Les grandes trahisons du foot

Plutôt que de faire chanter un seul stade, ils préfèrent passer leurs carrières en tournée, laissant les pauvres sédentaires du ballon à leurs amours monogames. Ils changent de maillot comme on change de chemise, gagnent beaucoup de titres et perdent un peu de panache. Tant pis, ils ne sont pas là pour être aimé.
Robin Van Persie, d’Arsenal à Manchester United (2012)
Le petit Robin n’avait qu’un seul rêve, jouer un jour à Highbury et claquer des buts à tous les gardiens de Premier League. En 2004, Arsène Wenger sentant le prodige motivé, décide de le faire venir de Feyenoord. Malgré des débuts compliqués, entrecoupés de blessures et autres méformes physiques, RVP prend le rythme et s’impose comme la dernière grande star d’Arsenal après le départ de Fabregas. 37 fois décisif la saison dernière, il est même en passe de devenir l’une des légendes des Gunners. Celles dont on parle encore dix ans après et qui finissent en statue devant l’Emirates. Sauf que Robin s’en fout de la sculpture et choisit d’aller gagner des titres à MU. Une carrière de winner plutôt que de Shearer.
Carlos Tevez, de Manchester United à Manchester City (2009)
Trois ans avant RVP, Ferguson s’était retrouvé de l’autre côté de la barrière. Un de ses joueurs passait à l’ennemi. Pire, il s’agissait de Carlos Tevez, génial Argentin un peu dingue qui scora près de 35 fois sous la tunique rouge avant d’enfiler l’habit bleu ciel du détesté frangin Citizen. Un changement de crémerie que personne n’avait osé depuis 10 ans et un certain Terry Cooke, jeune pousse d’Old Trafford, aujourd’hui sans club, et qui ne perça jamais au plus haut niveau.
Luis Figo, du FC Barcelone au Real Madrid (2000)
Artiste en crampons et maitre en traitrise. Voulant absolument quitter le Portugal, Luis Figo décide, en 1995, de mettre toutes les chances de son côté en signant deux contrats. L’un avec Parme, l’autre avec la Juventus. On n’est jamais trop prudent. Mais le football italien prend assez mal la combine et décide de bannir le génial milieu. Sa carrière se fera, mais pas dans le Calcio. C’est là que le Barça entre en scène et recrute le Lusitanien qui, sous ses nouvelles couleurs, deviendra une star mondiale. Deux titres de champions, trois coupes nationales et deux coupes d’Europe plus tard, Figo se dit qu’il est temps de changer d’air et file… au Real. Pas du genre à se vexer pour si peu, les supporters catalans le remercieront de ses nombreuses années de service en lui offrant une magnifique tête de porc, balancée sur le terrain lors d’un Clasico en 2002/2003. Gêné par une interruption de match de 13 minutes, Figo ne put jamais récupérer son cadeau. Pas grave, c’est le geste qui compte.
Luis Enrique, du Real Madrid au FC Barelone (1996)
Quand il arrive au Barça en 1996, Luis Enrique n’est pas ce qu’on pourrait appeler un garçon populaire. Pourquoi ? Parce qu’il vient de passer cinq saisons à régaler Bernabeu sous la blanche tunique du Real Madrid. Autant dire qu’être ainsi détesté des deux côtés du Clasico n’est pas donné à tout le monde. Ça tombe bien, le génial milieu n’est pas tout le monde et finit, à force de buts contre son ancien employeur, par se faire adorer des culés. Il passera même huit ans au Barça, y disputant plus de 400 matches pour 73 réalisations. Le tout en chipant le brassard de capitaine. Mes que un traitre.
Ashley Cole, d’Arsenal à Chelsea (2006)
Il y a les joueurs qui passent à l’ennemi presque à regret, expliquant, la voix tremblante à leurs anciens fans qu’ils n’y sont pour rien. Pas Ashley Cole. Lorsqu’il quitte Arsenal pour Chelsea en 2006, l’arrière gauche est colère contre les Gunners et signe son nouveau contrat sans le moindre pincement au cœur. Heureusement, il a depuis trouvé en lui la force de pardonner, comme il l’expliquera quelques années plus tard dans son autobiographie. « Je les excuse. Je ne crois pas avoir été respecté ou considéré comme je pense que je le méritais à Arsenal. Pour moi c’est une question de respect. J’ai tout donné à Arsenal et je l’ai fait avec honnêteté quand j’étais là-bas. Les gens pensent que je suis un porc cupide, mais ce n’est pas du tout ça. Je suis quelqu’un qui veut sincèrement gagner des trucs ». Et des trucs, l’Anglais en gagné pas mal.
Sympas, les fans d'Arsenal lui ont fait un dessin.
William Gallas, de Chelsea à Arsenal (2006) puis d'Arsenal à Tottenham (2010)
Inclus dans le deal de Cole, Gallas fait le chemin inverse, quittant les Blues pour les Gunners. Pas d’accord avec la prolongation de contrat proposée par Chelsea, le défenseur français, aurait même, selon le club, menacé d’inscrire des csc et de se faire expulser s’il n’était pas transféré illico à l’issue de la saison 2005/2006. Le futur-ex joueur de Mourinho souhaitait en effet rejoindre l’Italie et son calcio qu’il aime tant. A la place, il signera à Arsenal, rival londonien de Chelsea. Plus fort encore, après quatre saisons et plus de cent matches chez les Gunners, Gallas s’en va dans le quartier d’à côté, pour enfiler le maillot des Spurs de Tottenham. A ce jour, il est le seul professionnel à avoir joué pour les trois grands clubs de la capitale anglaise. Conclusion, William aime Londres. En revanche, pas sûr qu’à Londres on aime beaucoup William.
Nick Barmby, d’Everton à Liverpool (2000)
Nick Barmby ne restera pas dans l’histoire pour son talent, mais pour avoir été, en 2000, le premier joueur à passer d’Everton à Liverpool depuis plus de 40 ans. Deux saisons après son arrivée à Anfield la mayonnaise ne prend pas et le milieu de terrain part à Leeds, puis tente sa chance à Nottingham Forest, avant de rejoindre Hull City où il passera huit saisons. Barmby est l’un des cinq joueurs à avoir marqué pour au moins six clubs différents en Premier League. On se console comme on peut.
Sol Campbell, de Tottenham à Arsenal (2001)
Le solide défenseur central passa près de dix ans à Tottenham. Neuf saisons exactement, au cours desquelles il déclara que jamais au grand jamais, il ne jouerait pour Arsenal. Mais en 2001, apparemment fatigué de ne pas disputer la Ligue des champions, Campbell quitte White Hart Lane et range ses crampons à Highbury. Un transfert que les fans des Spurs ne lui pardonnèrent pas et qui lui colla à une étiquette de Juda dont il ne put jamais vraiment se défaire. A noter que Campbell connut sa première apparition dans le monde du football professionnel, le 5 décembre 1992 en entrant en jeu à la place de… Nick Barmby. Comme quoi, le destin.
Bernd Schuster du FC Barcelone au Real Madrid (1988), puis du Real à l’Atlético (1990)
Huit saisons au Barça, deux au Real, trois à l’Atlético. Bernd Schuster ne se refusait rien et certainement pas le droit d’exaspérer toute l’Espagne comme bon lui semblait. Etonnamment, le Real ne lui tint pas rigueur de ses indiscrétions, puisqu’il fut nommé coach de la Maison Blanche en 2007. L’Allemand quitta Bernabeu deux ans plus tard avec en poche une Liga et une Super Coupe d’Espagne. La traîtrise efficace.
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