RMC Sport

Philippe Auclair 08/02

Arsenal: plus ca change...

La fidélité à ses convictions est une qualité admirable chez un entraîneur. Encore ne faut-il pas qu’elle devienne une forme d’inflexibilité; et au sortir de la défaite 0-2 d’Arsenal au Bridge, on avait le droit de se demander si Arsène Wenger n’était pas de nouveau tombé dans son péché mignon: faire jouer une équipe qui reflète son credo, sans égard vis-vis de l’adversaire du jour. Une fois de plus, Bendtner et Ramsey étaient sur le banc. Dimanche, c’est vrai qu’on a vu des Gunners qui avaient retrouvé de leur fluidité; le drapeau blanc hissé face à Manchester United avait été rangé au placard. Mais la présence physique et le goût pour le combat de ces deux joueurs ont manqué à Arsenal. Archavine, haut comme deux pommes, en point de fixation contre Terry et Carvalho? Un gâchis, même si le Russe a souvent posé des problèmes aux Blues par sa vivacité. Son instinct est de rechercher la déviation immédiate, d’activer le mouvement (au sens propre), pas de conserver le ballon en attendant un renfort.

Je passerai le cas de Samir Nasri sous silence cette semaine, si ce n’est pour relever que je ne suis pas si sûr qu’un joueur qui, a) ne serait pas français et, b) n’aurait pas coûté aussi cher aurait pu aligner 180 minutes aussi désolantes que l’ancien Marseillais lors de ses deux derniers matchs sans être remplacé. Mais nous pourrions gloser d’Arsenal pendant des heures pour toujours répéter la même chose. Et oublier que Chelsea a donné une leçon de football aux Gunners, y compris sans le ballon. Dans sa conférence de presse, Ancelotti a eu cette phrase: ‘le football, ce n’est pas que la possession, c’est aussi l’attaque et la défense’. Personne ne doutait que l’accent fût porté sur le dernier mot: c’est que la défense des Blues ne laissa rien passer. Avec, à son coeur, un John Terry sublimé par le cauchemar qu’il vit en dehors du terrain.

Terry: bras d'honneur aux medias...

Laissons de côté les croqueuses de diams, les plans douteux, les dettes de jeu. Et ces autres rumeurs qui n’en finissent pas de circuler. Terry est très loin de faire sa meilleure saison. Il est plus lent. Il a des absences. Il prend moins d’initiatives. Dimanche, tous ces verbes étaient à mettre à l’imparfait. Nous nous comprenons – car la perfection, Terry l’a frôlée contre Arsenal, et Petr Cech aussi. Que ça fait plaisir de retrouver ce gardien qui domine sa surface comme aucun autre! Ce Chelsea-là, même s’il a paru très imprécis dans la transmission du ballon, demeure mon favori pour le titre. La démonstration de MU contre Portsmouth ne prouvait qu’une chose: que les Mancuniens savent achever les clubs à l’agonie. C’est bien, ce ne sera pas assez.

Liverpool, par contre...voilà qui devient intéressant. Tout comme l’arbitrage du derby de la Mersey. 2 cartons rouges; en France, on en aurait eu combien? 5, 6? Mais les ‘referees’ anglais montrent davantage de bon sens que leurs homologues de Ligue 1. Tant mieux. Ils parlent aux joueurs. Ils font la différence entre un attentat et un excès d’enthousiasme. Le spectacle en bénéficie; même si, franchement, on peut s’étonner que Pienaar n’ait été sorti qu’à la 90ème minute.

Liverpool, disais-je. Oui, ‘intéressant’. Et sans Torres. Le vestiaire est divisé, Torres toujours ‘out’, Rafa pense à l’Italie. Mais Liverpool garde cette gnac qui n’appartient qu’à eux. Le match de mercredi sera énorme. Mercredi sera énorme: Villa – Man U; Everton-Chelsea; Arsenal-Liverpool...un régal. Et non, le championnat n’est pas ‘plié’, comme j’entends le dire depuis dimanche soir. Il y a encore 39 points à gagner et à perdre. A perdre, surtout.

Manchester City, Vieira...cherche explications, desesperement

Un dernier mot avant le XI du weekend. Manchester City. Mancini. Je vous suggère de revenir à mes billets de décembre. Hughes avait été limogé pile alors que City enchaînait une série de matchs éminemment gagnables, et qui auraient rendu son licenciement impensable en cas de succès. Mais depuis que le calendrier est moins favorable, que voit-on? City a perdu ses 2 derniers déplacements, et s’est fait sortir de la League Cup, où Hughes les avait menés en demi-finale. Au fait: on a vu Patrick Vieira samedi. 30 minutes, pas mauvaises d’ailleurs, mais pas exceptionnelles non plus, dans la lignée de ce qu’il offrait à l’Inter. Affaire de rythme, de condition physique? Je ne suis pas du tout certain que le capitaine en souffrance des Bleus les retrouvent avant le mois de juin, surtout dans ce club construit de guingois qu’est Manchester City.

L’équipe du week-end...

Friedel – Mascherano, Carvalho, Terry, A. Cole – Gerrard, Diaby, G. Boateng, Malouda – Drogba, Rooney

Mascherano arrière droit? Eh oui! C’est à ce poste qu’il a dû jouer les 60 dernières minutes de Liverpool-Everton, suite à l’expulsion de Kyrgiakos (par ailleurs excellent, comme il l’est depuis que Benitez en a fait un de ses titulaires). Diaby – un choix ‘limite’, je sais, mais l’ancien Auxerrois a été pour beaucoup dans la domination territoriale des Gunners, et devrait être un candidat sérieux pour les 23 de Domenech, tout comme Malouda, très efficace dans un registre inhabituel. Impossible de laisser Rooney (21 buts en 24 matchs de championnat) et, surtout, Drogba (12 buts lors de ses 12 derniers matchs contre Arsenal!), hors de cette équipe – mais j’étais très tenté de mettre en pointe le duo de Hull City Altidore-Vennegoor of Hesselink, qui a fait très mal à la charnière Boyata-Touré de Manchester City. Tout autre week-end, Petr Cech aurait été le gardien de ce XI. Mais Brad Friedel a multiplié les interventions de grande classe à White Hart Lane. Villa n’a pas encaissé de but depuis 4 matchs, et l’une des raisons principales en est la classe de son portier américain. A tout de suite au micro!

Philippe