Didier Mengo - tension Inter (27/09/2010)

Aujourd'hui mon billet sera consacré exclusivement à l'Inter
Aujourd'hui mon billet sera consacré exclusivement à l'Inter. Attention; ce billet n'est pas une critique, c'est juste une liste de faits qui se doivent d’être analysés. Donc amis interisti, lisez bien le tout et donnez-moi votre avis.
La place de leader qu'occupe l'Inter fait peut être passer au second plan une situation qui cependant est très loin d’être brillante. Mercredi soir j'étais à San Siro pour Inter – Bari, samedi soir au stade Olympique pour Roma – Inter. J'ai eu l'occasion de m'entretenir longuement avec des collègues italiens, et en particulier qui suit l'Inter au jour le jour. Mes sensations de début de saison se sont encore plus transformées en impressions. Il y a plusieurs problèmes, et de taille, à l'Inter. Et les tensions à l'intérieur du groupe sont évidentes.
Il y a d'abord l’égoïsme de Samuel Eto'o. La saison dernière, il a tout (ou pratiquement) accepté car Mourinho était le patron absolu. Dès l'été, il a clairement fait comprendre qu'avec l'arrivée de Benitez, il souhaitait redevenir plus impliqué devant le but et être moins dans l'ombre de Milito. Qu'il continue de partir d'une position (théorique) coté gauche est trompeur. Eto'o a décidé de privilégier un rôle d'avant-centre et Benitez n'intervient pas. Pire, il le conforte dans son égoïsme en déclarant: « Eto'o n'est pas un défenseur, mais un attaquant. C'est en attaque qu'il doit faire la différence ». Samedi soir, Chivu (déjà averti) était à l'agonie sur le coté gauche face aux percussions de Menez et Eto'o n'est pas venu couvrir une seule fois. Chivu s'en est d'ailleurs plaint à plusieurs reprises et ses grands gestes en direction du banc de touche n'ont échappé à personne. Maicon après le match de Bari a déclaré « je constate un peu d’égoïsme devant le but ». Et en effet, l'attitude d'Eto'o a choqué tout le monde quand Milito a voulu aller tirer le deuxième penalty et s'est fait refoulé sans égard par le camerounais. Sans parler du premier but de Milito sur passe décisive d'Eto'o. Ce dernier est resté sur la ligne de corner en invitant ses coéquipiers à venir le féliciter au lieu d'aller complimenter Milito qui, finalement, trouvait le chemin du filet pour la première fois de la saison (quand on sait à quel point un Milito qui retrouve la confiance est fondamental pour l'Inter). Et il y a eu aussi un autre épisode hallucinant toujours contre Bari quand un joueur de l'Inter était au sol blessé. Toute l'équipe était aux nouvelles … sauf Eto'o, seul au milieu du terrain, qui entendant un début de chant pour lui venant des tribunes, a commencé à tourner sur lui-même en applaudissant le public, histoire de susciter une standing ovation. Alors bien sur pour le moment, la situation est « sous contrôle » car si l'Inter en est là fin septembre, elle le doit avant tout aux buts d'Eto'o. Mais tous les observateurs sont d'accord pour dire que l'attitude d'Eto'o exaspère déjà bon nombre de ses coéquipiers et c'est une bombe à retardement qui explosera dès qu'il sera moins performant.
L'affaire Eto'o est d'ailleurs symptomatique d'une situation là encore qui apparaît au grand jour. Benitez a un style très différent de Mourinho mais l'ombre du portugais est pesante. Benitez sait parfaitement (et j'en ai longuement parlé avec lui quand je l'ai interviewé pour Telefoot) qu'il doit se démarquer pour se protéger d'une comparaison systématique. Mais cela lui revient en permanence comme un boomerang qu'il n'a pourtant pas lancé. Son autorité est sans aucun doute mis en discussion comme le prouve un épisode qui « est sorti » du vestiaire. Benitez qui invite les joueurs à se fréquenter plus souvent dans le privé et non pas à se cloitrer dans des groupes par nationalité. Réponse d'un cadre argentin: « sur le terrain, c'est toi qui commande; en dehors, on décide nous-mêmes ce que l'on fait ! ». Samedi soir, Pandev et Sneijder ont les bras au ciel car Eto'o, tête basse, tire au but sans les calculer alors qu'ils sont 100 fois mieux placés. Quelques secondes après Eto'o est à « portée de voix » de Benitez qui cependant ne le réprimande pas, sous le regard médusé de plusieurs joueurs de l'Inter.
Ce manque d'autorité a d'ailleurs une conséquence « tactico-psychologique » dont je vous avais déjà parlé après la supercoupe. Mourinho affrontait l'adversaire les yeux dans les yeux en conservant 3 attaquants. Il savait, c'est sur, que ces derniers acceptaient de se sacrifier défensivement (Eto'o et Pandev) mais cela avait quand même un impact sur l'adversaire, du genre « tu ne me fais pas peur, c'est moi le plus fort ». Benitez, au delà d'un style tactique différent, n'ayant pas cette autorité, est obligé de faire des choix différents. J'ai discuté avec des joueurs de la Roma samedi après le match (et avec Christian Damiano); quand à 0-0 Benitez fait sortir Milito pour Muntari (personne ne croit à l'excuse des problèmes musculaires), en face le message est perçu comme: ils ne sont pas sur de leur coup, ils nous craignent. Et cela change tout dans l'approche de la fin de match.
Alors bien sur, ce ne sont que des impressions (même si je le répète, partagées par des collègues). Le temps des conclusions est encore loin, très loin. Et j'en connais plus d'un qui aimerait avoir les « soi-disant » problèmes de l'Inter. Mais j'attends vraiment de voir comment cela va se passer face à la Juve !
Amis interisti, c'est de l'information et de l'analyse, c'est tout sauf une critique partisane.
Didier