Didier Mengo, 13/12/2010

Le Milan veut se faire la "belle" ...
Cette semaine sur ma page personnelle Facebook http://www.facebook.com/pages/Thier..., une image venant de la Lega Pro italienne qui relance le débat sur la video !
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N'en déplaise aux détracteurs, la Serie A est bien vivante et plus passionnante que jamais. Car si il y a bien une erreur de jugement à ne pas commettre, c'est celle qui consisterait à expliquer que championnat plus équilibré signifie nivellement vers le bas des forces en présence. Et bien non ! Certes l'absence en haut du classement, pour l'instant du moins, d'un Inter royal en Italie et Champion d'Europe en titre (pour ceux qui font semblant de l'oublier) créé la sensation après 4 ans de domination. Mais tout observateur attentif du championnat 2010 – 2011 (celui qui est au stade et regarde les matchs le week-end, pas celui qui réagit à des dépêches d'agence !) vous dira que les équipes qui animent pour l'instant la serie A ont un dominateur commun (qui se dégage depuis quelques semaines): elles proposent un jeu de qualité.
Ibra est toujours le leader incontesté du Milan, mais la victoire à Bologne a confirmé qu'Allegri est en train de s'imposer dans le vestiaire. En voyant le match, il était tout à fait clair que le groupe adhère au message de son entraineur, lui fait confiance et donc s'exprime, collectivement, de mieux en mieux, match après match. C'est propre, limpide, beau à voir et pas seulement parce que c'est efficace. Je ne pense pas que les 6 points d'avance soient suffisants (à ce moment de l'année) pour décourager les adversaires mais ils sont très importants pour le groupe qui, ainsi, prend conscience de son potentiel, passage fondamental pour viser un titre.
Le discours est le même pour les trois poursuivants. Le niveau technique offert est tout à fait remarquable. Le 4-4-2 proposé par Del Neri est en train de prendre des assises solides. La Juventus, avec Marchisio, Aquilani et Krasic, a un milieu d'une rare qualité, parfaitement complémentaire de l'aboyeur de service (Fabio Melo). On sent que les mouvements ont été travaillés, répétés, assimilés lors des séances d'entrainement. Quagliarella qui décroche pour offrir une solution d'appui à Aquilani qui, dans la foulée, lance en profondeur Krasic. Avec des espaces ouverts car dans le même temps Iaquinta a tenu en alerte deux défenseurs axiaux empêchant ainsi à l'adversaire de dédoubler le marquage sur les cotés. Cela paraît simple mais il y a derrière cela des joueurs de qualité qui ont bien bossé à l'entrainement. Et puis parlons aussi de la défense car, outre le fait que la paire Chiellini – Bonucci est en train de prendre ses marques, il y a deux bonnes surprises: Storari qui remplace plus que dignement Buffon et le jeune Sorensen qui donne l'impression d'avoir l'expérience d'un vieux briscard.
La Lazio, elle, n'a pas démérité et a même été assez malchanceuse de perdre le point du match nul dans les arrêts de jeu. D'un point de vue de la qualité de son onze titulaire, la Lazio n'a rien à envier aux autres. Hernanes, Mauri, Ledesma, Zarate, Matuzalem, c'est du très très bon. La seule limite de cette équipe est certainement au niveau de la qualité globale de l'effectif. On l'a remarqué depuis quelques semaines, dès que 2 ou 3 leaders sont moins bien, le niveau de jeu s'en ressent énormément. Et cela se paie cash: 7 points lors des 8 derniers matchs. Mais globalement, la Lazio reste une des très belles surprises de ce début de saison en terme de qualité de jeu.
Naples aurait perdu à Genes face au Genoa, on aurait dit: « adversaire coriace, difficile à manœuvrer devant son public, bref résultat décevant mais pas gravissime ». OK, seulement Naples n'est pas là pour rigoler et pour faire de la figuration. Naples a gagné à Gênes en s'imposant dans le jeu, en imposant son jeu. Avec un Marek Hamsik qui se confirme comme un des milieux de terrain les plus complets de tout le panorama européen. Meneur (et pas seulement de jeu), créatif, rationnel, il n'hésite pas à aller au combat quand il faut durcir le jeu et apporte un plus fondamental pour un milieu créatif: il va au bout de ses actions avec déjà 7 buts au compteur en 15 matchs ! Bref, à l'instar d'un bon Taurasi (pour les amateurs de bon vin napolitain, à consommer avec modération bien sur), ce Napoli cuvée 2010-2011 est le fruit d'une maturation attentive depuis 2 ans, qui s'appuie sur une qualité intrinsèque indéniable, mais qui s'inscrit surtout dans la logique d'un projet sérieux, ambitieux mais raisonnable, le tout soutenu par une classe dirigeante préparée et financièrement solide. Vous l'aurez compris, si Naples n'est pas un favori pour le scudetto, c'est à mes yeux un outsider très sérieux.
Donc, pour conclure, et pour répondre à ceux qui m'accusent d'anti-milan (c'est marrant il y a quelques semaines j'étais anti-Inter !!!). Une chose est, depuis le début de saison, d'assumer une sensation que le Milan ne sera pas champion. C'est une sensation, une analyse, cela n'a rien à voir avec être « anti » quelque chose. Qui ne demande qu'à évoluer. Elle se basait (se base) sur la constatation qu'au delà de l'absence du débat (pour l'instant du moins) de l'Inter et de la Roma (les deux protagonistes de la saison dernière), il y a des forces en présence sérieuses, de nature à troubler les plans du Milan: la Juventus (mon favori, je confirme), Naples et encore (mathématiquement) la Lazio. Mais bien évidemment, mon rôle d'observateur est de vous rapporter avant tout des faits. Au delà d'une sensation (qui est par définition une pensée à un moment donné), il est évident que si le Milan confirme les prestations de ces dernières semaines (la synthèse d'un Ibra au top et d'un collectif en forte progression), alors oui, il n'y aura pas de Juve ou de Naples (et de retour de l'Inter) qui vaillent. Le Milan pourra être champion. En attendant, profitons de ce passionnant championnat !